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Archive pour le mot-clef ‘Julienne de Norwich’

« Frappez, la porte vous sera ouverte. »

mercredi 30 octobre 2019

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Notre Seigneur m’a fait une révélation sur la prière. J’ai vu qu’elle repose sur deux conditions : la rectitude et une confiance ferme. Très souvent, notre confiance n’est pas totale. Nous ne sommes pas sûrs que Dieu nous écoute, car nous pensons que nous en sommes indignes et d’ailleurs nous ne ressentons rien. Nous sommes souvent aussi secs et stériles après notre prière qu’avant. Notre faiblesse vient de ce sentiment de notre sottise, comme je l’ai moi-même éprouvé. Tout cela, notre Seigneur me l’a présenté soudain à l’esprit et m’a dit : « Je suis l’origine de ta supplication. D’abord, c’est moi qui veux te faire ce don, puis je fais en sorte que toi tu le veuilles aussi. Je t’incite à implorer, et tu implores : comment alors serait-il possible que tu n’obtiennes pas ce que tu demandes ? »

Notre bon Seigneur m’a donné ainsi un grand réconfort… Lorsqu’il a dit : « Et tu implores », il m’a montré le grand plaisir que lui cause notre supplication et la récompense infinie qu’il nous accordera en réponse à notre prière. Quand il a déclaré : « Comment serait-il possible que tu n’obtiennes pas ? », il en parle comme d’une impossibilité, car il est complètement impossible que nous ne recevions pas la grâce et la miséricorde lorsque nous les demandons. En effet, tout ce que notre Seigneur nous fait implorer, il l’a ordonné pour nous de toute éternité. Par là, nous pouvons voir que ce n’est pas notre supplication qui est la cause de la bonté qu’il nous témoigne… : « J’en suis l’origine »…

La prière est un acte délibéré, vrai et persévérant de notre âme, qui s’unit et s’attache à la volonté de notre Seigneur, par l’opération douce et secrète du Saint Esprit. Notre Seigneur lui-même reçoit d’abord notre prière, me semble-t-il ; il la prend avec une grande reconnaissance et une grande joie, et il l’emporte en plein ciel et la dépose dans un trésor où elle ne périra jamais. Elle est là devant Dieu et tous ses saints, continuellement reçue, continuellement nous aidant dans nos besoins. Et quand nous entrerons dans la béatitude, elle nous sera rendue, contribuant à notre joie, avec des remerciements infinis et glorieux de la part de Dieu.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 41

 

 

 

 

Se convertir et ne pas périr

samedi 26 octobre 2019

Le péché est le fouet le plus cinglant qui puisse frapper toute âme élue. Il brise chacun, homme ou femme, l’abaissant tellement à ses propres yeux qu’il croit ne plus mériter que de tomber en enfer, jusqu’au moment où, touché par le Saint-Esprit, il est saisi de contrition et voit son amertume se changer en espérance dans la miséricorde divine. Alors ses blessures commencent à guérir et son âme à vivre, dès qu’il se tourne vers la vie de la sainte Église. Le Saint-Esprit le conduit à la confession, pour y avouer de plein gré ses péchés, en toute nudité et franchise, avec une grande tristesse et la honte d’avoir souillé la belle image de Dieu. Il reçoit sa pénitence pour chaque péché de la part de son confesseur, ainsi qu’il est établi dans la sainte Église par l’enseignement du Saint-Esprit. Et cette humilité plaît grandement à Dieu. (…)

Notre Seigneur nous garde avec un très grand soin, même quand nous nous croyons presque abandonnés, rejetés, à cause de nos péchés et voyons que nous l’avons mérité. L’humilité que nous acquérons par là nous relève bien haut aux yeux de Dieu. La grâce divine fait naître une si grande contrition, compassion et vraie soif de Dieu, que le pécheur, soudain délivré du péché et de la peine, est élevé jusqu’à la béatitude, à l’égal des grands saints.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »

lundi 18 mars 2019

À mes yeux, la miséricorde [de Dieu], c’est l’amour qui œuvre avec douceur et plénitude de grâce, dans une compassion surabondante. Elle est à l’œuvre pour nous garder ; elle est à l’œuvre pour que toutes choses tournent pour notre bien. Elle permet, par amour, que nous défaillions, dans une certaine mesure. Autant nous défaillons, autant de fois nous tombons ; autant nous tombons, autant nous mourons… Cependant, l’œil doux de la pitié et de l’amour ne se détache jamais de nous ; l’œuvre de la miséricorde ne cesse pas.

