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Archive pour le mot-clef ‘St Jean Baptiste’

Martyre de Saint Jean-Baptiste (m)

lundi 29 août 2022

Le Jourdain, effrayé par ta venue dans la chair, ô Christ, remonta son cours en tremblant ; accomplissant son office spirituel, Jean se fit tout petit dans sa crainte. L’armée des anges était saisie de stupeur en te voyant dans le fleuve, baptisé selon la chair ; quant à ceux des ténèbres, ils ont été éclairés, et nous te chantons, Seigneur, toi qui te manifestes et qui illumines l’univers.

La mémoire du juste doit être exaltée, mais à toi, Jean le Précurseur, le témoignage du Seigneur suffit. En vérité, tu es le plus vénérable de tous les prophètes, car tu as été trouvé digne de baptiser dans les eaux celui que les autres prophètes avaient seulement annoncé. C’est pourquoi, après avoir lutté pour la vérité, tu es allé annoncer jusque dans le domaine des morts Dieu apparu dans la chair, celui qui enlève le péché du monde (Jn 1,29) et qui nous donne sa grande pitié.

Le glorieux martyre du Précurseur a été une étape dans l’œuvre du salut, puisque même au séjour des morts il a annoncé la venue du Sauveur. Qu’Hérodiade gémisse à présent, elle qui réclame ce meurtre impie, car ce n’est pas la loi de Dieu ni la vie éternelle qu’elle a aimé, mais les illusions qui ne durent qu’un moment.

Liturgie byzantine

 

 

« Celui qui se détache de sa vie en ce monde la garde pour la vie éternelle. » (Jn 12,25)

samedi 30 juillet 2022

Celui qui aime sa propre vie (Jn 12,25) ne peut pas aimer Dieu, mais celui qui, à cause des richesses débordantes de l’amour divin, ne s’attache pas à lui-même, celui-là aime Dieu. Un tel homme ne cherche jamais sa propre gloire mais celle de Dieu, car celui qui aime sa propre vie cherche sa propre gloire. Celui qui s’attache à Dieu aime la gloire de son créateur. En effet, c’est le propre d’une âme sensible à l’amour de Dieu que de chercher constamment la gloire de Dieu chaque fois qu’elle accomplit les commandements, et de se réjouir de son propre abaissement. Car la gloire convient à Dieu en raison de sa grandeur, et l’abaissement convient à l’homme, car il fait de lui le familier de Dieu. Si nous agissons ainsi, nous serons joyeux à l’exemple de saint Jean Baptiste et nous commencerons à répéter sans relâche : « Lui, il faut qu’il grandisse, et moi, que je diminue » (Jn 3,30).

Diadoque de Photicé (v. 400-?)

 

 

 

Nativité de saint Jean Baptiste, solennité

jeudi 23 juin 2022

C’est toi, Jean, que nous reconnaissons comme un nouveau Moïse, car tu as vu Dieu, non plus en symbole, mais en toute clarté. C’est toi que nous regardons comme un nouveau Josué : tu n’as pas passé le Jourdain d’une rive à l’autre, mais, avec l’eau du Jourdain, tu as fait passer les hommes d’un monde à l’autre… C’est toi le nouveau Samuel qui n’as pas donné l’onction à David, mais qui as baptisé le Fils de David. C’est toi le nouveau David, qui n’as pas été persécuté par le mauvais roi Saül, mais qui as été tué par Hérode. C’est toi le nouvel Élie, nourri au désert non de pain par un corbeau, mais de sauterelles et de miel par Dieu. C’est toi le nouvel Isaïe, qui n’as pas dit : « Voici qu’une vierge va concevoir et enfanter » (7,14), mais qui as proclamé devant tous : « Voici qu’elle a enfanté l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde » (Jn 1,29)…

Bienheureux es-tu, Jean, élu de Dieu, toi qui as posé la main sur ton Maître, toi qui as saisi dans tes mains la flamme dont l’éclat fait trembler les anges ! Étoile du matin (cf Nb 24,17), tu as montré au monde le matin véritable ; aube joyeuse (cf Ps 29,6), tu as manifesté le jour de gloire ; lampe étincelante (Jn 5,35), tu as désigné la Lumière sans pareille. Messager de la grande réconciliation du Père (Is 9,5 LXX), l’archange Gabriel a été envoyé devant toi pour t’annoncer à Zacharie, comme un fruit bien au-delà de son attente… Le plus grand parmi les fils des hommes (Mt 11,11), tu viens au-devant de l’Emmanuel, de celui qui dépasse toute créature ; premier-né d’Elisabeth, tu précèdes le Premier-Né de toute la création (Col 1,15).

