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Archive pour le mot-clef ‘Ste Gertrude d’Helfta’

Le vendredi saint : Célébration de la Passion du Seigneur

vendredi 15 avril 2022

Ô Amour, tu retiens mon Jésus, mon doux salut, si fortement attaché à la croix, qu’expirant sous ta main, il meurt d’amour. Amour, que fais-tu ? Tu ne t’épargnes pas et tu ne te donnes pas de repos, que tu n’aies secouru les malheureux. Tu n’assignes aucune mesure à l’amour. (…) Amour, ton savoir-faire a touché le cœur de mon Jésus avec tant de force que, brisé par l’amour, ce cœur s’est flétri. Amour, te voilà content, te voilà désormais satisfait, puisque mon Jésus est suspendu, mort devant tes yeux : mort, vraiment mort, afin que j’aie, moi, la vie en abondance ; mort, afin que le Père m’adopte pour enfant avec plus de tendresse ; mort afin que moi je vive plus heureusement. (…)

Mort qui porte tant de fruits, de grâce, que sous ta protection, ma mort soit tranquille et sans crainte. Mort du Christ qui apportes la vie, de grâce, puissé-je me fondre sous tes ailes (Ps 35,8). Mort d’où découle la vie, fais qu’une très douce étincelle de ton action vivifiante brûle en moi à jamais. Mort glorieuse, mort fructueuse, mort somme de tout mon salut, aimable contrat de mon rachat, pacte très ferme de ma réconciliation, mort triomphale, douce et pleine de vie, en toi brille pour moi une charité telle qu’au ciel et sur terre on n’en a pas trouvé de comparable.

Mort du Christ que j’aime de tout mon cœur, tu es la confiance spirituelle de mon cœur. Mort très aimante, en toi sont contenus pour moi tous les biens. Prends-moi, je t’en prie, sous ta bienveillante protection, afin qu’à ma mort, doucement je repose sous ton ombre (Ct 2,3). Mort très miséricordieuse, toi tu es ma vie très heureuse. Toi, tu es mon meilleur partage (Ps 15,5). Toi, tu es ma rédemption surabondante. Tu es mon très précieux héritage.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

« David lui-même le nomme Seigneur. »

vendredi 4 juin 2021

Qui est semblable à toi, mon Seigneur Jésus Christ, mon doux amour, très haut et immense, et qui regarde les choses les plus humbles ? Qui est semblable à toi parmi les puissants, Seigneur, toi qui choisis les choses les plus faibles dans le monde ? Qui est tel que toi, qui as formé le ciel et la terre…, et qui veux trouver tes délices avec les enfants des hommes ? Quelle est ta grandeur, ô Roi des rois et Seigneur des seigneurs ? Toi qui commandes aux astres et qui approches ton cœur de l’homme ? Qui es-tu, toi qui tiens dans ta droite les richesses et la gloire ?… Ô amour, jusqu’où inclines-tu ta majesté ? Amour, où conduis-tu la source de la sagesse ? Assurément jusqu’à l’abîme de la misère…

« Venez, venez, venez » : je viens, je viens, je viens à toi, Jésus très aimant, toi que j’ai aimé, que j’ai recherché, que j’ai désiré. A cause de ta douceur, de ta compassion et de ta charité, t’aimant de tout mon cœur, de toute mon âme, de toute ma force, je me rends à ton appel.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

(Références bibliques : Ps 112,6; Ex 15,11; 1Co 1,27; Pr 8,31; 1Tm 6,15; Jb 7,17; Pr 3,16; 18,4; Lc 10,27)

 

 

 

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit. » (Jn 15,8)

dimanche 2 mai 2021

Je supplie ta miséricorde immense, Père tout- puissant, miséricordieux, clément, bon, compatissant, qui l’emportes par ta bonté sur la malice (cf. Jl 2,13), pour moi, petit rameau desséché (cf. Ct 2,12 LXX), qui n’ai pas profité, hélas, hélas ! du temps de la taille, alors que tu me plantais en cette très sainte religion, mais qui ai passé dans une totale stérilité tout le temps de la vie ; je te supplie, au nom de cette bonté qui est innée en toi, au nom de ta très chère Mère, notre très glorieuse patronne la Vierge Marie (…) : daigne diriger aujourd’hui sur moi ton regard de miséricorde et de charité, afin, que, prenant toute ma force en toi, je reverdisse, et que, sanctifiée dans la vérité je refleurisse.

