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Archive pour le mot-clef ‘Jésus’

« M’aimes-tu ? »

vendredi 3 juin 2022

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« Aimes-tu ? … M’aimes-tu ? … » Pour toujours, jusqu’à la fin de sa vie, Pierre devait avancer sur le chemin accompagné de cette triple question : « M’aimes-tu ? » Et il mesurait toutes ses activités à la réponse qu’il avait alors donnée. Quand il a été convoqué devant le Sanhédrin. Quand il a été mis en prison à Jérusalem, prison dont il ne devait pas sortir, et dont pourtant il est sorti. Et…à Antioche, puis plus loin encore, d’Antioche à Rome. Et lorsqu’à Rome il avait persévéré jusqu’à la fin de ses jours, il a connu la force des paroles selon lesquelles un Autre le conduisait là où il ne voulait pas. Et il savait aussi que, grâce à la force de ces paroles, l’Eglise « était assidue à l’enseignement des apôtres et à l’union fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.48)…

Pierre ne peut jamais se détacher de cette question : « M’aimes-tu ? » Il la porte avec lui où qu’il aille. Il la porte à travers les siècles, à travers les générations. Au milieu de nouveaux peuples et de nouvelles nations. Au milieu de langues et de races toujours nouvelles. Il la porte lui seul, et pourtant il n’est plus seul. D’autres la portent avec lui… Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd’hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M’aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C’est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d’être vécue.

Saint Jean-Paul II (1920-2005), pape
Homélie à Paris 30/05/80 (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)

 

 

 

« Qui peut remettre les péchés, sinon Dieu seul ? » (Mc 2,7)

jeudi 1 juillet 2021

« Et voilà qu’on lui apportait un paralysé. » Saint Matthieu dit simplement que ce paralytique a été apporté à Jésus. D’autres évangélistes racontent qu’il a été descendu par une ouverture dans le toit, et présenté au Sauveur sans formuler aucune demande, le laissant juger lui-même de la guérison…

L’Évangile dit « voyant la foi de ceux qui portaient le paralytique », c’est-à-dire de ceux qui l’avaient amené à Jésus. Considérez comment parfois le Christ ne fait aucun cas de la foi du malade : peut-être qu’il n’en est pas capable, étant inconscient ou possédé par un esprit mauvais. Ici cependant ce paralytique avait une grande confiance en Jésus ; autrement est-ce qu’il aurait permis qu’on le descende devant lui ? Le Christ répond à cette confiance par un prodige extraordinaire. Avec le pouvoir de Dieu lui-même, il pardonne les péchés de cet homme. Il montre ainsi qu’il est l’égal du Père, vérité qu’il avait déjà montré quand il a dit au lépreux : « Je le veux, sois guéri » (Mt 8,3)…et quand, par un seul mot, il avait calmé la mer déchaînée (Mt 8,26), ou quand, en tant que Dieu, il avait chassé les démons, qui reconnaissent en lui leur souverain et leur juge (Mt 8,32). Or ici, il montre à ses adversaires, à leur grand étonnement, qu’il est l’égal du Père.

Et le Sauveur montre ici, encore une fois, combien il repousse tout ce qui est spectaculaire ou source de vaine gloire. La foule le presse de tous côtés, mais il ne s’empresse pas d’opérer un miracle visible en guérissant la paralysie extérieure de cet homme… Il commence par un miracle invisible, guérissant l’âme de cet homme. Cette guérison-là est infiniment plus avantageuse pour lui –- et, en apparence, moins glorieuse pour le Christ.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

Deuxième dimanche de Pâques – Dimanche de la miséricorde

dimanche 11 avril 2021

misericordeAu terme de l’octave pascale – toute la semaine n’est considérée que comme un seul jour célébrant « la fête des fêtes » (saint Augustin) -, le deuxième dimanche de Pâques inaugure l’octave de dimanches qui mène jusqu’à la Pentecôte, comme aussi un jour unique de fête, un « grand dimanche » (saint Athanase) d’allégresse, manifestée par la flamme du cierge pascal qui brûle près de l’ambon.

