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Archive pour la catégorie ‘Année liturgique’

Commémoration de tous les fidèles défunts

jeudi 2 novembre 2023

« Oui, je sais que mon Rédempteur est vivant. » (Jb 19,25 Vg) Job ne dit pas Créateur, mais Rédempteur : il désigne clairement celui qui, après avoir tout créé, voulant nous racheter de notre captivité est apparu parmi nous dans l’Incarnation et par sa Passion nous a libérés de la mort éternelle. Et il faut remarquer avec quelle foi Job s’engage sur la puissance de la divinité de celui dont Paul a pu dire : « Oui, il a été crucifié en raison de sa faiblesse, mais il est vivant par la puissance de Dieu. » (2Co 13,4) Job dit, en effet : « Oui, je sais que mon Rédempteur est vivant. » C’est dire sans ambages : il a été flagellé, raillé, meurtri de soufflets, couronné d’épines, couvert de crachats, crucifié, il est mort, voilà ce que saura l’incroyant : moi, je crois d’une foi sûre que depuis sa mort il est vivant, lui qui est tombé entre les mains des impies.

Mais, bienheureux Job, quelle confiance te donne la résurrection du Maître en la résurrection de ta propre chair, de grâce, proclame-le ouvertement. Le texte poursuit : « Je sais que je ressusciterai de la terre au dernier jour. » Oui, la résurrection qu’il manifeste en sa personne, en nous aussi il l’accomplira un jour. Oui, la résurrection qu’il manifeste en lui, il nous l’a promise, parce que les membres participent de la gloire de leur Tête.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Solennité de la Toussaint

mercredi 1 novembre 2023

Les saints font cortège au Christ (…), et quand nous louons leurs vertus et chantons leurs mérites, nous exaltons et célébrons Celui qui, étant leur chef, est aussi, à présent, leur couronne (…).

Il existe, entre ces saints, une grande variété ; chacun, selon sa vocation, et « la mesure de la grâce du Christ qui lui a été octroyée » (cf. Ep 4,7), a reproduit un des aspects de la plénitude des perfections de l’Homme-Dieu. Un même esprit, dit S. Paul (cf. 1 Co 12,4), a donné à chacun une grâce spéciale, qui, se greffant sur la nature, fait resplendir chacun des élus d’un éclat particulier. Chez les uns, la force a dominé ; chez les autres, la prudence ; chez d’autres encore, le zèle pour la gloire de Dieu ; celui-ci a particulièrement brillé par la foi, celui-là, par la pureté. Mais qu’ils soient apôtres, martyrs ou pontifes, qu’il s’agisse de vierges ou de confesseurs, un caractère commun se retrouve en eux tous. Quel est ce caractère ? La stabilité dans la recherche et l’amour de Dieu. Quelles que soient les circonstances où ils se sont trouvés, les tentations par lesquelles ils ont été ballottés, les difficultés qu’ils ont rencontrées, les séductions dont ils ont été entourés, les saints sont tous demeurés stables et fidèles. Et c’est là une grande vertu, car l’inconstance est un des périls les plus redoutables qui menacent l’homme.

Les saints ont cherché Dieu infatigablement, quelles que fussent l’aridité du chemin, la sécheresse du ciel, les luttes à soutenir ; aussi, au jour de leur entrée dans le Royaume éternel, Dieu les a-t-il couronnés de gloire et enivrés de joie. (…) Parce que, dans la recherche du Bien unique, ils ne se sont pas laissé détourner, les saints sont parvenus au terme glorieux.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

 

 

 

Saint Luc, compagnon et collaborateur des apôtres

mercredi 18 octobre 2023

Que Luc ait été inséparable de Paul et son collaborateur dans la prédication de l’Évangile, lui-même le montre avec évidence, non pour se glorifier mais poussé par la vérité elle-même. En effet, lorsque Barnabé et Jean, surnommé Marc, se sont séparés de Paul et se sont embarqués pour Chypre, Luc écrit : « Nous sommes venus à Troas » (cf Ac 16,8.11)…; puis il décrit en détail tout leur voyage, leur venue à Philippes, et comment ils y ont annoncé la parole pour la première fois… Il relate dans l’ordre tout son voyage avec Paul dont il raconte les circonstances avec toute la précision possible… Ayant été présent à tous ces événements, Luc les a consignés de façon précise ; on ne peut surprendre chez lui ni mensonge ni orgueil, car tous ces faits étaient connus…