Liturgie syriaque

 

 

 

Fête du Baptême de Notre Seigneur

dimanche 9 janvier 2022

Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l’eau, descendons avec lui pour remonter avec lui. (…) Jean est en train de baptiser et Jésus s’approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ; certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l’eau. Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l’eau et par l’Esprit. (…) Voici Jésus qui remonte hors de l’eau. En effet, il porte le monde ; il le fait monter avec lui. « Il voit les cieux se déchirer et s’ouvrir » (Mc 1,10), alors qu’Adam les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l’épée de feu.

Alors l’Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l’apparence d’une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C’est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11). (…)

Pour nous, honorons aujourd’hui le baptême du Christ, et célébrons cette fête de façon irréprochable. (…) Soyez entièrement purifiés, et purifiez-vous encore. Car rien ne donne à Dieu autant de joie que le redressement et le salut de l’homme : c’est à cela que tend tout ce discours et tout ce mystère. Soyez « comme des sources de lumière dans le monde » (Ph 2,15), une force vitale pour les autres hommes. Comme des lumières parfaites secondant la grande Lumière, soyez initiés à la vie de lumière qui est au ciel ; soyez illuminés avec plus de clarté et d’éclat par la sainte Trinité.

Saint Grégoire de Nazianze (330-390)

 

 

« Il faut qu’il grandisse, et moi, que je diminue. »

samedi 8 janvier 2022

« Jean n’était pas la Lumière, mais il a été envoyé pour rendre témoignage à la Lumière. » (Jn 1,8) Le précurseur de la Lumière n’était pas la Lumière. Pourquoi alors l’appelle-t-on couramment « lampe qui brûle » (Jn 5,35) et « étoile du matin » ? Il était une lampe qui brûle et qui éclaire mais le feu dont il brûlait n’était pas le sien, la lumière dont il brillait n’était pas la sienne. Il était l’étoile du matin, mais il ne tirait pas de lui-même sa propre lumière : la grâce de celui dont il était le précurseur brûlait et resplendissait en lui. Il n’était pas la lumière, mais il participait à la lumière ; ce qui brillait en lui et par lui n’était pas de lui. (…)

En effet, aucune créature, qu’elle soit douée de raison ou douée d’intelligence, n’est pas lumière par elle-même en sa propre substance ; elle participe à la Lumière unique et véritable, la Lumière substantielle qui est partout et en toutes choses que notre intelligence voit briller.

Jean Scot Érigène (?-v. 870)

 

 

 

« Il parlait et il bénissait Dieu. »

jeudi 23 décembre 2021

Par sa naissance, saint Jean
mit fin au silence de Zacharie :
désormais ne pouvait plus se taire
celui qui engendra la Voix criant dans le désert (Mt 3,3)
et annonçant d’avance la venue du Christ.
Mais comme l’incrédulité à son sujet
avait enchaîné la langue du père tout d’abord,
sa manifestation lui redonne la liberté ;
ainsi fut annoncée, puis enfantée
la Voix du Verbe, le Précurseur de la Clarté,
qui intercède pour nos âmes.

En ce jour la Voix du Verbe délie
la voix paternelle enchaînée par son manque de foi ;
de l’Église elle manifeste la fécondité,
faisant cesser la maternelle stérilité.
Devant la lumière s’avance le chandelier,
du Soleil de justice voici le reflet (Ml 3,20),
le rayon qui annonce sa venue
pour l’universelle restauration
et le salut de nos âmes.

