ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Pentecôte’

Pentecôte

dimanche 9 juin 2019

 

 

L’homme n’est rien pour lui-même, mais il est beaucoup avec l’Esprit Saint. L’homme est tout terrestre et tout animal ; il n’y a que l’Esprit Saint qui puisse élever son âme et le porter en haut.

Comme ces lunettes qui grossissent les objets, le Saint-Esprit nous fait voir le bien et le mal en grand. Avec le Saint-Esprit, on voit tout en grand : on voit la grandeur des moindres actions faites pour Dieu, et la grandeur des moindres fautes. Comme un horloger avec ses lunettes distinguent les plus petits rouages d’une montre, avec les lumières du Saint-Esprit nous distinguons tous les détails de notre pauvre vie.

Sans le Saint-Esprit, tout est froid : aussi lorsqu’on sent que la ferveur se perd, il faut vite faire une neuvaine au Saint-Esprit pour demander la foi et l’amour !

Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859)

 

 

 

 

Le Feu de la Pentecôte

dimanche 20 mai 2018

Sept semaines après la résurrection, le cinquantième jour, « les disciples étant réunis avec les femmes et Marie la Mère de Jésus, tout à coup un bruit vint du ciel semblable au bruit d’un vent qui souffle avec force » (Cf. Ac 1,14 ; 2,1-2).

L’Esprit descendit alors sur cette troupe de cent vingt personnes et apparut sous la forme de langues de feu, parce qu’il allait donner la parole à leur bouche, la lumière à leur intelligence et l’ardeur à leur amour. Tous furent remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en diverses langues selon l’inspiration de ce même Saint-Esprit. Il leur enseigna toute vérité, les enflamma du parfait amour et les confirma en toute vertu. Aussi, aidés de sa grâce, illuminés par sa doctrine et fortifiés par sa puissance, bien que peu nombreux et simples, « ils plantèrent l’Église au prix de leur sang », [Brev. Rom.] dans le monde entier, tantôt par des discours enflammés, tantôt par de parfaits exemples, tantôt par de prodigieux miracles.

Cette Église purifiée, illuminée et amenée à perfection par la vertu de ce même Esprit-Saint, se rendit aimable à son Époux, si bien qu’elle apparut toute belle, admirable par ses ornements variés, et au contraire terrible, comme une armée rangée en bataille, à Satan et à ses anges.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
L’Arbre de Vie, n°39 (Œuvres spirituelles, tome 3, Sté S. François d’Assise, 1932, pp.108-109 ; trad. du P. Jean de Dieu ; rev.)

 

 

Joie de la vision du Seigneur ressuscité, joie de la vision de gloire

vendredi 11 mai 2018

Après avoir appliqué la comparaison (de la femme qui enfante) à la tristesse des Apôtres; le Seigneur l’applique à leur joie future.

Il leur promet premièrement qu’ils le reverront, lorsqu’il dit : ‘Mais de nouveau je vous verrai’. Toutefois il ne dit pas : ‘vous me verrez’, mais ‘je vous verrai’, parce que le fait de se montrer lui-même provient de sa miséricorde, signifiée par son regard. Il dit donc : ‘Mais de nouveau je vous verrai’, à l’heure de la Résurrection et dans la gloire future : « Tes yeux verront le roi dans sa beauté » (Is 33,17).

Il leur promet ensuite la joie du cœur et l’exultation, en disant : ‘et votre cœur sera dans la joie’ à savoir celle de me voir à la Résurrection. Aussi l’Église chante-t-elle : « Voici le jour que le Seigneur a fait, exultons et soyons dans l’allégresse » (Ps 117, 24). ‘Et votre cœur sera dans la joie’ également à cause de la vision de la gloire. « Tu m’empliras d’allégresse près de ta face » (Ps 15, 11) Pour tout être, en effet, il est naturel de trouver sa joie dans la contemplation de la réalité aimée. Or personne ne peut voir l’essence divine sans l’aimer. La joie accompagne donc nécessairement cette vision : Vous « le verrez », en le connaissant par l’intelligence, « et votre cœur se réjouira » (Is, 60,5) ; et cette joie elle-même rejaillira jusque sur le corps, lorsqu’il sera glorifié ; aussi Isaïe enchaîne-t-il : « et vos os seront florissants » (Is 66, 14). « Entre dans la joie de ton Seigneur ». (Mt 25, 21)

Enfin le Seigneur promet une joie qui durera toujours, lorsqu’il dit : ‘et votre joie’, celle que vous aurez à cause de moi à la Résurrection – « Je me réjouirai d’une grande joie dans le Seigneur » (Is 61,10) – ‘nul ne vous l’enlèvera’ puisque «ressuscitant des morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus sur lui d’empire (Rm 6,9). Ou encore, ‘votre joie’, la joie de jouir de la gloire, ‘nul ne vous l’enlèvera’ puisqu’elle ne peut être perdue et qu’elle est perpétuelle – « Une allégresse éternelle sera sur leur tête » (Is 35,10).

