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Archive pour la catégorie ‘Ecritures’

«— Rabbi, quand es-tu arrivé ici ?… — L’œuvre de Dieu c’est que vous croyiez. »

lundi 5 mai 2025

Le Christ a refusé de rendre témoignage à lui-même, de dire qui il était et d’où il venait ; il a été parmi ses contemporains « comme celui qui sert » (Lc 22,27). Apparemment, ce n’était qu’après sa résurrection, et surtout après son ascension, quand l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux. Quand tout était fini ils l’ont su, mais non sur le moment. Or nous voyons ici, je crois, la manifestation d’un principe général qui se présente à nous souvent, à la fois dans l’Écriture et dans le monde : c’est que nous ne discernons pas la présence de Dieu au moment où elle est avec nous, mais seulement après, quand nous reportons nos regards vers ce qui s’est passé et qui n’est plus…

Des événements nous arrivent, agréables ou pénibles ; nous n’en connaissons pas sur le moment la signification ; nous ne voyons pas en eux la main de Dieu. Si nous avons bien la foi, nous confessons ce que nous ne voyons pas, et nous prenons tout ce qui nous arrive comme venant de lui. Mais, que nous l’acceptions ou non dans un esprit de foi, il n’y a certainement pas d’autre moyen de l’accepter. Nous ne voyons rien. Nous ne voyons pas pourquoi telle chose arrive, ou à quoi elle tend. Un jour, Jacob s’est écrié : « Tout est contre moi ! » (Gn 42,36) ; certainement il semblait bien que ce soit ainsi… Et pourtant tous ses malheurs devaient tourner à bien. Considérez son fils Joseph, vendu par ses frères, emmené en Égypte, emprisonné, les fers entrant même dans son âme, et qui attendait que le Seigneur jette sur lui un regard de bienveillance. Plusieurs fois le texte sacré dit : « Le Seigneur était avec Joseph »… Après coup, il a compris ce qui sur le moment était si mystérieux, et il dit à ses frères : « Dieu m’a envoyé en avant de vous pour sauver vos vies. Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, c’est Dieu » (Gn 45,7).

Merveilleuse providence, si silencieuse et pourtant si efficace, si constante et infaillible ! C’est ce qui déjoue le pouvoir de Satan ; il ne peut pas discerner la main de Dieu à l’œuvre dans le cours des événements.

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

« Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage. »

dimanche 4 mai 2025

Que symbolise la mer, sinon le monde présent, battu par les vagues tumultueuses des affaires et les remous d’une vie caduque ? Et que représente le rivage ferme, sinon la pérennité du repos éternel ? Les disciples peinent donc sur le lac puisqu’ils sont encore pris dans les flots de la vie mortelle, mais notre Rédempteur, après sa résurrection, se tient sur le rivage puisqu’il a déjà dépassé la condition d’une chair fragile. C’est comme s’il avait voulu se servir de ces choses pour parler à ses disciples du mystère de sa résurrection, en leur disant : « Je ne vous apparais plus sur la mer (Mt 14,25), car je ne suis plus parmi vous dans l’agitation des vagues ».

C’est dans le même sens qu’en un autre endroit, il a dit à ces mêmes disciples après sa résurrection : « Je vous ai dit ces choses quand j’étais encore avec vous » (Lc 24,44). Il n’a dit pas cela parce qu’il n’était plus avec eux — son corps était présent et leur apparaissait — mais… sa chair immortelle distançait de loin leurs corps mortels : il disait ne plus être avec eux tout en étant au milieu d’eux. Dans le passage que nous lisons aujourd’hui, par l’emplacement de son corps il leur signifie la même chose : alors que ses disciples naviguent encore, il se montre désormais établi sur le rivage.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

« Celui qui vient du ciel rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu. »

jeudi 1 mai 2025

Supposons qu’en quelqu’un se taisent les agitations de la chair, que se taisent toutes les illusions de la terre, des eaux, de l’air, et même les cieux. Supposons que l’âme elle-même fasse silence et se dépasse en ne pensant plus à soi : silence des songes et silence des rêveries de l’imagination. Supposons qu’en quelqu’un toute langue, tout signe passager, fasse silence, que tout se taise — car pour qui peut l’entendre, toutes choses disent : « Nous ne nous sommes pas faites nous-mêmes ; notre Créateur c’est celui qui demeure éternellement » (cf Ps 99,3.5). Supposons donc que, cela dit, toute chose fasse silence, dressant l’oreille vers son Créateur, et que lui seul parle, non par ses œuvres mais par lui-même, nous faisant entendre sa Parole sans une langue de chair ou la voix d’un ange ou le fracas d’une nuée (Ex 19,16) ou le clair-obscur d’une parabole. Si lui-même, que nous aimons dans ces choses, se faisait entendre sans elles (…) et si notre pensée atteignait la Sagesse éternelle qui demeure au-dessus de tout (…), ne serait-ce pas alors l’accomplissement de cette parole : « Entre dans la joie de ton Maître » ? (Mt 25,21)