Le dimanche de la Divine Miséricorde a porté de nombreux noms :
* Ce fut le dimanche in albis (« en blanc ») car, ce jour-là, les baptisés de Pâques revêtent pour la dernière fois le vêtement blanc de leur naissance nouvelle.
* Ce fut le dimanche de Quasimodo, du premier mot latin de l’antienne d’ouverture de la messe : « Comme des enfants nouveau-nés ont soif du lait qui les nourrit, soyez avides du lait pur de la Parole, afin qu’il vous fasse grandir pour le salut, alléluia ! »
* Et, depuis le 30 avril 2000, le pape Jean-Paul II a demandé qu’il soit fêté comme le
« dimanche de la Divine Miséricorde », selon la demande faite par le Christ à sœur Faustine Kowalska, canonisée ce jour-là : « Je désire qu’il y ait une fête de la Miséricorde. Je veux que cette image que tu peindras avec un pinceau, soit solennellement bénie le premier dimanche après Pâques, ce dimanche doit être la fête de la Miséricorde » (1931).

La liturgie y résonne encore tout entière de l’alléluia pascal, cette acclamation de la liturgie hébraïque qui loue joyeusement le Seigneur et retentit, dans l’Apocalypse, comme le chant des rachetés par le sang de l’Agneau. Et toutes les lectures concourent à « raviver dans les cœurs le mystère pascal » (prière après la communion).

Le psaume 117, chanté dans le Grand Hallel de la Pâque juive, est repris comme un chant de victoire et, plus encore, comme un rappel de la mort-résurrection du Christ :
« La pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la tête d’angle…
Voici le jour que fit le Seigneur : qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! »
(Ps 117 -118-, 22-24) (…)

Mais la célébration de ce dimanche est dominée par la figure de l’apôtre Thomas et l’expérience du Ressuscité qu’il connut « huit jours plus tard » (Jean 21, 26). À travers Thomas, c’est à tous ses disciples que le Seigneur apporte sa paix et qu’il demande :
« Cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jean 21, 27). Par-delà l’apôtre Thomas, c’est à nous que s’adresse directement cette béatitude, la dernière de l’Évangile : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jean 21, 29)

« L’incrédulité de Thomas vient au secours de notre foi », chante l’hymne de l’Office de la Résurrection. Ainsi la première lecture, tirée du livre des Actes des Apôtres qui, pendant tout le temps pascal, relate les débuts de l’Église, décrit la première communauté de Jérusalem, ceux qui déjà sont rassemblés au nom du Seigneur et croient sans l’avoir vu. Fondés sur la Parole, l’amour fraternel et l’Eucharistie, ils représentent l’archétype de toute communauté chrétienne, la communion réalisée de tous ceux qui se sont reconnus frères dans le frère aîné et, en lui, fils d’un même Père. N’y a-t-il pas déjà là une anticipation du bonheur céleste ouvert par la Résurrection du Christ ?

 

Miserere

 

Et je m’immerge encore en Ton immense Amour
Cet océan de Paix et de Miséricorde
Mon âme enténébrée requiert ton secours
Les grâces abondantes que Ton coeur m’accorde

Et je me plonge encore en ces eaux bienfaisantes
Issues de ton côté où a percé la lance
Tu as vaincu la mort la vie est plus puissante
Je ne suis plus que joie, charité, espérance

Et je m’inonde encore en ton immense amour
Toi qui pour nous sauver as pris notre nature
Rejoins l’humanité pour nous porter secours
Apocalypse ultime des premières écritures

Ton coeur qui bat pour nous à l’unisson du monde
Saigne encore à ce jour de l’incompréhension
Du mystère Pascal et de la précieuse onde
Qui purifient la terre les corps et les nations

F.B.

 

 

 

 

« Elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. »

vendredi 18 décembre 2020

Le nom de Jésus est un nom divin que le Seigneur a fait connaître à Marie par la voix de l’archange Gabriel : « Tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1,31). Nom appelé pour ce motif « au-dessus de tout nom », « le seul nom par lequel nous devions être sauvés » (Ph 2,9; Ac 4,12). Ce grand nom est comparé par l’Esprit Saint à l’huile : « Ton nom est une huile qui s’épanche » (Ct 1,3). Pourquoi ? Parce que, explique saint Bernard, de même que l’huile est à la fois lumière, aliment et remède, ainsi le nom de Jésus est lumière pour notre esprit, aliment pour notre cœur, remède pour notre âme.