Cette joie, en effet nul ne se l’enlèvera lui-même par le péché, puisque là, la volonté de chacun aura été confirmée dans le bien ; et personne non plus n’enlèvera cette joie à un autre, puisqu’il n’y aura là aucune violence et que nul ne portera préjudice à un autre.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274), théologien dominicain, docteur de l’Église
Commentaire sur Jean, tome II § 2134 p.276 (Ed. du Cerf, trad. sous la direction du Père Philippe ; rev.)

 

 

 

 

 

« Quand il viendra, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. »

mercredi 9 mai 2018

La « clé de la connaissance » (Lc 11,52) n’est pas autre chose que la grâce du Saint-Esprit. Elle est donnée par la foi. Par l’illumination, elle produit très réellement la connaissance et même la connaissance plénière. Elle ouvre notre esprit enfermé et obscurci, souvent avec des paraboles et des symboles, mais aussi avec des affirmations plus claires… Faites donc bien attention au sens spirituel de la parole. Si la clé n’est pas bonne, la porte ne s’ouvre pas. Car, dit le Bon Pasteur, « c’est à lui que le portier ouvre » (Jn 10,3). Mais si la porte ne s’ouvre pas, personne n’entre dans la maison du Père, car le Christ a dit : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6).

Or, c’est l’Esprit Saint qui, le premier, ouvre notre esprit et nous enseigne ce qui concerne le Père et le Fils. Le Christ nous dit cela aussi : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur, et il vous guidera vers la vérité tout entière » (Jn 15,26; 16,13). Vous voyez comment, par l’Esprit ou plutôt dans l’Esprit, le Père et le Fils se font connaître, inséparablement…

Si on appelle le Saint-Esprit une clé, c’est parce que, par lui et en lui d’abord, nous avons l’esprit éclairé. Une fois purifiés, nous sommes illuminés par la lumière de la connaissance. Nous sommes baptisés d’en haut, nous recevons une nouvelle naissance et devenons enfants de Dieu, comme dit saint Paul : « L’Esprit Saint intervient pour nous par des cris inexprimables » (Rm 8,26). Et encore : « Dieu a donné son Esprit en nos cœurs qui crie : ‘Abba, Père’ » (Ga 4,6). C’est donc lui qui nous montre la porte, porte qui est lumière, et la porte nous apprend que celui qui habite dans la maison est lui aussi lumière inaccessible.

Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022), moine grec
Catéchèses, 33 ; SC 113 (trad. SC p. 255s rev. Delhougne, p. 225)

 

 

« C’est votre intérêt que je m’en aille. »

mardi 8 mai 2018

L’Esprit Saint a couvert la Vierge Marie de son ombre (Lc 1,35) et, le jour de la Pentecôte, il a fortifié les apôtres ; pour elle, c’était en vue d’adoucir l’effet de la venue de la divinité en son corps virginal et, chez eux, en vue de les « revêtir de la force d’en haut » (Lc 24,49), c’est-à dire de la charité la plus ardente… Comment, dans leur faiblesse, auraient-ils pu remplir leur mission de triompher de la mort sans cet « amour aussi fort que la mort » et de ne pas laisser « les portes de l’enfer prévaloir contre eux » sans cet « amour aussi inflexible que l’enfer » ? (Mt 16,18; Ct 8,6) Or, en voyant ce zèle, certains les croyaient ivres (Ac 2,13). Effectivement, ils étaient ivres, mais d’un vin nouveau…, celui que la « vraie vigne » avait laissé couler du haut du ciel, celui « qui réjouit le cœur de l’homme » (Jn 15,1; Ps 103,15)… C’était un vin nouveau pour les habitants de la terre, mais au ciel il se trouvait en abondance…, il coulait à flot dans les rues et sur les places de la cité sainte, où il répandait la joie du cœur…

Ainsi, il y avait au ciel un vin particulier que la terre ignorait. Mais la terre avait aussi quelque chose qui lui était propre et qui faisait sa gloire — la chair du Christ -– et les cieux avaient une grande soif de la présence de cette chair. Qui pourrait empêcher cet échange si sûr et si riche en grâce entre le ciel et la terre, entre les anges et les apôtres, de sorte que la terre possède l’Esprit Saint et le ciel la chair du Christ ?… « Si je ne m’en vais pas, dit Jésus, le Défenseur ne viendra pas à vous. » C’est-à-dire, si vous ne laissez pas partir ce que vous aimez, vous n’obtiendrez pas ce que vous désirez. « C’est votre intérêt que je m’en aille » et que je vous transporte de la terre au ciel, de la chair à l’esprit ; car le Père est esprit, le Fils est esprit, et l’Esprit Saint est aussi esprit… Et le Père « qui est esprit, recherche des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité » (Jn 4,23-24).

Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
3ème sermon pour la Pentecôte

 

 

Prière pour obtenir les sept dons du Saint-Esprit

dimanche 4 juin 2017

Les dons du Saint Esprit

Ô Jésus, par Vous, le Fils unique, pour nous fait homme, crucifié et glorifié, nous prions le Père très clément de nous accorder de ses trésors la grâce aux sept formes de l’Esprit qui reposa en toute plénitude sur Vous : esprit de sagesse, dis-je, pour goûter le fruit de l’arbre de vie que vous êtes véritablement et savourer ses vivifiantes douceur ; don d’intelligence qui illumine les regards de notre esprit ; don de conseil, qui nous conduise dans les voies étroites sur les traces de vos pas ; don de force, pour que nous puissions réduire à néant la violence des attaques ennemies ; don de science, afin que nous soyons remplis des lumières de votre sainte doctrine pour distinguer le bien du mal ; don de piété, qui nous donne des entrailles miséricordieuses ; don de crainte qui, en nous éloignant de tout mal, nous tienne dans la paix sous le poids du respect pour votre éternelle Majesté.

C’est là, en effet, ce que vous avez voulu que nous demandions dans cette sainte oraison que vous nous enseignâtes ; aussi, maintenant, nous vous demandons par votre Croix de nous les obtenir pour la gloire de Votre nom très saint, auquel soit avec le Père et le Saint-Esprit, tout honneur, louange, action de grâce, gloire et domination pendant tous les siècles. Ainsi soit-il.

Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
L’arbre de vie, n° 49 (Œuvres spirituelles de Saint Bonaventure, t.III, Le Christ Jésus ; Sté S. François d’Assise, 1932, pp.119-120, rev.)

 

 

 

 

« Comme tu étais redoutable Élie… toi qui a été emporté dans un tourbillon de feu…, toi qui a été préparé pour la fin des temps. » (Si 48,9-10)

samedi 10 décembre 2016


36873265

Devant la perversité des hommes, Élie le prophète a médité de rendre le châtiment plus dur encore. Ce que voyant, le Miséricordieux répondit au prophète : « Je sais le zèle que tu as pour le bien (1R 19,14), je connais ta bonne volonté, mais j’ai compassion des pécheurs quand ils sont punis sans mesure. Tu t’irrites parce que tu es sans reproche, tu ne peux pas te résigner ? Moi, je ne peux pas me résigner à ce qu’un seul se perde (Mt 18,14), car je suis le seul ami des hommes » (Sg 1,6).

Par la suite le Maître, voyant l’humeur abrupte du prophète à l’égard des hommes, s’est préoccupé de leur race. Il a éloigné Élie de la terre qu’ils habitaient, disant : « Éloigne-toi du séjour des hommes ; c’est moi qui, dans ma miséricorde, descendrai chez les hommes en me faisant homme. Quitte donc la terre et monte, puisque tu ne peux pas tolérer les fautes des hommes. Mais moi qui suis du ciel, je vivrai parmi les pécheurs et je les sauverai de leurs fautes, moi, le seul ami des hommes.

« Si tu ne peux pas habiter avec les hommes coupables, viens ici, habite le domaine de mes amis, là où il n’y a plus de péché. C’est moi qui vais descendre, car je peux prendre sur mes épaules et ramener la brebis égarée (Lc 15,5), et crier à ceux qui peinent : Accourez tous, pécheurs, venez à moi, reposez-vous (Mt 11,28). Car moi, je ne suis pas venu pour punir ceux que j’ai créés, mais pour arracher les pécheurs à l’impiété, moi, le seul ami des hommes. »

Ainsi Élie, quand il a été élevé aux cieux (2R 2,11), est apparu alors comme la figure de l’avenir. Ce Thesbite (1R 17,1) a été enlevé par un char de feu ; le Christ a été élevé parmi les nuées et les puissances (Ac 1,9). Le premier a laissé tomber du haut du ciel son manteau pour Élisée (2R 2,13) ; le Christ a envoyé à ses apôtres le Saint Esprit, le Défenseur (Jn 15,26), que nous les baptisés nous avons tous reçu et par qui nous sommes sanctifiés, comme l’enseigne à tous le seul ami des hommes.

