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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

« Heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent. »

jeudi 24 juillet 2025

Un arbre abattu, coupé même sur le pied, repousse et refleurit ; et un homme abattu ne revivra pas ? Les semences moissonnées reposent, dorment dans les greniers et revivent au printemps ; et l’homme moissonné, jeté dans les greniers de la mort, ne revivra pas ? Un bourgeon de vigne, une branche coupée et transplantée, se ravivent et portent des fruits ; et l’homme pour qui tout a été créé, une fois tombé ne pourra pas se relever ?…

Contemplez donc ce qui se passe autour de vous. Méditez sur le tableau de ce vaste univers. Je sème du blé ou toute autre graine; il tombe et meurt, il pourrit et ne peut plus servir à la nourriture de l’homme. Mais de sa pourriture il renaît, il s’élève, il se multiplie. Or pour qui a-t-il été créé ? N’est-ce pas pour notre usage ? Ce n’est pas pour elles-mêmes que toutes ces semences sont sorties du néant. Donc ce qui a été créé pour nous meurt et renaît, et nous, pour qui ce prodige s’opère tous les jours, notre mort serait sans réveil ?

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

« Qu’ils soient témoins de ma gloire ! »

mercredi 23 juillet 2025

Dieu ne se contente pas d’être l’objet d’une connaissance et d’un amour naturels de la part des hommes ; mais il nous appelle à partager sa vie même et sa propre béatitude. Par un mouvement d’amour infini à notre égard, Dieu veut être pour nos âmes non seulement le maître souverain de toutes choses, mais un ami, un père. Il veut que nous le connaissions comme il se connaît lui-même, source de toute vérité et de toute beauté, ici-bas dans l’obscurité de la foi, là-haut dans la lumière de la gloire ; – il veut que nous le possédions lui-même, Bien infini et source de toute béatitude, ici-bas et là-haut par l’amour.

À cet effet, vous le savez, il élève notre nature au-dessus d’elle-même, en l’ornant de la grâce sanctifiante, des vertus infuses et des dons de l’Esprit. Dieu veut être lui-même, par la communication de sa vie infinie et éternelle, notre parfaite béatitude. Il ne veut pas que nous trouvions notre bonheur en-dehors de lui-même, plénitude de tous biens ; il ne laisse à aucune créature le pouvoir de rassasier notre cœur : « c’est moi, moi-même, qui serai ta récompense infiniment grande » (Gn 15,1 Vg). Et Notre-Seigneur a confirmé cette promesse au moment où il allait en solder le prix par son sacrifice sanglant : « Là où je suis, je veux, ô Père, que les miens soient aussi, afin qu’ils soient témoins de ma gloire, qu’ils partagent notre joie et que votre amour les remplisse » (Jn 17,24.26). Tel est le but unique et suprême auquel nous devons tendre.

Bienheureux Columba Marmion (1858-1923)

« Mon Dieu, apprenez-moi à trouver ma joie à Vous louer ! »

dimanche 20 juillet 2025

Combien la louange fait partie essentielle de l’amour ; combien, par conséquent, elle fait indispensablement partie de nos devoirs envers Dieu : c’est facile à voir… Mais il est une deuxième cause pour laquelle nous devons à Dieu la louange : c’est que, nous permettre de la Lui adresser, c’est de Sa part une incomparable faveur.

Permettre à quelqu’un de nous dire, de nous répéter sous toutes les formes qu’il nous aime, n’est-ce pas la plus grande faveur que nous puissions lui faire ? n’est-ce pas lui dire que son amour nous plaît, nous est agréable, n’est-ce pas lui dire presque que nous l’aimons aussi ?… Dieu nous permet de nous tenir à Ses pieds, murmurant sans fin des paroles d’admiration et d’amour : quelle grâce ! quelle bonté, quel bonheur !… Mais quelle ingratitude si nous méprisions une telle faveur ! Ce serait la mépriser que de n’en pas profiter, et non seulement Dieu nous permet ce bonheur des bonheurs, mais Il nous l’ordonne : Il nous ordonne de Lui dire que nous l’admirons et que nous L’aimons, et nous ne répondons pas à une invitation si précieuse et si douce ? quelle ingratitude ! quelle indignité ! quelle grossièreté ! quelle monstruosité !