Que Luc ait été non seulement le compagnon, mais encore le collaborateur des apôtres, de Paul surtout, Paul le dit clairement lui-même dans ses lettres : « Demas m’a abandonné et s’en est allé à Thessalonique, Crescens en Galatie, Tite en Dalmatie, Luc seul est avec moi » (2 Tm 4,11). Cela prouve bien que Luc a toujours été uni à Paul, de façon inséparable. De même dans la lettre aux Colossiens, on lit : « Luc, le médecin bien-aimé, vous salue » (Col 4,14)…

D’autre part, nous connaissons beaucoup d’événements de l’Évangile — et des plus importants — par Luc seul… Qui sait, d’ailleurs, si Dieu n’a pas fait en sorte que beaucoup de traits de l’Évangile aient été révélés par Luc seul…, pour que tous se laissent guider par le témoignage qu’il apporte ensuite [dans son deuxième livre] sur les actes et la doctrine des apôtres, et qu’en gardant ainsi inaltérée la règle de la vérité, tous puissent être sauvés. Ainsi le témoignage de Luc est vrai ; l’enseignement des apôtres est clair, solide et ne cache rien… Telles sont les voix de l’Église, d’où toute l’Église tire son origine.

Saint Irénée de Lyon (v. 130-v. 208)

 

 

 

lundi 2 octobre 2023

Fête des Sts Anges Gardiens

lundi 2 octobre 2023

C’est aujourd’hui votre fête, ô mon bon ange… De tout mon cœur je vous dis aux pieds de Jésus : bonne fête ! (…) Merci de tous vos bienfaits ! Pardon de toutes mes ingratitudes et de me tenir avec si peu de respect en votre présence, pardon de vous contrister si souvent ! Gardez-moi, secourez-moi de plus en plus ! (…) Je vous honore et vous aime, cela est ma volonté, autant que Dieu le permet et le veut…

On demande aux saints des grâces pour leur fête au lieu de leur faire des offrandes, inspirez-moi ce qu’il vous fera le plus de plaisir que je vous demande, mon bon ange, et je vous le demanderai : « Un grand respect de ma présence et de la présence de Dieu… penser, parler, agir comme étant sans cesse sous les yeux de Jésus Notre Seigneur et sous les miens et respecter notre présence comme celle d’êtres très aimés et très vénérés. (…) Voilà ce que je te demande pour l’honneur de Jésus, le mien, et pour ton bien, mon enfant ». Mon bon ange, mon cher ange, il me semble que vous me répondez cela… Je vous le promets… Je vous demande cette grâce et je vous promets de m’efforcer d’y être fidèle (…).

Si de moi-même, et j’espère que cela ne vient pas de moi mais de Jésus, j’osais vous offrir, par sa force, par son assistance et à l’aide de sa grâce, quelque chose pour votre fête, je vous offrirais le désir de vous aimer de plus en plus, de croître sans cesse en amour, confiance, dévotion pour vous et d’avoir de plus en plus présent à la pensée le sentiment de votre bénie présence. Soyez bénis, mon cher ange gardien, bonne fête ! Soyez bénis ô anges gardiens de tous les hommes.

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

 

 

 

 

 

 

 

Fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges

vendredi 29 septembre 2023

Est-ce donc que, sous prétexte que je suis incapable de boire tout le fleuve, je me priverai d’en prendre modestement ce qu’il m’en faut ? Est-ce que, sous prétexte que la constitution de mes yeux m’interdit d’embrasser le soleil tout entier, je ne vais pas non plus le regarder autant que mes propres nécessités m’y obligent ou, encore, sous prétexte qu’entré dans un grand verger je ne puis manger tous les fruits qui s’y trouvent, veux-tu que j’en sorte finalement avec la faim ? Je loue et glorifie celui qui nous a faits, car un ordre divin l’a prescrit : « Que tout être animé loue le Seigneur » (Ps 144,10.21) (…)