Saint Romanos le Mélode (?-v. 560), compositeur d’hymnes
Hymne sur le prophète Élie (trad. SC 99, p. 337)

 

 

 

 

Pentecôte, l’achèvement de Pâques

dimanche 15 mai 2016

Pentecôte-Web

Le peuple juif célébrait la Pâque, vous le savez, par l’immolation d’un agneau qu’il mangeait avec des pains azymes. Cette immolation de l’agneau symbolisait l’immolation de Jésus Christ et les pains azymes la vie nouvelle purifiée de l’ancien levain… Et, cinquante jours après la Pâque, ce peuple fêtait le moment où Dieu a donné sur le mont Sinaï la Loi écrite de son doigt. À la préfiguration de la Pâque succède la Pâque en plénitude (1Co 5,7) ; Jésus Christ est immolé et nous fait passer de la mort à la vie. Le mot Pâque, en effet, signifie « passage », ce qu’exprime l’évangéliste quand il dit : « L’heure était venue où Jésus devait passer de ce monde à son Père » (Jn 13,1)…

La nouvelle Pâque est donc célébrée, le Seigneur est ressuscité, il nous fait passer de la mort à la vie…, et cinquante jours après, l’Esprit Saint, « le doigt de Dieu » (Lc 11,20), descend sur les disciples. Mais voyez quelle différence dans les circonstances. Là le peuple se tenait au loin : c’était la crainte et non l’amour qui le dominait… ; Dieu est descendu sur le mont Sinaï au milieu du feu, frappant le peuple d’épouvante… Au contraire, lorsque l’Esprit Saint est descendu, les disciples « étaient tous ensemble en un même lieu », et l’Esprit, loin de les effrayer du haut de la montagne, est entré dans la maison où ils étaient réunis (Ac 2,1s)…

« Ils virent, dit l’Écriture, comme un sorte de feu qui se partageait en langues. » Était-ce un feu qui provoquait la peur ? Pas du tout. « Ces langues se posèrent sur chacun d’eux et ils commencèrent à parler diverses langues selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. » Écoutez la langue qui parle et comprenez que c’est l’Esprit qui écrit, non sur la pierre mais dans les cœurs (Ex 31,18 ; 2Co 3,3). Ainsi donc, « la Loi de l’Esprit de vie » (Rm 8,2), écrite dans le cœur et non sur la pierre, est en Jésus Christ en qui la Pâque a été célébrée en toute vérité.

Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 155, 5-6 ; PL 38, 843

 

 

 

 

 

 

Pentecôte, solennité

dimanche 24 mai 2015

Pentecoste_BChers frères et sœurs!

Le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint descendit avec puissance sur les Apôtres ; ainsi commença la mission de l’Église dans le monde. Jésus avait lui-même préparé les Onze à cette mission en leur apparaissant plusieurs fois après sa résurrection (cf. Ac 1, 3). Avant son ascension au Ciel, il leur donna l’ordre de « ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4-5) ; il leur demanda en fait de demeurer ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Ils se réunirent en prière avec Marie au Cénacle, dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14).

Demeurer ensemble fut la condition posée par Jésus pour accueillir le don de l’Esprit Saint ; la condition nécessaire pour l’harmonie entre eux fut une prière prolongée. Une formidable leçon pour toute communauté chrétienne est présentée ici. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend essentiellement d’une programmation attentive, suivie d’une mise en œuvre intelligente à travers un engagement concret. Le Seigneur demande certes notre collaboration, mais avant toute réponse de notre part, son initiative est nécessaire : le vrai protagoniste de l’Église est son Esprit. Les racines de notre être et de notre action se trouvent dans le silence sage et prévoyant de Dieu.

Les images utilisées par saint Luc pour indiquer l’irruption de l’Esprit Saint – le vent et le feu – rappellent le Sinaï, où Dieu s’était révélé au peuple d’Israël et lui avait accordé son alliance (cf. Ex 19, 3sq). La fête du Sinaï, qu’Israël célébrait cinquante jours après Pâques, était la fête du Pacte. En parlant de langues de feu (cf. Ac 2, 3), saint Luc veut représenter la Pentecôte comme un nouveau Sinaï, comme la fête du nouveau Pacte, dans lequel l’Alliance avec Israël est étendue à tous les peuples de la Terre. L’Église est catholique et missionnaire depuis sa naissance. L’universalité du salut est démontrée de manière significative par la liste des nombreuses ethnies auxquelles appartiennent ceux qui écoutent la première annonce des Apôtres (cf. Ac 2, 9-11).

