Dans le livre du Prophète Samuel, on peut lire le commencement, pas ordinaire, de cette histoire: le choix inattendu d’un jeune berger appelé à succéder à Saül, lequel fut premier roi régnant en Israël. Il s’agit de David, le personnage biblique de l’Ancienne Alliance sur qui le Livre sacré nous fournit le plus de détails – sur son histoire édifiante et quelques fois fort tumultueuse. À preuve…
Le prophète Samuel était parti en quête d’un successeur pour le roi Saül tombé en disgrâce devant le Très-Haut. Évidemment, le roi n’en savait rien, sinon la démarche du vieux prophète n’aurait pas fait long feu. On ne change pas de roi comme on change de chemise… si ce n’est par un coup d’état, ce dont Samuel n’avait nullement envie. Samuel agissait toujours avec la patience et la discrétion de l’Esprit. Or l’Esprit, ce jour-là, le conduisit au patelin de Bethléem oùhabitait un propriétaire terrien du nom de Ishaï. Samuel confia son dessein au seigneur du lieu qui appela ses fils. Il en avait huit, dont sept en âge de prendre des responsabilités; le septième n’était qu’un gamin qu’il laissa au champ pour garder le troupeau. Le prophète se mit en prière et exerça son discernement sur les sept grands gars d’Ishaï; mais il n’en trouva aucun marqué de l’Esprit. On appela donc le petit dernier et Samuel le sacra roi dans le plus grand secret.
David était un bel adolescent roux d’une quinzaine d’années. On le mit au courant de sa mission: aller vivre, plutôt incognito, à la cour du roi. Comme il était artiste, chantait bien, touchait la lyre et composait des mélodies, il serait facile de trouver un poste auprès de Saül. Cependant, déjà sacré par le prophète, il ne devait rien laisser transpirer du projet de son Élohim (Dieu). Le secret ainsi gardé, le Seigneur lui révélerait à quel moment se faire connaître comme nouveau roi en Juda.
Selon le livre sacré, l’esprit de Dieu s’était retiré de Saül, et un esprit mauvais le tenaillait, lui causait des terreurs inexplicables. Un serviteur convia David en présence du roi pour jouer de la lyre et calmer son esprit tourmenté. En entendant la musique de David, Saül éprouvait un grand soulagement. Aussi, dit le Livre, « Saül se prit d’une grande affection pour lui et David devint son écuyer ». Un jour, comme écuyer du roi, David se lança, seul, à l’attaque du géant Goliath qui terrorisait Israël. Au nom de Yahvé Sabaot, il le tua d’une pierre de sa fronde et lui trancha la tête. Cet événement enchanta le peuple qui acclama le jeune David. Dès lors, le roi Saül commença de jalouser son écuyer. Et, très rapidement, la vie se compliqua pour David qui devait fuir continuellement la présence du roi. Celui-ci forma même le projet de le faire périr. Jonathan et Milka aidèrent David à échapper au piège.
David devint un homme de guerre, toujours doublé du poète qui chantait par des psaumes la gloire du Très-Haut. Il avait gardé son cœur d’enfant, de petit berger qui tendrement protégeait et conduisait son troupeau. Il se tenait en présence du Dieu qui l’assistait en toutes ses entreprises.
