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Archive pour le mot-clef ‘St Jean-Paul 2’

Solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie, patron de l’Église universelle

lundi 20 mars 2023

Le climat de silence qui accompagne tout ce qui se réfère à la figure de Joseph s’étend aussi à son travail de charpentier dans la maison de Nazareth. Toutefois, c’est un silence qui révèle d’une manière spéciale le profil intérieur de cette figure. Les évangiles parlent exclusivement de ce que « fit » Joseph ; mais ils permettent de découvrir dans ses actions, enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère « caché depuis les siècles » (Col 1,26), qui « établit sa demeure » (Jn 1,14) sous son toit. Cela explique par exemple pourquoi sainte Thérèse d’Avila, la grande réformatrice du Carmel contemplatif, s’est faite la promotrice du renouveau du culte rendu à saint Joseph dans la chrétienté occidentale.

Le sacrifice absolu que Joseph a fait de toute son existence aux exigences de la venue du Messie dans sa maison trouve son juste motif « dans son insondable vie intérieure, d’où lui viennent des ordres et des réconforts tout à fait particuliers et d’où découlent pour lui la logique et la force, propres aux âmes simples et transparentes, des grandes décisions, comme celle de mettre aussitôt à la disposition des desseins divins sa liberté, sa vocation humaine légitime, son bonheur conjugal, acceptant la condition, la responsabilité et le poids de la famille et renonçant, au profit d’un amour virginal incomparable, à l’amour conjugal naturel qui la constitue et l’alimente » (Pape Paul VI).

Cette soumission à Dieu, qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n’est autre que l’exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion [selon S. Thomas d’Aquin].

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Fête des saints Cyrille, moine, et Méthode, évêque, patrons de l’Europe

mardi 14 février 2023

Depuis le début de l’ère apostolique, qui a semé l’Évangile sur cette terre d’Europe et l’a irriguée par le sang des martyrs, s’est développé ce processus pluri-séculaire, continu et fécond, qui a imprégné l’Europe de la sève chrétienne. Les saints patrons de l’Europe, saint Benoît et les saints Cyrille et Méthode sont, de manière particulière, des témoins de ce processus. Le charisme propre de leur œuvre évangélisatrice consiste dans le fait qu’ils ont posé des germes, qu’ils ont fait naître des formes et des styles d’incarnation de l’Évangile dans le tissu culturel et social et dans l’esprit des peuples européens qui étaient en train de se former. (…) Ces saint patrons (…) restent aussi un modèle et une inspiration actuels pour nous, parce que l’œuvre d’évangélisation, dans la situation particulière où l’Europe se trouve aujourd’hui, est appelée à proposer une nouvelle synthèse créatrice entre Évangile et vie.

Il faut être conscient de l’importance de greffer l’évangélisation renouvelée sur ces racines communes de l’Europe. (…) Ces racines chrétiennes sont particulièrement riches et inspiratrices, parce qu’elles s’appuient sur la même foi, se réfèrent à la même Église indivise. (…) D’autre part, nous devons aussi considérer que ces racines communes sont doubles. Car elles ont pris la forme de deux courants de traditions chrétiennes théologiques, liturgiques, ascétiques, et de deux modèles de culture, divers, non pas opposés mais au contraire complémentaires et qui s’enrichissent mutuellement. Benoît a imprégné la tradition chrétienne et culturelle de l’Occident de l’esprit de la latinité, plus logique et rationnel ; Cyrille et Méthode sont les représentants de l’antique culture grecque, plus intuitive et mystique, et sont vénérés comme les pères de la tradition des peuples slaves.

Il nous appartient de recueillir l’héritage de cette pensée riche et complémentaire et de trouver les moyens et les méthodes appropriés pour son actualisation et une communication spirituelle plus intense entre l’Orient et l’Occident.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Une guérison le jour du sabbat, signe du jour de la nouvelle création

lundi 24 octobre 2022

Le jour de la nouvelle création : la comparaison entre le dimanche chrétien et le sabbat propre à l’Ancien Testament a suscité des approfondissements théologiques de grand intérêt. On a notamment mis en lumière la relation particulière qui existe entre la résurrection et la création. En effet, la réflexion chrétienne a spontanément relié la résurrection survenue « le premier jour après le sabbat » au premier jour de la semaine cosmique dans le livre de la Genèse (1,1s)… Un tel lien invitait à comprendre la résurrection comme le commencement d’une nouvelle création, dont le Christ glorieux constitue les prémices, étant lui-même « Premier-né de toute créature » et aussi « Premier-né d’entre les morts » (Col 1,15.18).