Le Peuple de Dieu, configuré pour la première fois, au Sinaï, est aujourd’hui élargi au point de ne plus connaître aucune frontière de race, de culture, d’espace ou de temps. Contrairement à ce qui s’était produit avec la tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9), lorsque les hommes, désireux de construire de leurs mains un chemin vers le ciel, avaient fini par détruire leur capacité même de se comprendre les uns les autres, à la Pentecôte, l’Esprit, à travers le don des langues, montre que sa présence unit et transforme la confusion en communion. L’orgueil et l’égoïsme de l’homme créent toujours des divisions, dressent des murs d’indifférence, de haine et de violence. L’Esprit Saint, en revanche, rend les cœurs capables de comprendre les langues de tous, car il rétablit le pont de la communication authentique entre la Terre et le Ciel. L’Esprit Saint est Amour.

Mais comment entrer dans le mystère de l’Esprit Saint, comment comprendre le secret de l’Amour ? La page de l’Évangile nous conduit aujourd’hui dans le Cénacle où, la dernière Cène étant terminée, un sentiment de désarroi rend les Apôtres tristes. La raison en est que les paroles de Jésus suscitaient en effet des interrogations inquiétantes : Il parle de la haine du monde envers Lui et envers les siens, il parle de son mystérieux départ, et de nombreuses choses restent encore à dire, mais pour le moment les Apôtres ne sont pas en mesure d’en porter le poids (cf. Jn 16, 12). Pour les réconforter, il explique la signification de son départ : il partira, mais reviendra ; en attendant, il ne les abandonnera pas, il ne les laissera pas orphelins. Il enverra le Consolateur, l’Esprit du Père, et ce sera l’Esprit qui fera savoir que une œuvre du Christ est une œuvre d’amour : amour de Celui qui s’est offert, amour du Père qui l’a donné.

Tel est le mystère de la Pentecôte : l’Esprit Saint éclaire l’esprit humain et, en révélant le Christ crucifié et ressuscité, il indique la voie pour devenir davantage semblables à Lui, c’est-à-dire être « expression et instrument de l’amour qui émane de Lui » (Deus caritas est, n. 33). Recueillie avec Marie, comme lors de sa naissance, l’Église prie aujourd’hui : « >>>Veni Creator Spiritus !- Viens, Esprit Saint, remplis les cœurs de tes fidèles et embrase-les du feu de ton amour ! ». Amen.

Homélie du Pape Benoît XVI

Source principale : vatican.va (« Rév. x gpm »).

 

 

 

 

« L’Esprit de vérité recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

mercredi 13 mai 2015

st-esprit

Au moment de quitter ses apôtres, comme ils étaient peinés, notre Seigneur les a consolés par la promesse d’un autre guide et enseignant, en qui ils pourraient mettre leur confiance et qui serait encore plus pour eux que ce qu’il avait été lui-même… Mais ce nouveau Consolateur miséricordieux, tout en apportant une plus grande grâce, ne pouvait pas cacher ou obscurcir ce qui avait précédé… Et en se manifestant, comment pourrait-il faire autre chose que manifester le Fils, lui qui ne fait qu’un avec le Fils, lui l’Esprit qui procède du Fils ? Comment aurait-il pu ne pas jeter une lumière nouvelle sur la compassion et les perfections de celui dont la mort en croix ouvrait à l’Esprit Saint un accès miséricordieux au cœur de l’homme ?…

Le Christ a dit explicitement à ses apôtres : « Il me glorifiera »… Comment l’Esprit rend-il gloire au Fils de Dieu ? Il révèle que celui qui se donnait pour le Fils de l’homme était le Fils unique du Père (Jn 1,18)… Notre Sauveur avait bien déclaré qu’il était le Fils de Dieu…, il avait dit tout ce qu’il faut nous dire, mais ses apôtres ne l’avaient pas compris. Même en confessant leur foi avec conviction sous l’action secrète de la grâce de Dieu, ils ne comprenaient pas encore tout ce qu’ils affirmaient…

Les paroles de notre Sauveur demeurent mais attendent quelque temps leur éclaircissement ; c’est bien ce qu’il réservait pour l’heure de la venue de celui qu’il devait envoyer. C’est l’Esprit qui mettrait en pleine lumière sa personne et ses paroles… Apparemment, ce n’est qu’après sa résurrection et surtout après son ascension, lorsque l’Esprit Saint est descendu, que les apôtres ont compris qui avait été avec eux.

Bienheureux John Henry Newman (1801-1890), Cardinal, théologien, fondateur de l’Oratoire en Angleterre
Sermon « Christ Manifested in Remembrance », PPS t. 4, n°17