Mon Seigneur et mon Dieu, apprenez-moi à trouver toute ma joie à Vous louer, c’est-à-dire à Vous répéter sans fin que Vous êtes infiniment parfait et que je Vous aime infiniment : « Delectare in Domino et dabit tibi petitiones tuas » (Ps 36,4) avez-Vous dit. Apprenez-moi à me délecter en Vous, dans la vue de Vos infinies beautés et le murmure amoureux et incessant, à Vos pieds, de Vos louanges !… Sainte Magdeleine, obtenez-moi la grâce de louer Notre-Seigneur, notre Maître commun, comme Il veut que je le fasse !

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

« Voici mon serviteur. »

samedi 19 juillet 2025

Le mystère de notre salut est si vaste, si profond, si admirable que les anges eux-mêmes aspirent fortement à le comprendre (1P 1,12)… Comme le Christ était Dieu en sa nature, Verbe véritable de Dieu le Père (Jn 1,1), de même nature que le Père et coéternel avec lui, et qu’il brillait au plus haut de sa gloire « dans la condition et la similitude de Dieu », « il n’a pas retenu jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais s’est anéanti lui-même, prenant condition de serviteur » et naissant de la sainte Marie. « Et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix » (Ph 2,6-8).

Il s’abaisse lui-même vers notre humilité, lui qui donné à tous les hommes sa propre plénitude. Il s’abaisse pour nous, non par contrainte, mais de son plein gré. Pour nous, il prend la condition d’esclave, lui qui était la liberté en personne. Il devient l’un d’entre nous, lui qui s’élevait au-dessus de toute la création. Il se soumet à la mort, lui qui donne la vie au monde… Il devient comme nous sujet de la Loi (Ga 4,4), lui qui, en tant que Dieu, transcende la Loi. Il devient un homme parmi d’autres, soumis à la naissance. Il prend commencement, lui qui précède tout les siècles et tous les âges : bien plus, lui qui est le créateur et l’origine du temps… Lui qui a pris chair de Marie…est de même nature que nous, est fait de notre propre substance, se chargeant de la descendance d’Abraham. Mais, en même temps, il est, sur le plan divin, de même nature que Dieu son Père.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

« Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »

vendredi 18 juillet 2025

Seigneur Dieu, toi qui nous as comblés de tout, donne-nous la paix (Is 26,12), la paix du repos, la paix du sabbat, le sabbat qui n’a pas de soir. Car cet ordre si beau des choses que tu as créées et qui sont « très bonnes » (Gn 1,31) passera lorsqu’il aura atteint le terme de sa destinée. Oui, elles ont eu leur matin, elles auront leur soir. Mais le septième jour n’a pas de soir, pas de couchant, puisque tu l’as sanctifié pour qu’il dure toujours. Au terme de tes œuvres « très bonnes », que tu as faites pourtant dans le repos, tu t’es reposé le septième jour ; c’est pour nous dire par ton livre qu’au terme de nos œuvres, qui sont très bonnes parce que c’est toi qui nous les as données (Is 26,12), nous aussi nous nous reposerons en toi au sabbat de la vie éternelle. Alors tu te reposeras en nous tout comme aujourd’hui tu agis en nous ; ainsi ce repos que nous goûterons sera le tien, tout comme les œuvres que nous faisons sont tiennes.

Toi, Seigneur, tu es à l’œuvre toujours et tu es toujours en repos… Pour nous, vient un moment où nous sommes poussés à agir pour le bien, après que notre cœur l’a conçu de ton Esprit, tandis qu’avant nous étions poussés à faire le mal quand nous t’abandonnions. Toi, Dieu uniquement bon, jamais tu n’as cessé de faire le bien. Quelques-unes de nos œuvres sont bonnes, par ta grâce il est vrai, mais elles ne sont pas éternelles ; après elles, nous espérons nous reposer dans ton ineffable sanctification. Mais toi, Bien qui n’as besoin d’aucun autre bien, tu es toujours en repos, parce que ton repos, c’est toi-même.

Qui parmi les hommes pourra donner l’intelligence de tout cela à l’homme ? Quel ange la donnera aux anges ? Quel ange à l’homme ? C’est à toi qu’il faut la demander, en toi qu’il faut la rechercher, à ta porte qu’il faut frapper. Et ainsi, oui, ainsi on recevra, ainsi on trouvera, ainsi la porte s’ouvrira (Mt 7,8).

Saint Augustin (354-430)

Qu’il vienne à Moi !

jeudi 17 juillet 2025

[Sainte Catherine a entendu Dieu lui dire :] Tous vous avez été appelés, en général et en particulier par ma Vérité, mon Fils, lorsque, dans l’angoisse du désir, il criait dans le temple : « Qui a soif vienne à moi et boive ; Je suis la Source d’eau vive » (cf. Jn 7,37). Il ne dit pas : « Qu’il aille au Père et qu’il boive, il dit : « Qu’il vienne à Moi ».