Lumière pour notre esprit : c’est l’éclat de ce nom qui a fait passer le monde des ténèbres de l’idolâtrie à la clarté de la foi. Nous sommes nés dans un pays dont les habitants, avant l’avènement du Sauveur, étaient tous païens ; nous le serions comme eux, s’il n’était pas venu nous éclairer. Combien donc ne devons-nous pas remercier Jésus Christ pour le don de la foi ! (…)

Aliment pour notre cœur : tel est encore le nom de Jésus. Il nous rappelle, en effet, toute l’œuvre douloureuse accomplie par Jésus pour nous sauver ; c’est ainsi qu’il nous console dans les tribulations, nous donne la force de marcher dans la voie du salut, ranime notre espérance et nous enflamme d’amour pour Dieu.

Remède, enfin, pour notre âme : le nom de Jésus la rend forte contre les tentations et les attaques de nos ennemis. Entendent-ils l’invocation de ce saint nom ? Les puissances des enfers tremblent et prennent la fuite ; c’est la parole de l’apôtre Paul : « afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans l’abîme » (Ph 2,10). Celui qui est tenté ne tombera pas s’il invoque Jésus : aussi longtemps qu’il l’invoquera, il persévérera et sera sauvé (cf Ps 17,4).

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »

dimanche 6 septembre 2020

Vivant parmi les frères, serviteurs du même maître, et pour qui tout est en commun, l’espérance, la crainte, la joie, la peine, la souffrance (puisqu’ils n’ont qu’une même âme venue du même Seigneur et du même Père), pourquoi les crois-tu différents de toi ? Pourquoi redoutes-tu ceux qui ont connu les mêmes chutes, comme s’ils allaient s’applaudir de tes chutes à toi ? Le corps ne peut pas se réjouir du mal qui arrive à un de ses membres ; il faut bien qu’il s’afflige tout entier et qu’il travaille tout entier à le guérir.

Là où deux fidèles sont unis, là est l’Église, mais l’Église c’est le Christ. Donc, lorsque tu embrasses les genoux de tes frères, c’est le Christ que tu touches, c’est le Christ que tu implores. Et quand, de leur côté, tes frères versent des larmes sur toi, c’est le Christ qui souffre, c’est le Christ qui supplie son Père. Ce que le Fils demande est vite accordé

Tertullien (v. 155-v. 220)

 

 

 

Jésus illumine l’espace du cœur

dimanche 9 février 2020

Le sel sensible donne de la saveur au pain et à tout aliment, empêche de pourrir certaines viandes et les conserve longtemps. Considère qu’il en va de même de la garde de l’intelligence. Car elle comble de saveur divine l’homme intérieur comme l’homme extérieur, elle chasse l’odeur fétide des pensées mauvaises, et nous donne de persévérer dans le bien. De la suggestion naissent de nombreuses pensées, et de celles-ci la mauvaise action sensible. Mais celui qui avec Jésus éteint aussitôt la première, échappe à la suite et s’enrichira de la douce connaissance divine par laquelle il trouvera Dieu qui est partout présent.

Tenant devant Dieu le miroir de l’intelligence, il est continuellement illuminé, à l’image du cristal pur et du soleil sensible. Alors, parvenue à la cime ultime des désirs, l’intelligence se reposera en lui de toute autre contemplation. (…) Il est impossible que celui qui regarde le soleil n’ait pas ses yeux inondés de lumière. De même celui qui se penche toujours sur l’espace de son cœur ne peut pas ne pas être illuminé. (…) Quand les nuages se dissipent, l’air apparaît pur. De même, quand sous le soleil de justice, Jésus Christ, se dissipent les fantasmes des passions, ne cessent de naître dans le cœur des pensées lumineuses, pareilles aux étoiles. Car Jésus illumine l’espace du cœur.