Alors quoi, dira-t-on, n’est-il pas écrit : « Les anges des petits voient sans cesse le visage de mon Père des cieux » (Mt 18,10) ? Les anges voient Dieu, non pas comme il est, mais – eux aussi – selon qu’ils le comprennent. Car c’est Jésus lui-même qui dit : « Non que personne ait vu le Père, hormis celui qui vient de Dieu : Celui-là a vu le Père » (Jn 6,46). Les anges donc voient selon leur capacité, les archanges comme ils peuvent ; les Trônes et des Dominations mieux que ces premières catégories, mais ils restent en deçà d’une connaissance digne de son objet. Seul peut voir comme il faut, en même temps que le Fils, l’Esprit Saint. Car celui-ci « scrute toutes choses et connaît les profondeurs de Dieu » (1Co 2,10). Dès là que, tout à la fois, le Fils unique et l’Esprit Saint connaissent le Père adéquatement, – car « nul ne connaît non plus le Père, dit Jésus, sinon le Fils et celui à qui le Fils l’a révélé » (Mt 11,27) –, le Fils voit Dieu comme il le faut et il le révèle avec l’Esprit et par l’Esprit Saint à chacun selon sa capacité. (…)

Donc, puisque les anges l’ignorent – nous l’avons dit en effet, l’unique engendré, à chacun selon ses possibilités, révèle avec l’Esprit, par l’Esprit Saint –, que nul homme ne rougisse d’avouer son ignorance.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

Notre Dame des Douleurs

vendredi 15 septembre 2023

Il y a deux espèces de martyre : l’un manifeste, l’autre secret ; l’un visible, l’autre caché ; l’un dans la chair, l’autre dans le cœur. (…) Le martyre du cœur dépasse les tourments de la chair.

Aussi la glorieuse Vierge a-t-elle triomphé dans ce genre de souffrance, d’autant plus glorieuse qu’elle était plus proche quand, attachée à la croix adorable de la passion du Seigneur, elle puisa au calice, elle but la passion et, abreuvée au torrent de douleurs, elle put endurer une douleur à jamais sans pareille. Elle court à la suite de Jésus non seulement à l’odeur de ses parfums, mais dans l’abondance de ses douleurs ; non seulement dans la joie des consolations, mais aussi dans le débordement des souffrances. Mère, elle voyait son Fils, le véritable Salomon, avec le diadème dont elle l’avait couronné et, elle-même couronnée d’une couronne d’affliction, elle allait à sa suite.

Elle se tenait debout auprès de la croix (Jn 19,25) pour considérer (…) la tête très douce de son Fils, ointe d’huile de préférence à ses compagnons, frappée avec un roseau et couronnée d’épines. Elle voyait le plus beau des enfants des hommes qui n’avait plus ni éclat ni beauté. Elle voyait méprisé et ravalé au dernier rang celui qui est exalté au-dessus de tous les peuples. Elle voyait le Saint des saints crucifié avec les scélérats et les impies. Elle voyait les yeux de cet homme sublime s’abaisser, et la tête de celui qui soutient l’univers se pencher, inclinée sur ses épaules, la très sereine face de Dieu se flétrir, et s’évanouir la beauté de son visage.

Saint Amédée de Lausanne (1108-1159)

 

 

 

Fête de la Croix Glorieuse

jeudi 14 septembre 2023

Celui-ci a été crucifié pour nos fautes – réellement –. Que si tu veux le nier, ce lieu illustre te confond, ce bienheureux Golgotha où justement nous voici rassemblés en raison de celui qui y fut crucifié. Ajoute que du bois de la croix divisé en fragments, toute la terre est désormais remplie. Or il a été crucifié non pas pour des fautes personnelles, mais afin que nous soyons délivrés, nous, de nos fautes à nous. Et il a été alors méprisé par les hommes, et, en tant qu’homme, souffleté ; mais il a été, en tant que Dieu, reconnu par la création : car le soleil, à la vue de son Maître outragé, s’éclipsa en tremblant, incapable de supporter ce spectacle. (…)

Ne rougissons pas de la croix du Christ ; même si un autre la cache, toi marque-la apparemment sur ton front afin que les démons à la vue de ce signe royal s’enfuient au loin, terrifiés. Trace ce signe au moment de manger et de boire, de t’asseoir, de te lever, de parler, de marcher, bref en toute action. Car celui qui a été crucifié ici, est en haut dans les cieux.