Voici que s’avance, d’un sein stérile,
le Messager du Verbe divin
qui lui-même devait naître d’un sein virginal,
de tous les fils de femme le plus grand (Mt 11,11),
le Prophète qui n’a pas d’égal ;
car les choses divines ont besoin d’un début merveilleux,
que ce soit la fécondité d’un âge avancé (Lc 1,7)
ou que sans semence s’opère la conception.
Dieu qui fais des merveilles pour notre salut, gloire à toi. (…)

Apôtre universel,
objet de l’annonce de Gabriel (Lc 1,36),
rejeton de la Stérile et plus beau fleuron du désert,
ami intime de l’Époux (Jn 3,29),
prophète digne d’acclamation,
prie le Christ de prendre nos âmes en pitié.

Liturgie byzantine

 

 

 

 

« Et cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. »

jeudi 16 décembre 2021

« Parmi les hommes, aucun n’est plus grand que Jean. » Si tous les saints, ces hommes justes, forts et sages étaient réunis et habitaient en un seul homme, ils ne pourraient pas égaler Jean Baptiste (…), dont il a été déclaré qu’il dépasse les hommes de beaucoup et qu’il appartient aux catégories des anges (Mc 1,2 grec; Ml 3,1 hebr).

« Mais celui qui est le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. » (…) Par ce qu’il a dit de la grandeur de Jean, notre Seigneur a voulu nous annoncer l’abondante miséricorde de Dieu et sa générosité envers ses élus. Si grand et si célèbre que soit Jean, c’est moins que ce que sera le plus petit du Royaume, comme le dit l’apôtre Paul : « Notre connaissance est partielle (…). Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra » (1Co 13,9-10). Jean est grand, lui qui a dit par pressentiment : « Voici l’agneau de Dieu » (Jn 1,29), mais cette grandeur, comparée à la gloire qui doit être révélée à ceux qui en seront trouvés dignes, n’est qu’un mince avant-goût. En d’autres termes, toutes les choses grandes et admirables d’ici-bas, comparées aux béatitudes de l’au-delà, apparaissent dans leur petitesse et leur néant. (…)

Jean a été trouvé digne des grands dons d’ici-bas : la prophétie, le sacerdoce (cf Lc 1,5) et la justice (…). Jean est plus grand que Moïse et les prophètes, mais la Loi ancienne a besoin du Nouveau Testament, puisque celui qui est plus grand que les prophètes a dit au Seigneur : « J’ai besoin de me faire baptiser par toi » (Mt 3,14). Jean est également grand, parce que sa conception a été annoncée par un ange, parce que sa naissance a été entourée de miracles, parce qu’il a annoncé Celui qui donne la vie, parce qu’il a baptisé pour la rémission des péchés. (…) Moïse a conduit le peuple jusqu’au Jourdain et la Loi a conduit le genre humain jusqu’au baptême de Jean. Mais « si parmi les hommes, aucun n’est plus grand que Jean », le précurseur du Seigneur, combien plus grands seront ceux à qui notre Seigneur a lavé les pieds et insufflé son Esprit ? (Jn 13,4; 20,22).

Saint Éphrem (v. 306-373)

 

 

 

« Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole. »

mardi 14 décembre 2021

Jean Baptiste enseigne en paroles et en actes. Vrai maître, il montre par son exemple ce qu’affirme son langage. Le savoir fait le maître, mais c’est la conduite qui confère l’autorité. (…) Enseigner par les actes est la seule règle de celui qui veut instruire. L’instruction par les paroles, c’est le savoir ; mais quand elle passe dans les actes, c’est la vertu. Est donc authentique le savoir joint à la vertu : c’est elle, elle seule qui est divine et non humaine. (…)

« En ces jours-là, survient Jean le Baptiste, proclamant dans le désert de Judée : ‘Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche’ » (Mt 3,1-2). « Convertissez-vous. » Pourquoi ne dit-il pas plutôt : « Réjouissez-vous » ? « Réjouissez-vous plutôt, parce que les réalités humaines cèdent la place aux réalités divines, les terrestres aux célestes, les temporaires aux éternelles, le mal au bien, l’incertitude à la sécurité, le chagrin au bonheur, les réalités périssables à celles qui demeureront toujours. Le Royaume des cieux est tout proche. Convertissez-vous. » Que ta conduite de converti soit évidente. Toi qui as préféré l’humain au divin, qui as voulu être esclave du monde plutôt que vainqueur du monde avec le Seigneur du monde, convertis-toi. Toi qui as fui la liberté que les vertus t’auraient procurée parce que tu as voulu subir le joug du péché, convertis-toi ; convertis-toi vraiment, toi qui, par peur de posséder la Vie, t’es livré à la mort.

