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Archive pour le mot-clef ‘St François Xavier’

« Proclamer le règne de Dieu. »

mercredi 27 septembre 2023

Depuis que je suis venu ici, je n’ai pas arrêté : je parcourais activement les villages, je baptisais tous les bébés qui ne l’avaient pas encore été. (…) Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le Royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent (Mc 10,14). Aussi, comme je ne pouvais sans impiété repousser une requête aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, je leur enseignais le Symbole des Apôtres, le Pater Noster et l’Ave Maria. J’ai remarqué qu’ils étaient très doués ; s’il y avait quelqu’un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens.

Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu’il n’y a personne aujourd’hui pour en faire des chrétiens. J’ai très souvent eu l’idée de parcourir toutes les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour hurler partout d’une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant : « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer ! »

De même qu’ils se consacrent aux belles-lettres, s’ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés ! Beaucoup d’entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s’entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du cœur : « Seigneur, me voici ; que veux-tu que je fasse ? (Ac 9,10; 22,10) Envoie-moi n’importe où, où tu voudras, même jusque dans les Indes. »

Saint François Xavier (1506-1552)

 

 

 

Vivre en bon gérant des dons de Dieu

vendredi 4 novembre 2022

De ces régions [l’Inde et le Sri Lanka] je ne sais que vous écrire sinon ceci : si grandes sont les consolations communiquées par Dieu notre Seigneur à ceux qui vont parmi les païens pour les convertir à la foi du Christ, que, s’il est quelque joie en cette vie, c’est bien celle-ci. Souvent il m’arrive d’entendre dire à quelqu’un qui va au milieu de ces chrétiens : « Seigneur, ne me donnez pas tant de consolations en cette vie ! Mais puisque, dans votre bonté et miséricorde infinies, vous me les donnez, emmenez-moi dans votre sainte gloire ! Il y a en effet tant de peine à vivre sans vous voir, une fois que vous vous êtes montré ainsi à votre créature. » Ah, si ceux qui cherchent le savoir dans les études se donnaient autant de peine pour chercher ces consolations de l’apostolat qu’ils se donnent jour et nuit à la poursuite du savoir ! Si les joies que cherche un étudiant dans ce qu’il apprend, il les cherchait en faisant sentir à son prochain ce qui lui est nécessaire pour connaître et servir Dieu, combien il se trouverait plus consolé et mieux préparé à rendre compte de lui-même, lorsque le Christ reviendra et lui demandera : « Rends-moi compte de ta gestion »…

Je termine en demandant à Dieu notre Seigneur…qu’il nous rassemble dans sa sainte gloire. Et pour nous obtenir ce bienfait, prenons pour intercesseurs et avocats toutes les âmes saintes des régions où je me trouve… À toutes ces saintes âmes, je demande de nous obtenir de Dieu notre Seigneur, tout au long de ce temps qui reste de notre séparation, la grâce de sentir au fond de notre âme sa très sainte volonté et de l’accomplir parfaitement.

Saint François Xavier (1506-1552)

 

 

« En dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

lundi 23 juillet 2018

Que personne ne nourrisse l’illusion de penser qu’il se signalera dans de grandes choses, s’il ne se signale d’abord dans les choses humbles. Croyez-moi, il y a bien des espèces de ferveurs, et, pour mieux dire, de tentations… Certains, pour ne pas renoncer à leur volonté en exécutant ce que l’obéissance leur prescrit, désirent faire d’autres choses plus importantes, sans remarquer que si l’on manque de vertu pour les petites choses, on en aura encore moins pour les grandes. En effet, quand ils se lancent dans des choses grandes et difficiles, avec peu d’abnégation et de force d’âme, ils en viennent à reconnaître leurs ferveurs pour des tentations, car ils se trouvent alors sans forces… Je ne vous écris pas cela pour détourner vos cœurs des entreprises les plus ardues, où vous vous signalerez comme de grands serviteurs de Dieu et par où vous laisserez souvenir de vous à vos successeurs. Je le dis seulement pour que, dans les petites choses, vous vous montriez grands, que vous progressiez beaucoup dans la connaissance des tentations et de votre valeur propre, et que vous mettiez toute votre force en Dieu. Si vous persévérez dans cette voie, je ne doute pas que vous ne croissiez continuellement en humilité et vie intérieure, et que vous ne fassiez beaucoup de fruit dans les âmes, vivant dans la paix et la sécurité partout où vous vous trouverez.