Quand il succéda à Saül, décédé aux mains des Pelishtîm, il régna sept ans sur Iehouda, siégeant à Hèbrôn, tandis qu’un fils de Saül, Ishbaal, fut sacré roi en Israël. Puis, une guerre se déclara entre les deux royaumes, où David vainquit Abner, chef d’armée du roi d’Israël. Après cette victoire, qui fut suivie des meurtres d’Abner et d’Ishbaal, les chefs des tribus d’Israël joignirent David à Hèbrôn et le reconnurent comme leur roi. La Bible nous dit: « David avait trente ans à son avènement et il régna quarante ans. À Hèbrôn, il régna sept ans et six mois sur Juda; à Jerusalem, il régna trente-trois ans sur tout Israël et Juda ». De fait, après sa victoire sur Israël, David partit en guerre contre les Iebussîm, s’empara de Ieroushalaîm dont il fit la capitale du royaume uni. Le prophète Natân le bénit au nom de Yahvé et lui assura une descendance à jamais: “Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais”. David n’avait que trente ans et louait Dieu de tout ce qu’il lui avait permis de vivre en si peu d’années. Parfois, il se demandait s’il rêvait ou si c’était bien vrai! Il faisait à Dieu cette prière, conservée au Livre sacré: “Qui suis-je, Seigneur Adonaï, et quelle est ma maison pour que tu m’aies mené jusque-là? Mais cela est encore trop peu à tes yeux, Seigneur Adonaï, et tu étends aussi tes promesses à la maison de ton serviteur pour un lointain avenir…”
L’unification du Royaume constitua un événement majeur dans l’histoire du peuple élu; mais aussi un tournant, un peu tragique, dans la vie de David. Il commença à prospérer, à sentir qu’il était “maître après Dieu”. Et il lui arrivait d’oublier le “après Dieu”! Il organisa le royaume, avec l’aide des sages de ce temps qui étaient plus “hommes politiques” que “hommes de l’Esprit”. Il se prit à leur jeu, et se référa de moins à moins à l’Esprit de son Elohîm pour prendre des décisions: constructions, armées, guerres, annexions, relations diplomatiques, mariages d’état en série, etc. Ce qui, peu à peu, l’emporta dans son esprit et guida sa politique royale, ce fut l’efficacité, la possession, le pouvoir. Le royaume marcha si bien que David pensa de moins en moins à recourir à son Seigneur : il en vint à négliger ses prières! Mais Dieu l’attendait au détour…
Moins enclin à prier son Seigneur, David laissait facilement errer son esprit où il ne devait pas. Il commit une imprudence glissante en examinant, de sa terrasse et avec convoitise, la très belle Bat-Shèba, épouse de son voisin Ouryah. Il succomba même au désir d’avoir une relation avec elle, et elle devint enceinte. Alors, comme allant de soi, David s’arrangea pour liquider l’époux gênant, l’envoyant au front d’un combat perdu d’avance. Puis, tout bonnement, il fit entrer Bat-Shèba dans son harem… Il pensait que l’histoire finirait là, qu’on n’en parlerait plus et que tout rentrerait dans l’ordre. Mais Dieu veillait sur son David d’autrefois, si croyant, fidèle et pieux. Il lui fit la grâce d’un prophète pour le tirer de son errement qui risquait de l’encroûter à jamais. Natân, qu’il aimait bien, vint lui conter l’histoire d’un homme riche, aux troupeaux fabuleux, qui prit à un indigent la seule petite brebis qu’il possédait et faisait reposer sur con cœur. Le Livre raconte que David entra en grande colère contre cet homme et dit à Natân: “Aussi vrai que Yahvé est vivant, l’homme qui a fait cela mérite la mort!…” Quand David eut fini de se vider le cœur et d’exprimer sa profonde indignation devant telle injustice, le Prophète lui dit: “Cet homme, c’est toi!”
Ce fut un réveil brutal pour David. Il pleura amèrement et pria la très belle prière que l’on prie au Livre des Psaumes; il la composa, dit le Livre, “quand Natân, l’inspiré, vint à lui parce qu’il était allé vers Bat-Shèba”. La prière de l’Église récite souvent ce qu’on a appelé le >>> Miserere Mei, Deus, et que des poètes musiciens ont mis en musique.
Le roi David recouvrit son cœur d’enfant de Dieu. Il fut, par la suite de son long règne, un roi modèle que l’on présenta toujours comme tel à la postérité: tous les rois qui suivirent furent jugés à l’aune du roi David. Pareillement, on attendit toujours le Messie à venir comme “fils de David” qui devait naître à Béit-Lèhèm de Iehouda, la ville du saint Roi David.
Pour un approfondissement, lire :
Premier Livre de Samuel (chapitres 16 à 31) ;
Deuxième livre de Samuel (chapitres 1 à 24);
Premier livre des Rois (chapitres 1 et 2);
Premier livre des Chroniques (chapitres 3, 11 à 29).
Source principale : bible.catholique.org/ ; jesuites.org/content (« Rév. x gpm »).