Si en effet, après sa crucifixion et son ensevelissement, il est resté dans la tombe, nous aurions à rougir ; bien au contraire, crucifié sur notre Golgotha, il s’est, de la montagne du Levant, du mont des Oliviers, élevé dans le ciel. En effet, descendu de notre terre aux enfers et remonté ensuite vers nous, il est monté encore de chez nous dans le ciel, tandis que le Père l’acclamait en disant : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis un escabeau sous tes pieds » (Ps 109,1).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

 

Fête de la Nativité de la Vierge Marie

vendredi 8 septembre 2023

« Le nom de la vierge était Marie » (Lc 1,27). Ce nom signifie, dit-on, « étoile de la mer », et il convient admirablement à la Vierge mère. Rien n’est plus juste que de la comparer à une étoile qui donne ses rayons sans être altérée, comme elle enfante son fils sans dommage à son corps vierge. Elle est bien cette noble « étoile issue de Jacob » (Nb 24,17), dont la splendeur illumine le monde entier, qui brille dans les cieux et pénètre jusqu’aux enfers. (…) Elle est vraiment cette étoile belle et admirable qui devait se lever au-dessus de la mer immense, étincelante de mérites, éclairant par son exemple.

Vous tous, qui que vous soyez, qui vous sentez aujourd’hui en pleine mer, secoués par l’orage et la tempête, loin de la terre ferme, gardez vos yeux sur la lumière de cette étoile, pour éviter le naufrage. Si les vents de la tentation se lèvent, si tu vois approcher l’écueil de l’épreuve, regarde l’étoile, invoque Marie ! Si tu es ballotté par les vagues de l’orgueil, de l’ambition, de la médisance ou de la jalousie, lève les yeux vers l’étoile, invoque Marie. (…) Si tu es troublé par la grandeur de tes péchés, humilié par la honte de ta conscience, épouvanté par la crainte du jugement, si tu es sur le point de sombrer dans le gouffre de la tristesse et du désespoir, pense à Marie. Dans le péril, l’angoisse, le doute, pense à Marie, invoque Marie !

Que son nom ne quitte jamais tes lèvres ni ton cœur. (…) En la suivant, tu ne t’égareras pas ; en la priant, tu désespéreras pas ; en pensant à elle, tu éviteras toute fausse route. Si elle te tient par la main, tu ne sombreras pas ; si elle te protège, tu ne craindras rien ; sous sa conduite, tu ignoreras la fatigue ; sous sa protection, tu arriveras jusqu’au but. Et tu comprendras par ta propre expérience combien sont justes ces paroles : « Le nom de la vierge était Marie ».

Saint Bernard (1091-1153)

 

 

 

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

mardi 29 août 2023

Parmi les titres de gloire du saint et bienheureux Jean Baptiste, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, je ne sais auquel donner la préférence : à sa naissance miraculeuse ou à sa mort plus miraculeuse encore. Sa naissance a apporté une prophétie (Lc 1,67s), sa mort la vérité ; sa naissance a annoncé l’arrivée du Sauveur, sa mort a condamné l’inceste d’Hérode. Cet homme saint (…) a mérité aux yeux de Dieu de ne pas disparaître de la même façon que les autres hommes de ce monde : il a quitté ce corps reçu du Seigneur en le confessant. Jean a accompli en tout la volonté de Dieu, puisque sa vie comme sa mort correspondent à ses desseins. (…)

Il est encore au creux du ventre de sa mère quand déjà il célèbre l’arrivée du Seigneur, par ses mouvements de joie, puisqu’il ne pouvait pas le faire par la voix. Élisabeth dit à la sainte Marie : « Dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein » (Lc 1,44). Jean exulte donc avant de naître, et avant que ses yeux ne reconnaissent à quoi ressemble le monde, son esprit reconnaît déjà celui qui en est le maître. Je pense que c’est là le sens de la phrase du prophète : « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu ; avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré » (Jr 1,5). Ne nous étonnons donc pas si, enfermé dans la prison où l’avait fait mettre Hérode, il a continué à prêcher le Christ par l’intermédiaire de ses disciples (Mt 11,2), puisque, enfermé qu’il était dans le sein de sa mère, il annonçait déjà de ses tressaillements la venue du Seigneur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)