 

Saint François Xavier (1506-1552), missionnaire jésuite

Lettre du 05/11/1549, n°90, 34-36 (trad. Cerf 1996, p. 119)

Un grand missionnaire prêt à perdre sa vie

vendredi 17 février 2017

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Ce pays… est très dangereux, car ses habitants, pleins de perfidie, mêlent souvent le poison à la nourriture et à la boisson. Voilà pourquoi il ne se trouve personne pour y aller s’occuper des chrétiens. Mais ceux-ci ont besoin d’un enseignement spirituel et de quelqu’un qui les baptise pour sauver leur âme ; c’est pourquoi je ressens l’obligation de perdre ma vie corporelle pour porter secours à la vie spirituelle du prochain… Je place mon espérance et ma confiance en Dieu notre Seigneur, avec le désir de me conformer, selon mes pauvres petits moyens, à la parole du Christ, notre Rédempteur et Seigneur : « Qui veut sauver sa vie, la perdra ; qui la perdra à cause de moi, la sauvegardera »…

Il est facile, bien sûr, ce comprendre les mots et le sens général de cette parole du Seigneur ; cependant quand on veut la mettre en pratique et se disposer à décider de perdre sa vie pour Dieu afin de la retrouver en lui, quand on s’expose aux périls où l’on pressent la probabilité d’y laisser sa vie…, tout devient si obscur que les mots, pourtant si clairs, viennent à s’obscurcir eux aussi. En pareil cas, me semble-t-il, seul arrive à comprendre celui — si savant soit-il — à qui Dieu notre Seigneur, dans son infinie miséricorde, daigne l’expliquer dans ses circonstances particulières. C’est alors que l’on reconnaît la condition de notre chair, c’est-à-dire combien elle est faible et infirme.

Saint François Xavier (1506-1552), missionnaire jésuite
Lettre du 10 mai 1546 (trad. coll. Foi vivante Cerf, 1996, p. 58 rev.)

 

StMarc8

 

 

 

 

 

 

« Proclamer le règne de Dieu »

mercredi 25 septembre 2013

Beatus-de-Libéana-Trompête-eschatologique-le-septième-ange-proclame-le-Royaume-de-Dieu-Ap-11-15

Depuis que je suis venu ici, je n’ai pas arrêté : je parcourais activement les villages, je baptisais tous les bébés qui ne l’avaient pas encore été… Quant aux enfants, ils ne me laissaient ni réciter l’office divin, ni manger ni me reposer tant que je ne leur avais pas enseigné une prière. Alors j’ai commencé à saisir que le Royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent (Mc 10,14). Ainsi, comme je ne pouvais pas sans impiété repousser une demande aussi pieuse, en commençant par la confession de foi au Père, au Fils et à l’Esprit Saint, je leur enseignais le Credo des Apôtres, le Pater Noster et l’Ave Maria. J’ai remarqué qu’ils étaient très doués ; s’il y avait quelqu’un pour les former à la foi chrétienne, je suis sûr qu’ils deviendraient de très bons chrétiens.

Dans ce pays, quantité de gens ne sont pas chrétiens uniquement parce qu’il n’y a personne aujourd’hui pour en faire des chrétiens. J’ai très souvent eu l’idée de parcourir toutes les universités d’Europe, et d’abord celle de Paris, pour crier partout d’une manière folle et pousser ceux qui ont plus de doctrine que de charité, en leur disant : « Hélas, quel nombre énorme d’âmes, exclu du ciel par votre faute, s’engouffre dans l’enfer ! »

De même qu’ils se consacrent aux belles-lettres, s’ils pouvaient seulement se consacrer aussi à cet apostolat, afin de pouvoir rendre compte à Dieu de leur doctrine et des talents qui leur ont été confiés ! Beaucoup d’entre eux, bouleversés par cette pensée, aidés par la méditation des choses divines, s’entraîneraient à écouter ce que le Seigneur dit en eux et, en rejetant leurs ambitions et leurs affaires humaines, ils se soumettraient tout entiers, définitivement, à la volonté et au décret de Dieu. Oui, ils crieraient du fond du cœur : « Seigneur, me voici ; que veux-tu que je fasse ? (Ac 9,10; 22,10) Envoie-moi n’importe où, où tu voudras, même jusque dans les Indes. »

Saint François Xavier (1506-1552), missionnaire jésuite
Lettres 4 et 5 à Saint Ignace de Loyola (trad. bréviaire 03/12)