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Archive pour le mot-clef ‘guérison’

« Veux-tu être guéri ? »

mardi 29 mars 2022

Les miracles du Christ sont des symboles des différentes circonstances de notre salut éternel (…) ; cette piscine est le symbole du don précieux que nous fait le Verbe du Seigneur. En peu de mots, cette eau, c’est le peuple juif ; les cinq portiques, c’est la Loi écrite par Moïse en cinq livres. Cette eau était donc entourée par cinq portiques, comme le peuple par la Loi qui le contenait. L’eau qui s’agitait et se troublait, c’est la Passion du Sauveur au milieu de ce peuple. Celui qui descendait dans cette eau était guéri, mais un seul, pour figurer l’unité. Ceux qui ne peuvent pas supporter qu’on leur parle de la Passion du Christ sont des orgueilleux ; ils ne veulent pas descendre et ne sont pas guéris. « Quoi, dit cet homme hautain, croire qu’un Dieu s’est incarné, qu’un Dieu est né d’une femme, qu’un Dieu a été crucifié, flagellé, qu’il a été couvert de plaies, qu’il est mort et a été enseveli ? Non, jamais je ne croirais à ces humiliations d’un Dieu, elles sont indignes de lui ».

Laissez parler ici votre cœur plutôt que votre tête. Les humiliations d’un Dieu paraissent indignes aux arrogants, c’est pourquoi ils sont bien éloignés de la guérison. Gardez-vous donc de cet orgueil ; si vous désirez votre guérison, acceptez de descendre. Il y aurait de quoi s’alarmer, si on vous disait que le Christ a subi quelque changement en s’incarnant. Mais non (…) votre Dieu reste ce qu’il était, n’ayez aucune crainte ; il ne périt pas et il vous empêche vous-même de périr. Oui, il demeure ce qu’il est ; il naît d’une femme, mais c’est selon la chair. (…) C’est comme homme qu’il a été saisi, garrotté, flagellé, couvert d’outrages, enfin crucifié et mis à mort. Pourquoi vous effrayer ? Le Verbe du Seigneur demeure éternellement. Celui qui repousse ces humiliations d’un Dieu ne veut pas être guéri de l’enflure mortelle de son orgueil.

Par son incarnation, notre Seigneur Jésus Christ a donc rendu l’espérance à notre chair. Il a pris les fruits trop connus et si communs de cette terre, la naissance et la mort. La naissance et la mort, voilà, en effet, des biens que la terre possédait en abondance ; mais on n’y trouvait ni la résurrection, ni la vie éternelle. Il a trouvé ici les fruits malheureux de cette terre ingrate, et il nous a donné en échange les biens de son royaume céleste.

Saint Augustin (354-430)

 

 

« Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, et lui mit les doigts dans les oreilles. »

vendredi 11 février 2022

« Dieu te guérit de toute maladie. » (Ps 102,3) Toutes tes maladies seront guéries, ne crains pas. Tu diras qu’elles sont grandes ; mais le médecin est plus grand. Pour un médecin tout-puissant, il n’y a pas de maladie incurable. Laisse-toi simplement soigner, ne repousse pas sa main ; il sait ce qu’il a à faire. Ne te réjouis pas seulement lorsqu’il agit avec douceur mais supporte-le aussi quand il taille. Accepte la douleur du remède en pensant à la santé qu’il va te rendre.

Voyez, mes frères, tout ce que supportent les hommes dans leur maladies physiques pour prolonger leur vie de quelques jours (…). Toi du moins, tu ne souffres pas pour un résultat douteux : celui qui t’a promis la santé ne peut pas se tromper. Pourquoi est-ce que les médecins se trompent parfois ? Parce qu’ils n’ont pas créé ce corps qu’ils soignent. Mais Dieu a fait ton corps, Dieu a fait ton âme. Il sait comment recréer ce qu’il a créé ; il sait comment reformer ce qu’il a formé. Tu n’as qu’à t’abandonner entre ses mains de médecin. (…) Supporte donc ses mains, ô âme, qui « le bénis et qui n’oublies aucun de ses bienfaits : il te guérit de toutes tes maladies » (Ps 102,2-3).

Celui qui t’avait fait pour n’être jamais malade si tu avais voulu garder ses préceptes, ne te guérira-t-il pas ? Celui qui a fait les anges et qui, en te recréant, te rendra égal aux anges, ne te guérira-t-il pas ? Celui qui a fait le ciel et la terre ne te guérira-t-il pas, après t’avoir fait à son image ? (Gn 1,26) Il te guérira, mais il faut que tu consentes à être guéri. Il guérit parfaitement tout malade, mais il ne le guérit pas malgré lui. (…) Ta santé, c’est le Christ.