J’ai vu quel est le propre de la miséricorde et j’ai vu quel est le propre de la grâce : ce sont deux aspects de l’œuvre d’un seul amour. La miséricorde est un attribut de compassion, provenant de la tendresse maternelle ; la grâce est un attribut de gloire, provenant de la puissance royale du Seigneur dans le même amour. La miséricorde œuvre pour garder, supporter, vivifier, et guérir : en tout cela elle est tendresse d’amour. La grâce fait œuvre pour élever et récompenser, infiniment au-delà de ce que méritent notre désir et notre labeur ; elle répand et manifeste la largesse que Dieu, notre souverain Seigneur, nous prodigue en sa merveilleuse courtoisie. Tout cela vient de l’abondance de son amour. Car la grâce change notre défaillance terrible en une consolation abondante et sans fin, la grâce change notre chute honteuse en un relèvement sublime et glorieux, la grâce change notre triste mourir en une vie sainte et bienheureuse.

Je l’ai vu en vérité : chaque fois que notre perversité nous conduit ici-bas à la douleur, la honte et l’affliction, au ciel la grâce, au contraire, nous conduit au réconfort, la gloire et la félicité. Et avec une telle surabondance qu’en arrivant là-haut pour y recevoir la récompense que la grâce y a préparée pour nous, nous remercierons et bénirons notre Seigneur, nous réjouissant sans fin d’avoir souffert de telles adversités. Et cet amour bienheureux sera de telle nature que nous connaîtrons en Dieu des choses que nous n’aurions jamais pu connaître sans être passés par ces épreuves.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

« Et il aura en héritage la vie éternelle. »

mardi 21 août 2018

Le Christ est notre voie (Jn 14,6). Il nous conduit avec sécurité dans ses préceptes ; dans son corps il nous porte au ciel avec puissance. J’ai vu qu’ayant en lui nous tous qu’il sauvera, avec dévotion il fait don de nous à son Père céleste, don que le Père reçoit avec une grande reconnaissance et qu’il remet courtoisement à son Fils Jésus Christ. Ce don et ce geste sont joie pour le Père, félicité pour le Fils et réjouissance pour le Saint-Esprit. Parmi tout ce que nous pouvons faire, il n’est rien qui soit plus agréable à notre Seigneur que de nous voir nous réjouir en cette joie qu’a la Trinité pour notre salut… Quoi que nous ressentions — joie ou tristesse, fortune ou infortune — Dieu veut que nous comprenions et croyions que nous sommes plus véritablement au ciel que sur terre. Notre foi vient de l’amour naturel que Dieu a déposé dans notre âme, de la claire lumière de notre raison et de l’intelligence inébranlable que nous recevons de Dieu, depuis le premier instant où nous avons été créés. Lorsque notre âme est insufflée dans notre corps rendu sensible, la miséricorde et la grâce commencent leur œuvre en prenant soin de nous et en nous gardant avec pitié et amour. Par cette opération le Saint-Esprit forme en notre foi l’espérance de retourner à notre substance supérieure, à la puissance du Christ, développée et amenée à sa plénitude par le Saint-Esprit… Car à l’instant même où notre âme est créée sensible, elle devient la cité de Dieu, préparée pour lui de toute éternité (He 11,16; Ap 21,2-3). Dans cette cité il vient ; jamais il ne la quittera, car jamais Dieu n’est hors de l’âme ; il y demeurera dans la béatitude à tout jamais.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise

 

 

 