En effet le dimanche est le jour où, plus qu’en tout autre, le chrétien est appelé à se souvenir du salut qui lui a été offert dans le baptême et qui a fait de lui un homme nouveau dans le Christ. « Ensevelis avec lui lors du baptême, vous êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité des morts » (Col 2,12; Rm 6,4-6). La liturgie souligne cette dimension baptismale du dimanche en invitant à célébrer aussi les baptêmes, en plus de la Veillée pascale, en ce jour de la semaine « où l’Église commémore la résurrection du Seigneur », et aussi en suggérant, comme rite pénitentiel approprié au commencement de la messe, l’aspersion avec l’eau bénite, qui rappelle précisément l’événement baptismal dans lequel naît toute existence chrétienne.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« Les Douze étaient avec lui, ainsi que quelques femmes. »

vendredi 16 septembre 2022

Depuis le commencement de la mission du Christ, la femme montre à son égard et à l’égard de tout son mystère une sensibilité particulière qui correspond à l’une des caractéristiques de sa féminité. Il convient de relever en outre que cela est confirmé particulièrement face au mystère pascal, non seulement au moment de la crucifixion, mais encore à l’aube de la résurrection. Les femmes sont les premières près du tombeau. Elles sont les premières à le trouver vide. Elles sont les premières à entendre : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit » (Mt 28,6). Elles sont les premières à étreindre ses pieds (Mt 28,9). Elles sont aussi les premières appelées à annoncer cette vérité aux Apôtres (Mt 28,1-10; Lc 24,8-11).

L’Évangile de Jean (cf aussi Mc 16,9) met en relief le rôle particulier de Marie de Magdala. Elle est la première à rencontrer le Christ ressuscité. (…) C’est pour cela qu’on l’a même appelée « l’apôtre des Apôtres ». Marie de Magdala a été, avant les Apôtres, témoin oculaire du Christ ressuscité et, pour cette raison, elle a été aussi la première à lui rendre témoignage devant les Apôtres.

Cet événement, en un sens, est comme le couronnement de tout ce qui a été dit précédemment sur la transmission par le Christ de la vérité divine aux femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes. On peut dire que les paroles du prophète sont ainsi accomplies : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront » (Jl 3,1). Cinquante jours après la résurrection du Christ, ces paroles sont encore une fois confirmées au Cénacle de Jérusalem, à la descente de l’Esprit Saint, le Paraclet (Ac 2,17). Tout ce qui a été dit ici sur l’attitude du Christ à l’égard des femmes confirme et éclaire dans l’Esprit Saint la vérité sur l’égalité de l’homme et de la femme.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein), vierge et martyre, copatronne de l’Europe

mardi 9 août 2022

L’amour du Christ a été le feu qui a embrasé la vie de Thérèse Bénédicte de la Croix. Avant même de s’en rendre compte, elle en a été totalement consumée. Au début, son idéal a été la liberté. Pendant longtemps, Édith Stein a vécu l’expérience de la recherche. Son esprit ne se lassait pas de chercher et son cœur d’espérer. Elle a parcouru le chemin difficile de la philosophie avec une ardeur passionnée et, à la fin, elle a été récompensée : elle a conquis la vérité, ou plutôt, elle a été conquise. En effet, elle a découvert que la vérité portait un nom : Jésus Christ. À partir de ce moment, le Verbe incarné a été tout pour elle. Considérant cette période de sa vie d’un point de vue de carmélite, elle écrivait à une bénédictine : « Consciemment ou inconsciemment, qui cherche la vérité cherche Dieu ».

Bien qu’elle ait été élevée dans la religion juive de sa mère, Édith Stein, à quatorze ans, « avait librement décidé d’abandonner la prière ». Elle ne voulait compter que sur elle-même, soucieuse d’affirmer sa propre liberté dans ses choix de vie. À la fin d’un long chemin, il lui a été donné de parvenir à une constatation surprenante : seul celui qui se lie à l’amour du Christ devient vraiment libre. L’expérience de cette femme, qui a affronté les défis d’un siècle tourmenté comme le nôtre, représente un exemple pour nous : le monde moderne invite à franchir la porte attrayante de la permissivité, ignorant la porte étroite du discernement et du renoncement. C’est pourquoi je m’adresse spécialement à vous, jeunes chrétiens (…) : méfiez-vous, gardez-vous de concevoir votre vie comme une porte ouverte à tous les choix ! Écoutez la voix de votre cœur ! Ne soyez pas superficiels, mais allez au fond des choses. Et lorsque le moment sera venu, ayez le courage de vous décider. Le Seigneur attend que vous placiez votre liberté entre ses mains miséricordieuses.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Il prit les pains…, prononça la bénédiction, les rompit et les donna aux disciples. »

lundi 1 août 2022

« Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule » (Luc 9, 16).