Donne-moi d’avoir le vrai culte de la sainte religion, d’être vraiment fidèle aux devoirs de la vie spirituelle ; et que pour toi qui m’aimes, je porte les fruits de toute vertu et de toute sainteté, afin qu’au moment de la vendange, je veux dire, au jour de ma mort, je sois trouvée dans la pleine maturité et la consommation de toute la perfection religieuse, en paraissant devant toi. Amen.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

« Qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. »

jeudi 18 février 2021

Se trouvant malade à l’approche d’une fête, Gertrude exprima au Seigneur le désir tout au moins d’un adoucissement jusqu’après cette fête pour ne pas être empêchée de la célébrer ; mais elle s’en remettait cependant sans réserve à la volonté divine.

Le Seigneur lui donna cette réponse : « En m’exprimant ton désir et surtout en t’en remettant à ma volonté, c’est comme si tu me conduisais dans un jardin de délices, aux parterres fleuris et tout accueillants. Mais sache que, si je t’exauce pour que tu puisses te rendre à mon service, c’est comme si je te suivais dans le parterre de ton choix ; si au contraire, je ne t’exauce pas et que tu persévères dans la patience, c’est comme si tu me suivais dans le parterre de mon choix.

Je trouve en effet plus d’agrément en toi dans l’état de désir parmi la souffrance qu’en celui de piété satisfaite. »

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

Suivre le Christ

mercredi 13 janvier 2021

Priant avec dévotion pour une autre personne, Gertrude reçut cet enseignement pour servir de règle à la conduite de sa vie : (…) que toute fidèle à ce que les Écritures ont pu lui révéler du comportement du Christ, elle s’appliquât à imiter son exemple en tout et spécialement en trois choses.

La première est que le Seigneur passait souvent la nuit en prière ; cette âme devait donc, en toute tribulation et adversité, chercher son secours dans la prière. Deuxièmement, comme le Seigneur parcourait, en prêchant, villes et bourgades, cette personne devait s’appliquer, non seulement dans sa prédication, mais même dans toutes ses actions, ses gestes et toute sa tenue, à édifier le prochain par son bon exemple. Troisièmement, de même que le Christ Seigneur a répandu de multiples bienfaits sur ceux qui étaient dans le besoin, cette personne devait répandre la grâce, par ses propres paroles et ses actions, en étant toujours attentive, au moment d’agir ou de parler, à recommander au Seigneur que cet acte soit uni à toute son œuvre divine parfaite, ordonnée selon sa toute adorable volonté au salut du genre humain, et, une fois l’acte accompli, en l’offrant à nouveau au Fils de Dieu dans la même intention d’union, afin qu’il soit corrigé dans ses imperfections et rendu digne d’être présenté à Dieu le Père, en éternelle louange.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

Épiphanie du Seigneur, Solennité

dimanche 3 janvier 2021

[En la fête de l’Épiphanie], stimulée (…) par l’exemple des bienheureux Mages, Gertrude se leva dans la ferveur de son esprit et se prosterna avec une très humble dévotion aux pieds très saints du Seigneur Jésus, adorant au nom de tout ce qu’il y a au ciel, sur terre et dans les enfers (cf. Ph 2,10).

Et, faute de trouver un présent qu’elle puisse dignement lui offrir, elle se mit à parcourir l’univers entier, dans son désir anxieux, cherchant parmi toutes les créatures si elle pourrait en découvrir quelqu’une digne d’être offerte à son unique aimé. Courant ainsi, brûlante et haletante, dans la soif de son ardente ferveur, elle découvrit des choses méprisables que toute créature aurait sagement rejetées, comme indignes d’être offertes à la louange et à la gloire du Sauveur. Mais elle, s’en emparant avec avidité, s’efforçait de les restituer à Celui que tout le créé devrait servir uniquement.