Hésychius le Sinaïte

 

 

 

« N’est-il pas le charpentier ? »

mercredi 5 février 2020

Une des expressions quotidiennes de l’amour dans la vie de la Sainte Famille à Nazareth est le travail. (…) Celui qui était appelé le « fils du charpentier » (Mt 13,55) avait appris le travail de son père putatif. Si, dans l’ordre du salut et de la sainteté, la famille de Nazareth est un exemple et un modèle pour les familles humaines, on peut en dire autant, par analogie, du travail de Jésus aux côtés de Joseph le charpentier. (…) Le travail humain, en particulier le travail manuel, prend un accent spécial dans l’Évangile. Il est entré dans le mystère de l’Incarnation en même temps que l’humanité du Fils de Dieu, de même aussi qu’il a été racheté d’une manière particulière. Grâce à son atelier où il exerçait son métier en même temps que Jésus, Joseph a rendu le travail humain proche du mystère de la rédemption.

Dans la croissance humaine de Jésus « en sagesse, en taille et en grâce » (Lc 2,52), une vertu a eu une part importante : la conscience professionnelle, le travail étant un bien de l’homme qui transforme la nature et rend l’homme en un certain sens plus homme.

L’importance du travail dans la vie de l’homme demande qu’on en connaisse et qu’on en assimile les éléments afin d’aider tous les hommes à s’avancer grâce à lui vers Dieu, Créateur et Rédempteur, à participer à son plan de salut sur l’homme et le monde, et à approfondir dans leur vie l’amitié avec le Christ, en participant par la foi de manière vivante à sa triple mission de prêtre, de prophète et de roi. Il s’agit, en définitive, de la sanctification de la vie quotidienne, à laquelle chacun doit s’efforcer en fonction de son état.

Saint Jean-Paul II (1920-2005)

 

 

 

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »

dimanche 19 janvier 2020

« Cieux, réjouissez-vous ! Car Dieu a fait miséricorde à Israël. Sonnez de la trompette, fondements de la terre !… Car Dieu a racheté Jacob » (Is 44,23 LXX). On peut facilement conclure de ce passage d’Isaïe que la rémission des péchés, la conversion et la rédemption de tous les hommes, annoncées par les prophètes, seront accomplies par le Christ aux derniers jours. En effet, lorsque Dieu, le Seigneur, nous est apparu, lorsque, devenu homme, il a vécu avec les habitants de la terre, lui l’Agneau véritable qui enlève le péché du monde, lui, la victime totalement pure, alors, quel motif de réjouissance pour les puissances d’en haut et les esprits célestes, pour tous les ordres des saints anges ! Ils chantaient, ils chantaient sa naissance selon la chair : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre ; bienveillance parmi les hommes ! » (Lc 2,14)

S’il est vrai selon la parole du Seigneur – et c’est absolument vrai – qu’« il y a de la joie dans les cieux chez les saints anges pour un seul pécheur qui se convertit » (Lc 15,7), comment douter qu’il y ait joie et liesse chez les esprits d’en haut, lorsque le Christ ramène toute la terre à la connaissance de la vérité, appelle à la conversion, justifie par la foi, rend brillant de lumière par la sanctification ? « Les cieux se réjouissent car Dieu a fait miséricorde », non seulement à l’Israël selon la chair, mais à l’Israël compris selon l’esprit. « Les fondements de la terre », c’est-à-dire les ministres sacrés de la prédication de l’Évangile, ont « sonné de la trompette ». Leur voix éclatante est parvenue partout ; comme des trompettes sacrées, elle a retenti de toutes parts. Ils ont annoncé la gloire du Sauveur en tous lieux, ils ont appelé à la connaissance du Christ aussi bien les juifs que les païens.

Saint Cyrille d’Alexandrie (380-444)

 

 

 

Fête du Baptême de Notre Seigneur

dimanche 12 janvier 2020

« Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain auprès de Jean pour être baptisé par lui » Le Sauveur reçut le baptême de Jean pour trois raisons. La première, parce que, né homme, il voulait accomplir toutes les humbles prescriptions de la Loi ; la seconde pour sanctionner par son baptême le baptême de Jean ; la troisième pour manifester, lorsqu’il sanctifiait l’eau du Jourdain, par la descente de la colombe la venue de l’Esprit Saint dans le baptême des fidèles.

