Le vice singe la vertu et l’ivraie s’efforce de passer pour du blé : l’apparence est semblable, mais le goût ne trompe pas les connaisseurs. Le diable se déguise aussi en ange de lumière, non pas pour revenir là où il fut (car il s’est rendu le cœur dur comme une enclume et sa précédente détermination est désormais irrévocable), mais pour environner des ténèbres de la cécité et de la pestilence de l’incrédulité ceux qui mènent une vie semblable à celle des anges. Nombreux sont les loups qui se promènent sous des peaux de brebis. Des brebis, ils ont pris seulement les peaux, pas les ongles ni les dents, mais vêtus de cette toison d’animal domestique et utilisant son apparence pour tromper les gens sans malice, ils laissent couler de leurs dents le virus mortel de l’impiété.
Nous avons donc besoin de la grâce divine, d’une sage perspicacité et d’yeux bien ouverts, afin de n’être pas victimes de notre ignorance, en mangeant de l’ivraie pour du blé ; afin aussi de ne pas prendre le loup pour une brebis et devenir ainsi sa proie ; afin de ne pas nous imaginer le diable destructeur comme un ange bienfaisant, et nous faire dévorer. Car « il rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer » (1P 5,8), comme dit l’Écriture. Voilà pourquoi l’Église nous met en garde, voilà le pourquoi des présents enseignements, le pourquoi de l’institution de nos leçons.
Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)