C’est que la souffrance ne peut m’atteindre, moi le Père, mais bien mon Fils. Et vous aussi, pendant que vous êtes pèlerins et voyageurs en cette vie mortelle, vous ne pouvez avancer sans trouver la peine, parce que le péché fait produire à la terre des épines, ainsi que je t’ai dit. Voilà pourquoi il a dit : « Qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Car en suivant sa doctrine, soit par l’observation des commandements jointe à l’amour des conseils, soit par la pratique réelle et simultanées des préceptes et des conseils, c’est-à-dire par la charité parfaite ou par la charité commune, quelque chemin que vous preniez, vous pouvez aller à lui, il vous donnera à boire et vous goûterez le fruit du Sang par l’union de la nature divine à la nature humaine.

En vous trouvant en lui, vous vous trouverez en moi, l’Océan de paix, puisque je suis une même chose avec lui, comme il est une même chose avec moi. Ainsi vous êtes invités à la source d’eau vive de la grâce.

Sainte Catherine de Sienne (1347-1380)

« Personne ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »

mercredi 16 juillet 2025

Le Père est celui de qui vient tout ce qui existe. Lui-même, dans le Christ et par le Christ, est l’origine de tout. En plus, il est en lui-même son être, et il ne reçoit pas d’ailleurs ce qu’il est… Il est infini parce qu’il n’est pas en quelque endroit, mais que tout est en lui… Il est toujours avant le temps, le temps vient de lui. Si ta pensée lui court après et si tu crois atteindre les limites de son être, tu le trouveras toujours, car lorsque tu progresses sans cesse vers lui, le but où tu te diriges est toujours plus loin… Telle est la vérité du mystère de Dieu, telle est l’expression de la nature incompréhensible du Père… Pour l’exprimer, la parole ne peut que se taire ; pour le sonder, la pensée reste inerte ; et pour le saisir, l’intelligence se sent à l’étroit.

Et pourtant, ce nom de Père indique sa nature : il n’est que Père. Car il ne reçoit pas d’ailleurs, à la manière des hommes, le fait d’être Père. Il est l’Éternel Inengendré… Il est connu seulement du Fils, puisque « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler », et « personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père. » Tous deux se connaissent l’un l’autre et cette connaissance mutuelle est parfaite. Donc, puisque « personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils », n’ayons du Père que la pensée conforme à ce que nous en a révélé le Fils, qui seul est « le témoin fidèle » (Ap 1,5).

Mieux vaut penser à ce qui concerne le Père que d’en parler. Car toute parole est impuissante à traduire ses perfections… Nous ne saurions que reconnaître sa gloire, en avoir une certaine idée et essayer de la préciser par notre imagination. Mais le langage de l’homme ressent son impuissance et les mots n’expliquent pas la réalité telle qu’elle est… Ainsi, on a beau reconnaître Dieu, il faut renoncer à le nommer : quels que soient les mots employés, ils ne pourraient pas exprimer Dieu tel qu’il est, ni traduire sa grandeur… Il nous faut croire en lui, essayer de le comprendre et l’adorer ; ce faisant, nous parlerons de lui.

Saint Hilaire (v. 315-367)

« Qui veut garder sa vie pour soi la perdra ; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera. »

lundi 14 juillet 2025

Réfléchissons sur cette parole de notre Seigneur : qu’il veut « attirer toutes choses à lui » (Jn 12,32 Vulg). Celui qui veut attirer toutes choses les rassemble d’abord et les attire ensuite. Ainsi fait notre Seigneur : il rappelle d’abord l’homme de ses divagations au dehors et de ses dispersions, lui faisant rassembler ses sens, ses facultés, paroles, œuvres, et à l’intérieur ses pensées, son intention, son imagination, ses désirs, ses inclinations, son intelligence, sa volonté et son amour. Quand tout est ainsi bien rassemblé, Dieu attire l’homme à lui, car il faut d’abord te séparer de tout le bien extérieur ou intérieur auquel tu t’es attachée en y mettant pleine satisfaction. Ce détachement est une croix pénible, d’autant plus pénible que l’attachement était plus ferme et plus fort…