« Prendre place au festin dans le royaume de Dieu »

mercredi 29 octobre 2014

relever

[Quand le pécheur reconnaît sa faute], la grâce divine fait naître une si grande contrition, compassion et vraie soif de Dieu, que le pécheur, soudain délivré du péché et de la peine, est relevé… La contrition nous purifie, la compassion nous prépare, la vraie soif de Dieu nous rend dignes. Selon ma façon de comprendre, voilà les trois moyens par lesquels toutes les âmes vont au ciel, c’est-à-dire celles qui ont péché sur terre et qui seront sauvées. Car toute âme pécheresse doit être guérie par ces trois remèdes. Même guérie, ses blessures demeurent devant Dieu, non plus en tant que blessures, mais en tant que signes glorieux. En contrepartie de notre punition ici-bas par la souffrance et par la pénitence, au ciel nous serons récompensés par l’amour bienveillant de notre Seigneur… Il considère le péché de ceux qui l’aiment comme une tristesse et une souffrance, mais, à cause de son amour, pas comme condamnable. La récompense que nous recevrons ne sera pas minime, mais éminente, honorable, glorieuse ; et ainsi la honte sera changée en gloire et en joie.

Car en sa bienveillance, notre Seigneur ne veut pas que ses serviteurs désespèrent par suite de leurs chutes fréquentes et pitoyables ; nos chutes ne l’empêchent pas de nous aimer… Il veut que nous sachions qu’il est le fondement de toute notre vie dans l’amour et, plus encore, qu’il est notre protecteur éternel, nous défendant avec puissance contre tous les ennemis qui s’acharnent furieusement sur nous. Et, hélas, nous avons grandement besoin de lui puisque nous leur donnons souvent prise sur nous par nos chutes.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 39

 

 

 

« Il fait lever le soleil sur les méchants et sur les bons. »

mardi 17 juin 2014

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Tout tournera en bien : la plénitude de la joie, c’est de voir Dieu en tout. Par la même puissance, sagesse et amour bénis avec lesquels il a créé toute chose, il conduit tout continuellement au même but et il ramènera tout à lui. Quand le temps sera venu, nous verrons cela… Tout ce que fait notre Seigneur est juste ; tout ce qu’il permet contribue à son dessein — le bien et le mal. Car tout ce qui est bon, c’est l’œuvre de notre Seigneur ; ce qui est mal, il le permet. Je ne dis pas que le mal est valable ; mais je dis que ce que permet notre Seigneur contribue à son dessein. Ainsi, sa bonté sera connue à tout jamais, ainsi que les merveilles de son humilité et de sa douceur, dans cette œuvre de miséricorde et de grâce…

Dieu lui-même est droiture par excellence ; toutes ses œuvres sont justes, ordonnées qu’elles sont de toute éternité par sa haute puissance, sa haute sagesse, sa haute bonté. De même qu’il a tout établi pour le mieux, de même il œuvre sans cesse avec droiture et conduit chaque chose à sa fin… Nous sommes gardés merveilleusement et à jamais dans cette droiture, plus que toute autre créature.

Et la miséricorde est une œuvre qui provient de la bonté de Dieu ; elle continuera aussi longtemps qu’il sera permis au péché de tourmenter les âmes justes… Dieu permet que nous tombions ; mais il nous garde par sa puissance et sa sagesse. Par sa miséricorde et sa grâce, il nous élève à une joie infiniment plus grande. Ainsi veut-il être connu et aimé dans la droiture et dans la miséricorde, maintenant et à jamais.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 35

 

 

 

 

« Je suis venu appeler…les pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

samedi 8 mars 2014

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Dieu m’a montré un seigneur assis solennellement dans la paix et le repos ; avec douceur il a envoyé son serviteur accomplir sa volonté. Le serviteur a couru en grande hâte, par amour ; mais voilà qu’il est tombé dans un ravin et s’est blessé gravement… Dans ce serviteur, Dieu m’a montré le mal et l’aveuglement provoqués par la chute d’Adam ; et dans ce même serviteur la sagesse et la bonté du Fils de Dieu. Dans le seigneur, Dieu m’a montré sa compassion et sa pitié pour le malheur d’Adam, et dans ce même seigneur la haute noblesse et la gloire infinie à laquelle l’humanité est élevée par la Passion et la mort du Fils de Dieu. C’est pourquoi notre Seigneur se réjouit beaucoup de sa propre chute [dans ce monde et dans sa Passion], à cause de l’exaltation et de la plénitude de bonheur auxquelles parvient le genre humain, surpassant certainement celui que nous aurions eu si Adam n’était pas tombé…