Elle attira donc dans son cœur, grâce à son fervent désir, toute la peine, la crainte et la douleur et l’angoisse qu’une créature ait jamais supportées, non pas pour la gloire du Créateur, mais par sa propre faute et infirmité. Et elle les offrit au Seigneur comme une myrrhe de choix. En deuxième lieu, elle attira à elle toute la sainteté feinte et la dévotion affectée des hypocrites, des pharisiens, des hérétiques et de leur semblables. Et elle l’offrit de même à Dieu comme un sacrifice d’encens très suave. En troisième lieu, elle s’efforça d’attirer en son cœur toutes les tendresses humaines et l’amour frelaté et impur de toutes les créatures. Et elle l’offrit au Seigneur en guise d’or précieux.

Toutes ces choses se trouvaient donc rassemblées en son cœur. Or l’amoureux désir avec lequel elle s’efforçait d’en faire totalement hommage à son bien-aimé, tel un feu ardent, les débarrassait de toute scorie, de même que l’or s’épure dans la fournaise, et elles apparaissaient comme un noble et merveilleux présent pour le Seigneur. Le désir de lui plaire en toute manière, témoigné par ces offrandes, procura au Seigneur d’inestimables délices, comme s’il se fût agi d’étrennes extrêmement rares.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

Venir à Jésus dans l’humilité

lundi 23 novembre 2020

[Gertrude dit au Seigneur] : « Hélas, mon bien-aimé, je n’ai rien qui soit digne de vous convenir, mais enfin, je sais bien que si je possédais tout ce que vous possédez, je voudrais renoncer à tout cela et vous le donner avec tant de libéralité que vous puissiez (…) en gratifier qui il vous plairait. » À quoi le Seigneur répondit avec bienveillance : « Si toi, tu trouves en ton cœur la disposition à agir ainsi envers moi, tu dois tenir pour très certain que, moi aussi, je désire te traiter de la sorte, et cela dans la proportion même où ma bonté et mon amour l’emportent sur les tiens. » Et elle : « Et quel titre aurai-je à me porter à votre rencontre, lorsque vous daignez venir à moi avec un tel flot de largesses ? — Je ne te demande rien, répondit le Seigneur, sinon de venir à moi toute vide et prête à recevoir, parce que tout ce qui me plaira en toi, tout cela tu l’auras reçu de moi comme un pur don. »

Elle comprit alors que ce vide était cette humilité par laquelle elle jugeait n’avoir absolument aucun mérite, ne pouvoir même faire quoi que ce fût sans un don gratuit de Dieu, et enfin estimer comme néant toutes ses possibilités.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

« Je te suivrai partout où tu iras. » (Mt 8,19)

mercredi 30 septembre 2020

Toi, la joie débordante de mon esprit, toi, la louange de mon cœur et de ma bouche, mon Jésus : je te suivrai partout où tu iras. Quand tu auras revendiqué pour toi mon cœur et que tu l’auras possédé en propre, jamais au monde tu ne pourras m’être enlevé. (…)

« Voilà la race de ceux qui cherchent le Seigneur, qui cherchent la face du Dieu de Jacob. » (Ps 23,6). (…)
Fais-moi, doux Jésus, inscrire et compter dans la race de ceux qui te connaissent, Dieu d’Israël ; dans la race de ceux qui cherchent ta face, Dieu de Jacob ; dans la race de ceux qui t’aiment, Dieu des armées. De grâce, fais que, les mains innocentes et le cœur pur, je reçoive bénédiction et miséricorde, de toi, ô Dieu de mon salut. (…)

Agneau de Dieu, en cette voie où je marche, tiens ma main droite, de peur que je ne défaille. Agneau de Dieu, ce que j’ai commencé en ton Nom, fais que fidèlement je l’accomplisse moyennant ton secours. Agneau de Dieu, que mes péchés ne me soient pas un obstacle, mais qu’en toutes ces demandes, ta miséricorde me fasse progresser. Ô Christ, écoute-moi ; et à l’heure de ma mort, réjouis-moi dans ton salut