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Renaître de l’Esprit par les entrailles de l’Église

lundi 28 avril 2025

Il y a une seule régénération spirituelle comme il y a une seule génération selon la chair. Et ce que Nicodème a dit au Seigneur est vrai : l’homme, quand il est vieux, ne peut rentrer dans le sein de sa mère pour renaître. Il dit que l’homme ne peut le faire quand il est un vieillard, comme s’il le pouvait lorsqu’il est un enfant. En réalité, il est absolument impossible de rentrer dans les entrailles maternelles et de renaître, aussi bien pour le nourrisson que pour le vieillard. Mais de même que pour notre naissance charnelle, les entrailles de notre mère ne peuvent enfanter qu’une seule fois, ainsi, pour la naissance spirituelle, les entrailles de l’Église ne peuvent donner à chacun de nous qu’un seul baptême.

C’est ce que le Seigneur explique à Nicodème en lui disant : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de renaître de l’eau et de l’Esprit, personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu (Jn 3,5). Tu as en vue, lui dit-il, la régénération charnelle lorsque tu demandes : « Est-il possible qu’un homme rentre dans le sein de sa mère ? » (Jn 3,4). Mais c’est de l’eau et de l’Esprit qu’il faut naître pour le royaume de Dieu. Lorsqu’il s’agit de naître pour l’héritage temporel d’un père humain, il faut naître d’une mère ; si c’est pour l’héritage éternel de Dieu le Père, il faut naître des entrailles de l’Église. C’est par son épouse qu’un père qui doit mourir engendre le fils qui lui succédera ; c’est de l’Église que Dieu engendre des fils destinés, non à lui succéder, mais à demeurer avec lui.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« Jésus souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint. » (Jn 20, 22)

dimanche 27 avril 2025

Jésus a gratifié ses apôtres de la compagnie du Saint-Esprit. Il est en effet écrit : « À ces mots, il souffla sur eux et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint… Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus” » (Jn 20, 22-23). Cette seconde insufflation — puisque les fautes volontaires avaient effacé la première — se produisit pour que fût accompli ce texte de l’Écriture : « Il est monté en soufflant sur ta face en te libérant de ta tribulation » (Na 2,1 LXX). Mais « il est monté », d’où ? Des enfers : car, ainsi l’a raconté l’Évangile, c’est après sa résurrection qu’il a soufflé.

Mais s’il donne alors la grâce, il la prodiguera encore davantage. Voici qu’il leur dit : je suis prêt à vous donner dès maintenant, mais votre vase n’est pas encore vide. Donc, en attendant, recevez la quantité de grâce que vous pouvez contenir, mais attendez-en encore davantage. « Quant à vous, demeurez dans la ville de Jérusalem jusqu’à ce que vous ayez revêtu la force d’en haut » (Lc 24,49). Prenez maintenant une partie ; alors, vous emporterez le tout. Car celui qui reçoit ne possède souvent que partiellement le don ; mais celui qui est « revêtu » est enveloppé de toutes parts par la robe. « Ne craignez pas, dit-il, les armes et les traits du diable : vous emporterez en effet la puissance de l’Esprit Saint. » (cf. Ep 6,16-18)

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)

 

 

 

 

Prenez courage, le Christ est vraiment ressuscité !

samedi 26 avril 2025

Tu t’es revêtu, Seigneur, de ma pauvreté, librement tu es descendu jusqu’à la croix et à la Passion, afin de me faire don de la vie incorruptible et de me créer à neuf, grâce au sang de ton côté divin, en m’accordant par là ton impassibilité à toi, qui avais souffert la Passion.

En te voyant, Sauveur, souffrir en ton essence humaine sur le gibet de la croix, la Vierge, ô Christ, s’écriait avec larmes : « Ne fais pas disparaître la fierté de ta mère et servante, toi qui sans semence d’homme t’es fait homme en mon sein, ô Verbe, afin d’arracher le monde à la corruption ! »

Mort, il est ressuscité, et, ressuscité avec eux, aux morts il accorde la résurrection, le Christ ! Maintenant prenez courage, toutes les nations, car il est vraiment devenu roi de toute la terre, celui dont le pouvoir et la puissance royale était et sera, maintenant et dans tous les siècles.