Ainsi nous avons une raison de nous affliger, car notre péché est la cause des souffrances du Christ, et nous avons constamment une raison de nous réjouir, car c’est son amour infini qui l’a fait souffrir… S’il arrive que par aveuglement et faiblesse nous tombions, alors relevons-nous promptement, sous le doux toucher de la grâce. De toute notre volonté corrigeons-nous en suivant l’enseignement de la sainte Église, selon la gravité du péché. Avançons vers Dieu dans l’amour ; ne nous laissons jamais aller au désespoir, mais ne soyons pas trop téméraires, comme si cela n’avait pas d’importance. Reconnaissons franchement notre faiblesse, sachant que, à moins que la grâce ne nous garde, nous ne tiendrons pas le temps d’un clin d’œil…

Il est légitime que notre Seigneur désire que nous nous accusions et que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, notre chute et tout le mal qui s’ensuit, conscients que nous ne pourrons jamais les réparer. Il veut en même temps que nous reconnaissions, loyalement et en vérité, l’amour éternel qu’il a pour nous et l’abondance de sa miséricorde. Voir et connaître l’un et l’autre ensemble par sa grâce, voilà l’humble confession que notre Seigneur attend de nous et qui est son œuvre dans notre âme.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 51-52

 

 

 

 

« Tous ceux qui souffraient de quelque mal se précipitaient sur lui pour le toucher. »

jeudi 23 janvier 2014

TOURNESOLAussi longtemps que nous vivrons, quand en notre folie nous tournons notre regard vers ce qui est réprouvé, notre Seigneur Dieu nous touche avec tendresse et nous appelle avec une grande joie, en disant en notre âme : « Laisse là ce que tu aimes, mon enfant très cher. Tourne-toi vers moi ; je suis tout ce que tu veux. Réjouis-toi dans ton sauveur et dans ton salut. » Je suis sûre que l’âme perspicace par la grâce verra et sentira que notre Seigneur opère ainsi en nous. Car si cette œuvre concerne l’humanité en général, tout homme en particulier n’en est pas exclu…

Qui plus est, Dieu a éclairé spécialement mon intelligence et m’a enseigné sur la façon dont il opère les miracles : « On sait que j’ai accompli déjà ici-bas beaucoup de miracles, éclatants et merveilleux, glorieux et grands. Ce que j’ai fait alors, je le fais encore continuellement, et je le ferai dans les temps à venir. » Nous savons que tout miracle est précédé par des souffrances, des angoisses, des tribulations. C’est pour que nous prenions conscience de notre faiblesse et des sottises que nous commettons à cause de notre péché et, par là, pour que nous devenions humbles et criions à Dieu, implorant son secours et sa grâce. Les miracles surgissent ensuite ; ils proviennent de la haute puissance, sagesse et bonté de Dieu et révèlent sa force et les joies du ciel, autant que cela est possible en cette vie passagère. Ainsi notre foi se fortifie et notre espérance grandit dans l’amour. Voilà pourquoi il plaît à Dieu d’être connu et glorifié par des miracles. Il veut que nous ne soyons pas accablés par la tristesse et les tempêtes qui s’abattent sur nous ; il en est toujours ainsi avant les miracles !