L’Église naît du mystère pascal. C’est précisément pour cela que l’eucharistie, sacrement par excellence du mystère pascal, a sa place au centre de la vie ecclésiale. On le voit bien dès les premières images de l’Église que nous donnent les Actes des Apôtres : « Ils étaient fidèles à écouter l’enseignement des apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain et à participer aux prières » (2,42). L’eucharistie est évoquée dans la « fraction du pain ». Deux mille ans plus tard, nous continuons à réaliser cette image primitive de l’Église. Et tandis que nous le faisons dans la célébration de l’eucharistie, les yeux de l’âme se reportent au Triduum pascal, à ce qui s’est passé le soir du Jeudi saint, pendant la dernière Cène et après… L’agonie à Gethsémani a été l’introduction de l’agonie sur la croix le Vendredi saint : l’heure sainte, l’heure de la rédemption du monde…, heure de la glorification. Tout prêtre qui célèbre la messe revient en esprit, en même temps que la communauté chrétienne qui y participe, à ce lieu et à cette heure…

« Mysterium fidei — Mystère de la foi ! » Quand le prêtre prononce ou chante ces paroles, les fidèles disent l’acclamation : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. » Par ces paroles, ou par d’autres semblables, l’Église désigne le Christ dans le mystère de sa Passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia — l’Église vit de l’eucharistie. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte que l’Église vient au jour et se met en route sur les chemins du monde, il est certain que l’institution de l’eucharistie au Cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, c’est tout le Triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’eucharistie. Dans ce don, Jésus Christ confiait à l’Église l’actualisation permanente du mystère pascal.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« M’aimes-tu ? »

vendredi 3 juin 2022

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« Aimes-tu ? … M’aimes-tu ? … » Pour toujours, jusqu’à la fin de sa vie, Pierre devait avancer sur le chemin accompagné de cette triple question : « M’aimes-tu ? » Et il mesurait toutes ses activités à la réponse qu’il avait alors donnée. Quand il a été convoqué devant le Sanhédrin. Quand il a été mis en prison à Jérusalem, prison dont il ne devait pas sortir, et dont pourtant il est sorti. Et…à Antioche, puis plus loin encore, d’Antioche à Rome. Et lorsqu’à Rome il avait persévéré jusqu’à la fin de ses jours, il a connu la force des paroles selon lesquelles un Autre le conduisait là où il ne voulait pas. Et il savait aussi que, grâce à la force de ces paroles, l’Eglise « était assidue à l’enseignement des apôtres et à l’union fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.48)…

Pierre ne peut jamais se détacher de cette question : « M’aimes-tu ? » Il la porte avec lui où qu’il aille. Il la porte à travers les siècles, à travers les générations. Au milieu de nouveaux peuples et de nouvelles nations. Au milieu de langues et de races toujours nouvelles. Il la porte lui seul, et pourtant il n’est plus seul. D’autres la portent avec lui… Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd’hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C’est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d’être vécue.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

Fête de sainte Catherine de Sienne, vierge, docteur de l’Eglise, copatronne de l’Europe

vendredi 29 avril 2022

Quand Catherine voit le jour en 1347, la situation en Italie et en Europe est devenue très difficile. Déjà s’annonçait la peste noire, qui devait semer la dévastation ; la société était troublée par la Guerre de Cent Ans et des invasions de mercenaires ; les papes avaient dû quitter Rome pour Avignon ; le schisme d’Occident allait se prolonger jusqu’en 1417. Fille d’un teinturier, Catherine prend très rapidement conscience des besoins du monde qui l’entoure. Attirée par la forme de vie apostolique des dominicains, elle demande à être agrégée au tiers ordre (on appelait ces pieuses femmes les « Mantellate »). Celles-ci n’étaient pas des religieuses à proprement parler et ne vivaient pas la vie commune, mais elles portaient la robe blanche et le manteau noir des frères prêcheurs. (…)

Catherine était entourée d’une foule bigarrée de disciples, de toute classe sociale et de toute origine. Elle les attirait par la pureté de sa foi et par la liberté de son acceptation de la parole de Dieu, sans adoucissement ni compromis. (…) Elle atteignit le sommet de son progrès intérieur par les noces spirituelles (…) ; on aurait donc pu penser que sa vie s’écoulerait dans la solitude et dans la contemplation. Mais Dieu, au contraire, l’avait attachée à lui pour qu’elle lui soit unie dans l’œuvre de son Royaume. (…) Le dessein du Christ était de la lier étroitement à lui par « l’amour du prochain », c’est-à-dire aussi bien par la douceur des liens de l’âme que par les travaux extérieurs ; ce fut ce que l’on a appelé « la mystique sociale ». (…)