De grand matin les Porteuses de parfum venaient avec des aromates chercher dans le tombeau, comme un cadavre, ô Christ, pour l’oindre de myrrhe, ton corps vivifiant ; mais c’est toi qui t’es dressé devant elles, vivant, avec ces mots : « Cet Hadès qui dévorait tout, rassurez-vous, je l’ai dompté et j’ai ressuscité tous ceux qu’il retenait. »

Le larron rend hommage au Roi, Joseph exulte avec les saintes femmes, tous célèbrent comme Dieu le Verbe ressuscité, qui a mené Thomas jusqu’à la foi et, à tous ses apôtres a accordé l’Esprit très saint pour les siècles.

Livre d’heures du Sinaï (9e siècle)

 

 

 

« Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage. »

vendredi 25 avril 2025

Dieu miséricordieux, très compatissant, ami des hommes (Sg 1,6)…, lorsque tu parles, rien n’est impossible, même ce qui paraît impossible à notre esprit : c’est toi qui donnes un fruit savoureux en échange des dures épines de cette vie. (…)

Seigneur Christ, souffle de nos narines (Lm 4,20) et splendeur de notre beauté (…), lumière et donateur de la lumière, tu ne prends pas plaisir au mal, tu ne veux la perdition de personne, tu ne souhaites jamais la mort (Ez 18,32). Tu n’es pas agité par le trouble, ni assujetti à la colère ; tu n’es pas intermittent en ton amour, ni changeant en ta compassion ; tu ne varies jamais dans ta bonté. Tu ne tournes pas le dos, tu ne détournes pas la face, mais tu es totalement lumière et volonté de salut. Quand tu veux pardonner, tu le peux ; quand tu veux guérir, tu es puissant ; quand tu veux vivifier, tu en es capable ; quand tu veux accorder ta grâce, tu es généreux ; quand tu veux rendre à la santé, tu es habile.(…) Quand tu veux rénover tu es créateur ; quand tu veux ressusciter, tu es Dieu. (…) Quand, avant même que nous le demandions, tu veux étendre la main, tu ne manques de rien. (…) Si tu veux m’affermir, moi qui suis ébranlé, tu es rocher ; si tu veux me donner à boire, à moi l’assoiffé, tu es source ; si tu veux révéler ce qui est caché, tu es lumière. (…)

Toi qui pour mon salut as combattu avec force (…), tu as pris sur ton corps innocent toute la souffrance des châtiments que nous avions mérités, afin que, en devenant exemple, tu manifestes en acte la compassion que tu nous portes.

Saint Grégoire de Narek (v. 944-v. 1010)

 

 

 

« Pourquoi ces pensées qui surgissent en vous ? »

jeudi 24 avril 2025

Ce passage de l’Évangile…nous montre vraiment qui est le Christ et vraiment qui est l’Église…, afin que nous comprenions bien quelle Épouse ce divin Époux a choisie et qui est l’Époux de cette sainte Épouse… Dans cette page nous pouvons lire leur acte de mariage…

Tu as appris que le Christ est le Verbe, la Parole de Dieu, uni à une âme humaine et à un corps humain… Ici, les disciples ont cru voir un esprit ; ils ne croyaient pas que le Seigneur avait un corps véritable. Mais comme le Seigneur connaissait le danger de telles pensées, il s’empresse de les arracher de leur cœur… : « Pourquoi ces pensées montent-elles dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds ; touchez et voyez qu’un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai ». Et toi, à ces mêmes pensées folles, oppose avec fermeté la règle de foi que tu as reçue… Le Christ est vraiment le Verbe, le Fils unique égal au Père, uni à une âme vraiment humaine et à un vrai corps pur de tout péché. C’est ce corps qui est mort, ce corps qui est ressuscité, ce corps qui a été attaché à la croix, ce corps qui a été déposé dans le tombeau, ce corps qui est assis dans les cieux. Notre Seigneur voulait persuader à ses disciples que ce qu’ils voyaient, c’était vraiment des os et de la chair… Pourquoi a-t-il voulu me convaincre de cette vérité ? Parce qu’il savait à quel point c’est pour mon bien de la croire et combien j’avais à perdre si je n’y croyais pas. Croyez donc, vous aussi : c’est lui l’Époux !