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

« Les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean le Baptiste. »

samedi 11 décembre 2021

Notre Seigneur témoigne de Jean qu’il est le plus grand des prophètes, mais il a reçu l’Esprit de façon mesurée, puisque Jean a obtenu un esprit pareil à celui qu’avait reçu Élie.

De même qu’Élie était demeuré dans la solitude, ainsi l’Esprit de Dieu a emmené Jean demeurer dans le désert, dans les montagnes et dans les grottes. Un corbeau avait volé au secours d’Élie pour le nourrir ; Jean mangeait des sauterelles volantes. Élie portait une ceinture de peau ; Jean portait un pagne de peau autour des reins. Élie a été persécuté par Jézabel ; Hérodiade a persécuté Jean. Élie avait réprimandé Achab ; Jean a réprimandé Hérode. Élie avait divisé les eaux du Jourdain ; Jean a ouvert le baptême. Le double de l’esprit d’Élie s’est posé sur Élisée ; Jean a imposé les mains à notre Sauveur, qui a reçu l’Esprit sans mesure (Jn 3,34). Élie ouvrit le ciel et s’éleva, Jean vit les cieux ouverts et l’Esprit de Dieu descendre et se poser sur notre Sauveur.

Aphraate (?-v. 345)

 

 

« Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux subit la violence. »

jeudi 9 décembre 2021

« Quelqu’un lutta avec Jacob jusqu’au lever du jour…, et Jacob lui dit : ‘ Je ne te lâcherai pas avant que tu m’aies béni ‘ » (Gn 32,25.27) Pour vous, mes frères, qui avez entrepris d’enlever le ciel d’assaut et qui avez engagé la lutte avec l’ange chargé de garder l’accès de l’arbre de vie (Gn 3,24), pour vous il est absolument nécessaire de lutter avec constance et ténacité…, non seulement jusqu’à la paralysie de votre hanche…, mais jusqu’à la mort de votre être charnel. Toutefois, votre ascèse ne pourra y parvenir que si la puissance divine vous touche et vous en fait la grâce…

Ne te semble-t-il pas lutter avec l’ange ou plutôt avec Dieu lui-même, lorsque, chaque jour, il se met en travers de tes désirs les plus fougueux ?… Tu cries vers lui et il ne t’écoute pas. Tu veux t’approcher de lui, et il te repousse. Tu décides quelque chose, et il fait arriver le contraire. Ainsi, sur presque tous les plans, il te combat d’une main rude. Ô bonté cachée, déguisée en dureté, avec quelle tendresse, Seigneur, tu combats ceux pour qui tu combats ! Tu as beau « le cacher dans ton cœur », « je sais bien que tu aimes ceux qui t’aiment », et que « l’abondance de la bonté que tu tiens en réserve pour ceux qui te craignent » est sans limites (Jb 10,13; Pr 8,17; Ps 30,20).

Alors, frère, ne désespère pas, agis courageusement, toi qui as entrepris de lutter avec Dieu ! A vrai dire, il aime que tu lui fasses violence, il désire que tu l’emportes sur lui. Même quand il est irrité et qu’il étend le bras pour frapper, il cherche, comme il le dit lui-même, un homme semblable à Moïse qui sache lui résister… Jérémie, lui, a bien tenté de lui résister, mais il n’a pas pu retenir sa colère implacable, sa sentence inflexible ; c’est pourquoi il a fondu en larmes en disant : « Tu as été plus fort que moi, et tu l’as emporté » (20,7).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)