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

Fête de la Croix Glorieuse

lundi 14 septembre 2020

Il lui fut enseigné [à Gertrude] que lorsque nous nous tournons vers le crucifix, nous devons considérer qu’au fond du cœur le Seigneur Jésus nous dit de sa tendre voix : « Voici comment, à cause de l’amour que j’ai pour toi, j’ai été suspendu à la croix, nu et méprisable, le corps couvert de blessures et tous les membres disloqués. Et pourtant mon Cœur est ému d’une telle douceur d’amour pour toi que, si ton salut l’exigeait et ne pouvait être accompli autrement, j’accepterais d’endurer aujourd’hui pour toi seul tout ce que tu peux voir que j’ai enduré jadis pour le monde tout entier. » Ces réflexions nous doivent porter à la gratitude, car, à vrai dire, ce n’est jamais sans une grâce de Dieu que notre regard rencontre un crucifix. (…)

Une autre fois, appliquant son esprit à méditer sur la Passion du Seigneur, elle comprit que la méditation des prières et leçons relatives à la Passion du Seigneur est d’une efficacité infiniment plus grande que tout autre exercice. Car de même qu’il est impossible de toucher de la farine sans que de la poudre en reste aux mains, ainsi il n’est pas possible de penser avec tant soit peu de ferveur à la Passion du Seigneur sans en tirer quelque fruit. Même celui qui fait une simple lecture sur la Passion dispose au moins son âme à en recevoir le fruit, de sorte que cette simple attention de celui qui s’exerce au souvenir de la Passion du Christ lui est plus profitable qu’à tel autre une attention plus soutenue, mais non occupée par la Passion du Seigneur.

C’est pourquoi, ayons soin sans cesse d’appliquer souvent notre méditation à la Passion du Christ et qu’elle nous devienne comme un rayon de miel à la bouche, une mélodieuse musique à l’oreille, un chant de joie dans le cœur

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)

 

 

 

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il prenne sa croix. » (Mt 16,24)

dimanche 30 août 2020

Comme Gertrude priait pour une personne dont elle avait été peinée d’apprendre qu’elle avait proféré des paroles d’impatience, demandant pourquoi Dieu lui envoyait des épreuves qui n’étaient pas faites pour elle, le Seigneur dit : « Demande-lui quelles sont les épreuves qui sont faites pour elle et dis-lui que, comme il est impossible d’entrer dans le royaume des cieux sans quelque épreuve, elle veuille bien choisir celles qui sont faites pour elle, et lorsque celles-ci surviendront, qu’elle conserve alors la patience. » Ces paroles du Seigneur lui firent comprendre que la forme d’impatience la plus dangereuse est de s’imaginer qu’on accepterait bien d’être patient en d’autres occasions, mais que cela est impossible en celles-là même que Dieu nous envoie, alors qu’au contraire on doit toujours être sûr que le plus avantageux est précisément ce que Dieu envoie et que, si on manque à le supporter avec patience, il faut en prendre sujet d’humilité.

Et le Seigneur ajouta comme avec une tendresse d’amour : « Et toi, que t’en semble, en ce qui te concerne ? Ne m’arrive-t-il pas de t’envoyer des épreuves qui ne sont pas faites pour toi ? » Elle dit : « Nullement, mon Dieu, mais je confesse et confesserai jusqu’à mon dernier souffle que, qu’il s’agisse du corps ou de l’âme, et tant de la prospérité que de l’adversité, vous m’avez gouvernée d’une manière si constamment parfaite qu’on ne pourrait l’attendre d’aucune sagesse d’aucun temps, depuis le commencement du monde jusqu’à la fin, sinon de Vous, mon Dieu, infiniment doux, unique Sagesse incréée, déployée d’un bout du monde à l’autre, avec force et avec douceur régissant toutes choses. » (cf. Sg 8,1

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)