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 36

 

 

 

 

« Bien avant l’aube…, Jésus alla dans un endroit désert, et là il priait. »

mercredi 15 janvier 2014

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La prière unit l’âme à Dieu. Même si notre âme est toujours semblable à Dieu par sa nature, restaurée qu’elle est par la grâce, de fait elle lui est souvent dissemblable par suite du péché. La prière témoigne alors que l’âme devrait vouloir ce que Dieu veut ; elle réconforte la conscience ; elle rend apte à recevoir la grâce. Dieu nous enseigne ainsi à prier avec une confiance ferme que nous recevrons ce pour quoi nous prions ; car il nous regarde avec amour et veut nous associer à sa volonté et à son action bienfaisantes. Il nous incite donc à prier pour ce qu’il lui plaît de faire…; il semble nous dire : « Qu’est-ce qui pourrait me plaire davantage que de me supplier avec ferveur, sagesse et insistance afin d’accomplir mes desseins ? » Par la prière donc, l’âme s’accorde avec Dieu.

Mais lorsque par sa grâce et sa courtoisie, notre Seigneur se révèle à notre âme, alors nous obtenons ce que nous désirons. À ce moment-là, nous ne voyons plus ce que nous pourrions demander d’autre. Tout notre désir, toute notre force sont fixés entièrement en lui pour le contempler. C’est une haute prière, impossible à sonder, il me semble. Tout l’objet de notre prière est d’être uni, par la vision et par la contemplation, à celui que nous prions, avec une joie merveilleuse et une crainte respectueuse, dans une si grande douceur et délice que nous ne pouvons plus prier en ces moments que comme il nous conduit. Je le sais, plus Dieu se révèle à l’âme, plus elle a soif de lui, par sa grâce. Mais lorsque nous ne le voyons pas, alors nous ressentons le besoin et l’urgence de prier Jésus, à cause de notre faiblesse et de notre incapacité.

Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 43

 

 

 

 

Révélation sur la prière

mercredi 9 octobre 2013

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Notre Seigneur m’a fait une révélation sur la prière.

J’ai vu qu’elle repose sur deux conditions : la rectitude et une confiance ferme.
Très souvent, notre confiance n’est pas totale. Nous ne sommes pas sûrs que Dieu nous écoute, car nous pensons que nous en sommes indignes et d’ailleurs nous ne ressentons rien.
Nous sommes souvent aussi secs et stériles après notre prière qu’avant.
Notre faiblesse vient de ce sentiment de notre sottise, comme je l’ai moi-même éprouvé.
Tout cela, notre Seigneur me l’a présenté soudain à l’esprit et m’a dit : « Je suis l’origine de ta supplication. D’abord, c’est moi qui veux te faire ce don, puis je fais en sorte que toi tu le veuilles aussi. Je t’incite à implorer, et tu implores : comment alors serait-il possible que tu n’obtiennes pas ce que tu demandes ? »
Notre bon Seigneur m’a donné ainsi un grand réconfort… Lorsqu’il a dit : « Et tu implores », il m’a montré le grand plaisir que lui cause notre supplication et la récompense infinie qu’il nous accordera en réponse à notre prière.
Quand il a déclaré : « Comment serait-il possible que tu n’obtiennes pas ? », il en parle comme d’une impossibilité, car il est complètement impossible que nous ne recevions pas la grâce et la miséricorde lorsque nous les demandons.
En effet, tout ce que notre Seigneur nous fait implorer, il l’a ordonné pour nous de toute éternité. Par là, nous pouvons voir que ce n’est pas notre supplication qui est la cause de la bonté qu’il nous témoigne… : « J’en suis l’origine »
… La prière est un acte délibéré, vrai et persévérant de notre âme, qui s’unit et s’attache à la volonté de notre Seigneur, par l’opération douce et secrète du Saint Esprit.
Notre Seigneur lui-même reçoit d’abord notre prière, me semble-t-il ; il la prend avec une grande reconnaissance et une grande joie, et il l’emporte en plein ciel et la dépose dans un trésor où elle ne périra jamais.
Elle est là devant Dieu et tous ses saints, continuellement reçue, continuellement nous aidant dans nos besoins.
Et quand nous entrerons dans la béatitude, elle nous sera rendue, contribuant à notre joie, avec des remerciements infinis et glorieux de la part de Dieu.
Julienne de Norwich (1342-après 1416), recluse anglaise
Révélations de l’amour divin, ch. 41