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Archive pour le mot-clef ‘hospitalité’

« N’oubliez pas l’hospitalité. »

dimanche 23 avril 2023

Deux disciples faisaient route ensemble. Ils ne croyaient pas, et cependant ils parlaient du Seigneur. Soudain celui-ci est apparu, mais sous des traits qu’ils n’ont pas pu reconnaître. (…) Ils l’invitent à partager leur gîte, comme on le fait avec un voyageur. (…) Ils apprêtent donc la table, ils présentent la nourriture, et Dieu, qu’ils n’avaient pas reconnu dans l’explication de l’Écriture, ils le découvrent dans la fraction du pain. Ce n’est donc pas en écoutant les préceptes de Dieu qu’ils ont été illuminés, mais en les accomplissant : « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui seront justes devant Dieu, mais ceux qui mettent la Loi en pratique qui seront justifiés » (Rm 2,13). Si quelqu’un veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il se hâte de mettre en pratique ce qu’il en a déjà pu saisir. Le Seigneur n’a pas été reconnu pendant qu’il parlait ; il a daigné se manifester lorsqu’on lui a offert à manger.

Aimons donc l’hospitalité, frères très chers ; aimons pratiquer la charité. Paul affirme à ce sujet : « Persévérez dans la charité fraternelle. N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, ont reçu chez eux des anges » (He 13,1 ;Gn 18,1s). Pierre dit aussi : « Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer » (1P 4,9). Et la Vérité elle-même nous déclare : « J’étais un étranger, et vous m’avez recueilli » (…) « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, nous dira le Seigneur au jour du jugement, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,35.40). (…) Et malgré cela, nous sommes si paresseux devant la grâce de l’hospitalité ! Mesurons, mes frères, la grandeur de cette vertu. Recevons le Christ à notre table, afin de pouvoir être reçus à son festin éternel. Donnons maintenant l’hospitalité au Christ présent dans l’étranger, afin qu’au jugement nous ne soyons pas comme des étrangers qu’il ne connaît pas (Lc 13,25), mais nous reçoive comme des frères dans son Royaume.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

 

Donner l’hospitalité au Seigneur

lundi 6 avril 2020

Au souvenir de la condescendance du Seigneur qui à la fin de ce jour alla, est-il dit, à Béthanie (cf. Mc 11,11) chez Marie et Marthe, Gertrude fut enflammée d’un vif désir de donner l’hospitalité au Seigneur.

Elle s’approcha donc d’une image du crucifié et, baisant avec un sentiment profond la plaie de son côté très saint, elle fit totalement pénétrer en elle le désir du Cœur plein d’amour du Fils de Dieu, et le supplia, grâce à la puissance de toutes les prières qui purent jamais jaillir de ce Cœur infiniment doux, de daigner descendre dans la toute petite et très indigne hôtellerie de son cœur. Dans sa bénignité, le Seigneur, toujours proche de ceux qui l’invoquent (cf. Ps 144,18), lui fit sentir sa présence si désirée et lui dit avec une douce tendresse : « Me voici ! Que vas-tu donc m’offrir ? » Et elle : « Qu’il soit le bienvenu, celui qui est mon unique salut et tout mon bien, que dis-je ? mon seul bien. » Et elle ajouta : « Hélas ! mon Seigneur, dans mon indignité je n’ai rien préparé qui puisse convenir à votre divine magnificence ; mais j’offre tout mon être à votre bonté. Pleine de désirs, je vous prie de daigner préparer vous-même en moi ce qui peut agréer davantage à votre divine bénignité. » Le Seigneur lui dit : « Si tu m’accordes d’avoir en toi cette liberté, donne-moi la clef qui me permette de prendre et de remettre sans difficulté tout ce qu’il me plaira tant pour mon bien-être que pour ma réfection. » À quoi elle ajouta : « Et quelle est donc cette clef ? » Réponse du Seigneur : « Ta volonté propre. »

Ces mots lui firent comprendre que si quelqu’un désire recevoir le Seigneur comme hôte, il doit lui consigner la clef de sa propre volonté, s’en remettant complètement à son parfait bon plaisir et faisant une confiance absolue à sa douce bénignité pour opérer son salut en toutes choses. Le Seigneur entre alors en ce cœur et en cette âme pour y accomplir tout ce que peut exiger son divin plaisir.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)