Pourquoi Dieu a-t-il permis que rarement un jour et une nuit ressemblent au jour et à la nuit qui précèdent ? Pourquoi ce qui t’aidait à la dévotion aujourd’hui ne te sera-t-il d’aucun secours demain ? Pourquoi as-tu une foule d’images et de pensées qui n’aboutissent à rien ? Chère enfant, accepte de Dieu cette croix et supporte-la : elle te deviendrait une croix bien aimable, si tu pouvais remettre ces épreuves à Dieu, les accepter de lui, avec un abandon véritable, et en remercier Dieu : « Mon âme exalte Dieu en toutes choses » (cf Lc 1,46). Que Dieu prenne ou donne, le Fils de l’homme doit être élevé sur la croix… Chère enfant, laisse tout cela, applique-toi plutôt à un véritable abandon…, et pense plutôt à accepter de porter la croix de la tentation qu’à rechercher la fleur de la douceur spirituelle… Notre Seigneur a dit : « Que celui qui veut venir après moi prenne sa croix et me suive » (Lc 9,23).

Jean Tauler (v. 1300-1361)

Veillons sur notre prochain !

dimanche 13 juillet 2025

Veillons à la santé de notre prochain avec autant de soin qu’à la nôtre, qu’il soit bien-portant ou épuisé par la maladie. Car « nous sommes tous un dans le Seigneur » (Rm 12,5) : riches ou pauvres, esclaves ou hommes libres, bien-portants ou malades. Pour tous, il n’y a qu’une seule tête, principe de tout : le Christ.

Ce que sont les membres du corps les uns pour les autres, chacun de nous l’est pour chacun de ses frères, et tous le sont pour tous. Il ne faut donc ni négliger ni abandonner ceux qui sont tombés avant nous dans un état de faiblesse qui nous guette tous. Plutôt que de nous réjouir d’être en bonne santé, mieux vaut compatir aux malheurs de nos frères. Ils sont à l’image de Dieu comme nous et, malgré leur apparente déchéance, ils ont gardé mieux que nous la fidélité de cette image. En eux, l’homme intérieur a revêtu le même Christ et ils ont reçu les mêmes « arrhes de l’Esprit » (2 Co 5,5). Ils ont les mêmes lois, les mêmes commandements, les mêmes alliances, les mêmes assemblées, les mêmes mystères, la même espérance. Le Christ est mort pour eux également, « lui qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). Ils ont part à l’héritage de la vie céleste, eux qui furent privés de beaucoup de biens ici-bas. Ils sont les compagnons des souffrances du Christ, ils le seront de sa gloire.

La nature humaine nous fait une loi d’avoir pitié les uns des autres. En nous enseignant la solidarité dans la faiblesse, elle nous inculque le respect et l’amour des hommes.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

« Il en institua douze. »

mercredi 9 juillet 2025

Le Seigneur avait commencé en convoquant les Douze, à travers lesquels était représenté le futur Peuple de Dieu. Dans la fidélité au mandat reçu par le Seigneur, les Douze, après son Ascension, associent progressivement d’autres personnes aux fonctions qui leur sont confiées, afin qu’elles poursuivent leur ministère. (…) Telle est la voie par laquelle continuera ce ministère qui, ensuite, en commençant par la seconde génération, s’appellera ministère épiscopal, le ministère des évêques. (…) Ainsi la succession de la fonction épiscopale se présente comme la continuité du ministère apostolique, garantie de la persévérance dans la Tradition apostolique.

Le lien entre le collège des évêques et la communauté originelle des apôtres est tout d’abord compris dans l’optique de la continuité historique. Comme nous l’avons vu, aux Douze est tout d’abord associés Matthieu, puis Paul, puis Barnabé, puis d’autres, jusqu’à la formation du ministère de l’Évêque. (…) Et dans la continuité de la succession se trouve la garantie de la persévérance dans la communauté ecclésiale, du collège apostolique rassemblé autour de lui par le Christ.

Mais cette continuité est entendue également au sens spirituel, car la succession apostolique dans le ministère est considérée comme le lieu privilégié de l’action et de la transmission de l’Esprit Saint. Un clair écho de ces convictions se trouve, par exemple, dans le texte suivant d’Irénée de Lyon : « La tradition des Apôtres, manifeste dans le monde entier, se montre dans chaque Église à tous ceux qui veulent voir la vérité et nous pouvons énumérer les Évêques établis par les Apôtres dans les Églises et leurs successeurs jusqu’à nous. (Les Apôtres) voulurent, en effet, que soient absolument parfaits et irrépréhensibles en toute chose ceux qu’ils laissaient comme leurs successeurs, en leur transmettant leur mission d’enseignement. »

Benoît XVI