Saint Augustin (354-430)

 

 

La nature du don de guérison

jeudi 3 février 2022

La tradition des anciens nous apprend que la nature des charismes spirituels revêt une triple forme.

La première cause du don de guérison est le mérite de la sainteté : la grâce des miracles accompagne tous les élus et les justes. Il est bien manifeste, par exemple, que les apôtres et une multitude de saints ont accompli des signes et des prodiges, selon le commandement que le Seigneur leur en avait fait : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons ; gratuitement vous avez reçu, donnez gratuitement. » (Mt 10,8)

Voici la seconde : pour l’édification de l’Église, ou pour récompenser la foi, soit de ceux qui offrent leurs malades, soit des malades eux-mêmes ; la vertu de guérir procède même des pécheurs et des indignes. (…) Au contraire, le manque de foi chez les malades ou ceux qui le présentent, ne permet pas à ceux-là mêmes qui ont reçu le don de guérison, d’exercer leur pouvoir. L’évangéliste saint Luc dit sur ce sujet : « Jésus ne put faire de miracle parmi eux, à cause de leur incrédulité. » (Mc 6, 5-6)

La troisième sorte de guérison est un jeu et une ruse de l’hypocrisie des démons. (…) Il est dit dans l’Évangile : « Il s’élève de faux Christs et de faux prophètes, et ils feront de grands signes et de grands prodiges, jusqu’à induire dans l’erreur, s’il se pouvait, même les élus. » (Mt 24, 24)

Aussi ne devons-nous jamais admirer pour leurs miracles ceux qui en font une prétention ; mais plutôt considérer s’ils se sont rendus parfaits par la correction de tous leurs vices et l’amendement de leur vie. Ceci n’est pas un bienfait qui s’obtiennent par la foi d’un autre ou pour des causes qui nous seraient étrangères ; mais la grâce divine le dispense à chacun, à proportion de son zèle.

Saint Jean Cassien (v. 360-435)

 

 

« L’enfant n’est pas morte : elle dort. »

dimanche 27 juin 2021

Toute lecture d’évangile nous est d’un grand profit aussi bien pour la vie présente que pour la vie future. Mais plus encore l’évangile de ce jour, car il contient la totalité de notre espérance et bannit tout motif de désespoir… Un chef de la synagogue conduisait le Christ auprès de sa fille et donnait en même temps l’occasion à une femme qui souffrait d’hémorragie de venir trouver Jésus… Le Christ connaissait l’avenir et n’ignorait pas que cette femme viendrait à sa rencontre. C’est elle qui ferait comprendre au chef des juifs que Dieu n’a pas besoin de se déplacer, qu’il n’est pas nécessaire de lui montrer le chemin ni de solliciter sa présence physique. Il faut croire, au contraire, que Dieu est présent partout, qu’il y est avec tout son être et pour toujours. Qu’il peut tout faire sans peine en donnant un ordre, qu’il envoie sa puissance sans la transporter ; qu’il met la mort en fuite par un commandement sans bouger la main ; qu’il rend la vie en le décidant, sans recourir à la médecine…

Dès que le Christ arrive à la maison et voit que les gens pleurent la jeune fille comme une morte, il veut amener à la foi leurs cœurs incrédules. Comme eux pensaient qu’on ne pouvait pas ressusciter d’entre les morts plus facilement que sortir du sommeil, le Christ déclare que la fille était endormie et non pas morte.

Et vraiment, pour Dieu, la mort est un sommeil. Car Dieu fait revenir un mort à la vie en moins de temps qu’un homme ne tire un dormeur de son sommeil… Ecoute ce que dit l’apôtre Paul : « Instantanément, en un clin d’œil, les morts ressusciteront » (1Co 15,52)… D’ailleurs, comment aurait-il pu condenser dans des mots la rapidité d’un événement dans lequel la puissance divine dépasse la rapidité même ? Comment le temps pourrait-il intervenir dans le don d’une réalité éternelle, non soumise au temps ?

Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450)

 

 

« Il guérit beaucoup de malades. »

samedi 26 juin 2021

« Le soir venu, on lui amena beaucoup de possédés ; par sa parole il en chassa les esprits, et guérit tous ceux qui étaient malades. » Vois-tu comme la foi de la foule grandit peu à peu ? Malgré l’heure avancée, ils n’ont pas voulu quitter le Seigneur ; ils ont pensé que le soir permettait de lui amener des malades. Songe au nombre de guérisons que les évangélistes laissent de côté ; ils ne les racontent pas toutes une à une, mais en une seule phrase ils nous font voir un océan infini de miracles. Pour que la grandeur du prodige ne nous entraîne pas à l’incrédulité, pour qu’on ne soit pas troublé à la pensée d’une telle foule frappée de maux si divers et guérie en un moment, l’évangile apporte le témoignage du prophète, aussi extraordinaire et aussi surprenant que les faits eux-mêmes : « Ainsi devait s’accomplir l’oracle du prophète Isaïe : Il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies » (53,4). Il ne dit pas : « Il a détruit », mais : « Il a pris » et « Il s’est chargé », marquant ainsi, à mon avis, que le prophète parle plus du péché que des maladies du corps, ce qui est conforme à la parole de Jean Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

« Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle. »

dimanche 14 février 2021

J’ai levé les bras au ciel, vers la grâce du Seigneur.
Il a jeté mes chaînes loin de moi.
Mon protecteur m’a élevé selon sa grâce et son salut.
J’ai dépouillé l’obscurité et j’ai revêtu la lumière ;
mes membres n’éprouvent plus ni peine, ni angoisse, ni douleur.
La pensée du Seigneur m’a secouru ;
sa lumière m’a exalté ;
j’ai marché en sa présence ;
je m’approcherai de lui en le louant et le glorifiant.
Mon cœur a débordé, il a envahi ma bouche,
il a jailli sur mes lèvres.
La joie du Seigneur et sa louange épanouissent mon visage.
Alléluia !

Je me suis échappé de mes chaînes et j’ai fui vers toi, ô mon Dieu !
Tu as été ma droite, mon salut et mon aide.
Tu as contenu ceux qui se dressaient contre moi et ils ont disparu.
Ton visage était avec moi et ta grâce me sauvait.
J’étais méprisé et réprouvé aux yeux de la multitude.
Mais tu m’as donné force et secours.
Tu as placé la lumière à ma droite et à ma gauche.
Que tout en moi ne soit que lumière !
J’ai revêtu le vêtement de ton Esprit,
et tu as ôté de moi les vêtements de peau (Gn 3,21).
Ta droite m’a élevé et a chassé loin de moi la maladie.
Ta vérité m’a rendu robuste et ta justice m’a sanctifié.
J’ai été justifié par ton amour si doux,
et ton repos est pour moi dans les siècles des siècles.
Alleluia !

Odes de Salomon (texte chrétien hébraïque du début du 2e siècle)

 

 

« Tous ceux qui le touchèrent étaient sauvés. »

lundi 8 février 2021

Plaçons devant notre regard intérieur un blessé grave, sur le point de rendre son dernier souffle. (…) La blessure de l’âme, c’est le péché, dont l’Écriture parle en ces termes : « Blessures, contusions, plaies ouvertes qui ne sont ni pansées, ni bandées, ni soignées avec de l’huile » (Is 1,6). Toi qui es blessé, reconnais ton médecin au-dedans de toi, et montre-lui les plaies de tes péchés. Qu’il entende le gémissement de ton cœur, lui qui connaît déjà toute pensée secrète. Que tes larmes l’émeuvent. Va jusqu’à un peu de sans-gêne dans ta supplication (cf Lc 11,8). Fais sortir vers lui du fond de ton cœur de profonds soupirs, sans cesse.

Que ta douleur lui parvienne pour qu’il te dise, à toi aussi : « Le Seigneur a pardonné ton péché » (2S 12,13). Pousse des cris avec David ; lui qui a dit : « Pitié pour moi, mon Dieu (…), selon ta grande miséricorde » (Ps 50,3). C’est comme s’il disait : « Je suis en grand danger à cause d’une énorme blessure que nul médecin ne peut guérir, à moins que le médecin tout-puissant ne vienne à mon secours. » Pour ce médecin tout-puissant, rien n’est incurable. Il soigne gratuitement : d’un mot il rend la santé. Je désespérerais de ma blessure si je ne mettais pas ma confiance dans le Tout-Puissant.