Après s’être appliquée à la conversion de pécheurs individuels, elle passa à la réconciliation de personnes ou de familles opposées par de mauvaises querelles, puis à la pacification des villes ou des États. (…) L’impulsion intérieure du Maître divin lui ouvrit pour ainsi dire une humanité de surcroît. C’est ainsi que cette humble fille d’artisan, illettrée, pratiquement sans études et sans culture, eut l’intelligence des besoins de son temps au point de dépasser les limites de sa cité et d’atteindre une dimension mondiale par son action.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Il est écrit dans votre Loi : ‘J’ai dit : Vous êtes des dieux’ .»

vendredi 8 avril 2022

« Dieu dit : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance » (Gn 1,26). Comme si le Créateur entrait en lui-même ; comme si, en créant, non seulement il appelait du néant à l’existence en disant : « Qu’il soit ! », mais, d’une façon particulière, il tirait l’homme du mystère de son propre être. Cela est compréhensible parce qu’il ne s’agit pas seulement de l’être, mais de l’image. L’image doit reproduire, en un certain sens, « la substance » de son prototype. (…) Il est évident que cette ressemblance ne doit pas être entendue comme un « portrait », mais comme le fait pour un être vivant d’avoir une vie semblable à celle de Dieu. (…)

En définissant l’homme comme « image de Dieu », le livre de la Genèse met en évidence ce par quoi l’homme est homme, ce par quoi il est un être distinct de toutes les autres créatures du monde visible. La science, on le sait, a fait et continue de faire, dans différents domaines, de nombreuses tentatives pour montrer les liens de l’homme avec le monde naturel, pour montrer sa dépendance de ce monde, afin de l’insérer dans l’histoire de l’évolution des différentes espèces.

Tout en respectant ces recherches, nous ne pouvons pas nous limiter à elles. Si nous analysons l’homme au plus profond de son être, nous voyons qu’il se différencie du monde de la nature plus qu’il ne lui ressemble. C’est également dans ce sens que procèdent l’anthropologie et la philosophie lorsqu’elles cherchent à analyser et à comprendre l’intelligence, la liberté, la conscience et la spiritualité de l’homme. Le livre de la Genèse semble aller au-devant de toutes ces expériences de la science et, en disant de l’homme qu’il est « image de Dieu », il fait comprendre que la réponse au mystère de son humanité ne doit pas être cherchée dans sa ressemblance avec le monde de la nature. L’homme ressemble plus à Dieu qu’à la nature. C’est en ce sens que le psaume dit : « Vous êtes des dieux ! » (Ps 82,6), paroles que Jésus reprendra (Cf. Jn 10,34).

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

« La foule se divisa à son sujet. »

samedi 2 avril 2022

Dans le mystère pascal sont dépassées les limites du mal multiforme auquel participe l’homme durant son existence terrestre : la croix du Christ, en effet, nous fait comprendre que les racines les plus profondes du mal plongent dans le péché et dans la mort ; ainsi devient-elle un signe eschatologique. C’est seulement à la fin des temps et lors du renouvellement définitif du monde qu’en tous les élus l’amour vaincra le mal en ses sources les plus profondes (…).

Dans l’accomplissement eschatologique, la miséricorde se révélera comme amour, tandis que dans le temps, dans l’histoire humaine qui est aussi une histoire de péché et de mort, l’amour doit se révéler surtout comme miséricorde, et se réaliser sous cette forme. Le programme messianique du Christ, programme de miséricorde, devient celui de son peuple, de l’Église. Au centre même de ce programme se tient toujours la croix, puisqu’en elle la révélation de l’amour miséricordieux atteint son sommet. (…)

Le Christ, le Crucifié, est la Parole qui ne passe pas (Mt 24,35). Il est celui qui se tient à la porte et frappe au cœur de tout homme (Ap 3,20), sans contraindre sa liberté, mais en cherchant à en faire surgir un amour qui soit non seulement acte d’union au Fils de l’homme souffrant, mais aussi une forme de miséricorde manifestée par chacun de nous à l’égard du Fils du Père éternel. Dans ce programme messianique du Christ et la révélation de la miséricorde par la croix, la dignité de l’homme pourrait-elle être plus respectée et plus grande, puisque cet homme, s’il est objet de la miséricorde, est aussi en même temps en un certain sens celui qui exerce la miséricorde ?

Saint Jean-Paul II (1920-2005)