« Laisse faire maintenant. » Il dit bien à propos : « maintenant » pour montrer que, si le Christ devait être baptisé dans l’eau, Jean devait l’être par le Christ dans l’Esprit. Ou bien, autre signification, « Laisse faire maintenant », car moi qui ai pris la forme d’un esclave, je veux en remplir toute l’humilité. Mais aussi, sache qu’au jour du jugement, tu dois être baptisé de mon baptême. « Laisse faire maintenant », dit le Seigneur, j’ai aussi un autre baptême dont je dois être baptisé [Il s’agit du baptême de la Passion. Cf. Lc 12,50]. Tu me baptises dans l’eau pour que moi je te baptise pour moi dans ton sang [Il s’agit du baptême de Jean par le martyre].

« Car c’est ainsi qu’il convient que nous accomplissions toute justice. » Il n’a pas ajouté : justice de la Loi ou de l’ordre naturel pour que nous entendions les deux. Si Dieu a reçu le baptême d’un homme, que personne ne juge indigne de le recevoir d’un compagnon de servitude.

« Et voici que les cieux s’ouvrirent et qu’il vit l’Esprit Saint descendre comme une colombe et venir au-dessus de lui… » C’est le mystère de la Trinité qui se manifeste dans ce baptême. Le Seigneur est baptisé, l’Esprit Saint descend sous l’aspect d’une colombe, et l’on entend la voix du Père rendant témoignage à son Fils. Les cieux s’ouvrent, non que les éléments s’écartent, mais aux yeux de l’esprit, ces yeux avec lesquels Ézéchiel aussi les vit ouverts, comme il le rapporte au début de son livre (Ez 1, 1). La colombe vint se poser sur la tête de Jésus pour qu’on ne pût penser que la parole du Père s’adressait à Jean et non à Jésus.

Saint Jérôme (347-420)

 

 

 

 

« Tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : ‘le Seigneur sauve’) »

dimanche 22 décembre 2019

« Voici, dit le prophète Isaïe, la Vierge portera et enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, nom qui se traduit : Dieu avec nous » (7,14). Le nom de Sauveur « Dieu-avec-nous », donné par le prophète, signifie les deux natures de son unique personne. En effet, celui qui est Dieu, né du Père avant tous les siècles, c’est lui-même qui est Emmanuel à la fin des temps, c’est-à-dire Dieu avec nous. Il l’est devenu dans le sein de sa mère, parce qu’il a daigné accepter la fragilité de notre nature dans l’unité de sa personne, quand « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1,14). C’est-à-dire qu’il a commencé d’une manière admirable à être ce que nous sommes, sans cesser d’être ce qu’il était, en assumant notre nature, de façon à ne pas perdre ce qu’il était en lui-même. (…)

« Marie mit donc au monde son fils premier-né (…) et elle lui donna le nom de Jésus » (Lc 2,7.21). Donc, le nom de Jésus est celui du fils né de la Vierge, et signifie selon l’explication de l’ange qu’il sauvera son peuple de ses péchés. (…) C’est évidemment lui aussi qui sauvera de la destruction de l’âme et du corps, les suites du péchés.

Quant au nom de Christ, c’est le titre d’une dignité sacerdotale et royale. Car les prêtres et les rois, sous la Loi ancienne, étaient appelés christs à cause de la chrismation. Cette onction d’huile sainte préfigurait celui qui, en venant dans le monde comme vrai roi et prêtre, « a été consacré d’une onction de joie, comme aucun de ses semblables » (Ps 44,8). À cause de cette onction ou chrismation, le Christ en personne et ceux qui participent à la même onction, c’est-à-dire à la grâce spirituelle, sont appelés ‘chrétiens’. Du fait qu’il est Sauveur, le Christ peut nous sauver de nos péchés ; du fait qu’il est prêtre, il peut nous réconcilier avec Dieu le Père ; du fait qu’il est roi, qu’il daigne nous donner le Royaume éternel de son Père.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)