Saint Grégoire le Grand (v. 540-604)

 

 

« Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés. »

jeudi 2 juillet 2020

Les scribes professaient que Dieu seul peut remettre les péchés. Mais Jésus, avant même de remettre les péchés, a révélé les secrets des cœurs, montrant par là qu’il possédait aussi cet autre pouvoir réservé à Dieu. (…) Car il est écrit : « Toi seul, Seigneur, tu connais les secrets des humains », et « L’homme voit le visage et Dieu voit le cœur (2Ch 6,30; 1S 16,7). Jésus révèle donc sa divinité et son égalité avec le Père en dévoilant aux scribes le fond de leur cœur, en divulguant des pensées qu’ils n’osent pas déclarer ouvertement par crainte de la foule. Et il fait cela avec beaucoup de douceur. (…)

Le paralytique aurait pu manifester sa déception au Christ en lui disant : « Soit ! Tu es venu pour soigner une autre maladie et guérir un autre mal, le péché. Mais quelle preuve aurai-je que mes péchés sont pardonnés ? » Or, il ne dit rien de tel, mais il se confie à celui qui a le pouvoir de le guérir. (…)

Aux scribes, le Christ dit : « Qu’est-ce qui est le plus facile ? De dire : Tes péchés sont pardonnés, ou bien de dire : Prends ta civière et rentre chez toi ? » Autrement dit : Qu’est-ce qui vous semble le plus facile? Raffermir un corps paralysé, ou remettre les péchés de l’âme ? C’est évidemment de guérir un corps, car le pardon des péchés dépasse cette guérison autant que l’âme est supérieure au corps. Mais puisque l’une de ces œuvres est visible, et l’autre pas, je vais accomplir également l’œuvre qui est visible et moindre, pour prouver celle qui est plus grande et invisible. À ce moment-là, Jésus témoigne par ses œuvres qu’il est « celui qui enlève les péchés du monde » (Jn 1,29)

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir. »

samedi 27 juin 2020

Que cherches-tu ? Le bonheur. (…) Tu cherches une bonne chose, mais mais elle ne se trouve pas ici. (…) En venant ici d’un autre pays, le Christ n’a pu trouver que ce qu’il y a ici en abondance : peine, douleur et mort ; voilà ce que tu as ici, voilà ce qu’il y a ici en abondance. Il a mangé avec toi ce qui se trouvait en abondance dans la pauvre maison de ton malheur. Il y a bu du vinaigre, il y a goûté du fiel, voilà ce qu’il a trouvé dans ta pauvre maison.

Mais il t’a invité à sa table magnifique, à sa table du ciel, à sa table des anges où il est lui-même le pain (Ps 77,25; Jn 6,34). Descendant chez toi et trouvant le malheur dans ta pauvre maison, il n’a pas dédaigné de s’asseoir à ta table, telle qu’elle était, et il t’a promis la sienne. (…) Il a pris ton malheur, il te donnera son bonheur. Oui, il te le donnera. Il nous a promis sa vie.

Et ce qu’il a fait est encore plus incroyable : il nous a donné en gage sa propre mort. C’est comme s’il nous disait : « Je vous invite à ma vie, là où personne ne meurt, là où se trouve le vrai bonheur, là où la nourriture ne se corrompt pas, là où elle redonne force et ne fait pas défaut. Voyez où je vous invite : au pays des anges, à l’amitié du Père et de l’Esprit Saint, à un repas éternel, à mon amitié fraternelle. Enfin, je vous invite à moi-même, à ma propre vie. Vous ne voulez pas croire que je vous donnerai ma vie ? Prenez en gage ma mort »

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

 

« Je le veux, sois purifié ! »

vendredi 26 juin 2020

Comme l’agir, la souffrance [sous toutes ses formes] fait aussi partie de l’existence humaine. Elle découle, d’une part, de notre finitude et, de l’autre, de la somme de fautes qui, au cours de l’histoire, s’est accumulée et qui encore aujourd’hui grandit sans cesse.

Il faut certainement faire tout ce qui est possible pour atténuer la souffrance : empêcher, dans la mesure où cela est possible, la souffrance des innocents ; calmer les douleurs ; aider à surmonter les souffrances psychiques. Autant de devoirs aussi bien de la justice que de l’amour qui rentrent dans les exigences fondamentales de l’existence chrétienne et de toute vie vraiment humaine. Dans la lutte contre la douleur physique, on a réussi à faire de grands progrès, mais la souffrance des innocents et aussi les souffrances psychiques ont plutôt augmenté au cours des dernières décennies.

Oui, nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l’éliminer complètement du monde n’est pas dans nos possibilités humaines — simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et parce qu’aucun de nous n’est en mesure d’éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui — nous le voyons — est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait le réaliser : seul un Dieu qui entre personnellement dans l’histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » (Jn 1,29) est présent dans le monde. Par la foi dans l’existence de ce pouvoir, l’espérance de la guérison du monde est apparue dans l’histoire

Benoît XVI