Écoutons maintenant ce qui est dit concernant l’Épouse… : « Il fallait que le Christ souffre et qu’il ressuscite d’entre les morts le troisième jour, et qu’on proclame en son nom le repentir et la rémission des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». Voilà l’Épouse… : l’Église est répandue par toute la terre, elle a pris tous les peuples dans son sein… Les apôtres voyaient le Christ et croyaient à l’Église, qu’ils ne voyaient pas. Pour nous, nous voyons l’Église ; croyons donc en Jésus Christ, que nous ne voyons pas, et en nous attachant ainsi à ce que nous voyons, nous parviendrons à celui que nous ne voyons pas encore.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

« J’ai vu le Seigneur, et voilà ce qu’il m’a dit. »

mardi 22 avril 2025

« Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. » Pourquoi notre Seigneur ne peut-il pas être touché avant son ascension, et comment pourrait-il être touché après ? (…) « Ne me touche pas, car voici que, pour votre plus grand bien, je me hâte de la terre au ciel, de la chair et du sang à la gloire, d’un corps humain à un corps spirituel (1Co 15,44). (…) Remonter d’ici-bas, en corps et en âme, jusqu’à mon Père, c’est descendre en esprit de mon Père auprès de vous. Alors, je vous serai présent, quoiqu’invisible : plus réellement présent qu’aujourd’hui. Alors, tu pourras me toucher et me saisir — sans une étreinte visible, mais plus réelle, par la foi et la dévotion. (…)

« Tu m’as vu, Marie, mais tu n’as pas pu me retenir. Tu m’as approché, mais juste assez pour me baiser les pieds et être effleurée de ma main. Tu as dit : ‘Oh, si je savais comment l’atteindre, parvenir jusqu’à sa demeure ! Si je pouvais le tenir et ne plus le perdre !’ (Jb 23,3; cf Ct 5,6) Ton désir se réalise : quand je serai monté au ciel, tu ne verras plus rien, mais tu auras tout. ‘À mon ombre désirée tu pourras t’asseoir, et mon fruit sera doux à ton palais’ (Ct 2,3). Tu m’auras pleinement et entièrement. Je serai près de toi, en toi ; je viendrai dans ton cœur, entièrement Sauveur, entièrement Christ, en toute ma plénitude, Dieu et homme, par la puissance prodigieuse de mon Corps et de mon Sang. »

Saint John Henry Newman (1801-1890)

 

 

 

Ceux qui ont accueilli la vérité l’ont proclamée

lundi 21 avril 2025

Les princes des prêtres et les pharisiens avaient fait sceller la tombe par Pilate : les femmes n’en ont pas moins contemplé le ressuscité. Isaïe connaissant et la pusillanimité des princes des prêtres, et la fermeté de la foi des saintes femmes, dit : « Femmes qui revenez de la vision, approchez : car le peuple est sans intelligence » (Is 27,11 LXX). Les princes des prêtres manquent d’intelligence, tandis que les femmes voient de leurs propres yeux. Et quand les soldats vinrent trouver les princes des prêtres dans la ville et leur racontèrent tout ce qui s’était passé, ceux-ci leur dirent : « Dites : ses disciples sont venus la nuit et l’ont enlevé tandis que nous dormions » (Mt 28,13). Isaïe a donc eu raison de prédire comme en parlant d’eux : « Eh bien ! parlez-nous et annoncez-nous une autre tromperie » (Is 30,10 LXX). Le ressuscité s’est réveillé et les voilà qui donnent aux soldats de l’argent pour essayer de les convaincre. (…)

Et si le gouverneur l’apprend, nous lui ferons entendre raison » (Mt 28,14). Vous aurez beau le convaincre, vous ne convaincrez pas l’univers. Car pourquoi les soldats qui gardaient Jésus Christ n’ont-ils pas, comme le furent les gardes lorsque Pierre sortit de sa prison, été condamnés ? Le châtiment d’Hérode tomba sur ces derniers, car ils ne surent pas trouver de justification ; mais les autres, qui avaient vu le fait, mais qui, pour de l’argent, l’avait dissimulé, furent couverts par les princes des prêtres. (…) Ceux qui avaient caché la vérité ont totalement disparu ; ceux qui au contraire l’avaient accueillie l’ont proclamée, par la puissance du Sauveur qui non seulement était ressuscité des morts, mais encore avait avec lui ressuscité les morts. Parlant au nom de ceux-ci, le prophète Osée dit clairement : « Dans deux jours il vous guérira, et le troisième jour nous ressusciterons et nous vivrons devant lui » (Os 6,2).

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)