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Archive pour le mot-clef ‘contrition’

« Prendre place au festin dans le royaume de Dieu »

mercredi 26 octobre 2022

[Quand le pécheur reconnaît sa faute], la grâce divine fait naître une si grande contrition, compassion et vraie soif de Dieu, que le pécheur, soudain délivré du péché et de la peine, est relevé. (…) La contrition nous purifie, la compassion nous prépare, la vraie soif de Dieu nous rend dignes. Selon ma façon de comprendre, voilà les trois moyens par lesquels toutes les âmes vont au ciel, c’est-à-dire celles qui ont péché sur terre et qui seront sauvées. Car toute âme pécheresse doit être guérie par ces trois remèdes. Même guérie, ses blessures demeurent devant Dieu, non plus en tant que blessures, mais en tant que signes glorieux. En contrepartie de notre punition ici-bas par la souffrance et par la pénitence, au ciel nous serons récompensés par l’amour bienveillant de notre Seigneur. (…) Il considère le péché de ceux qui l’aiment comme une tristesse et une souffrance, mais, à cause de son amour, pas comme condamnable. La récompense que nous recevrons ne sera pas minime, mais éminente, honorable, glorieuse ; et ainsi la honte sera changée en gloire et en joie.

Car en sa bienveillance, notre Seigneur ne veut pas que ses serviteurs désespèrent par suite de leurs chutes fréquentes et pitoyables ; nos chutes ne l’empêchent pas de nous aimer. (…) Il veut que nous sachions qu’il est le fondement de toute notre vie dans l’amour et, plus encore, qu’il est notre protecteur éternel, nous défendant avec puissance contre tous les ennemis qui s’acharnent furieusement sur nous. Et, hélas, nous avons grandement besoin de lui puisque nous leur donnons souvent prise sur nous par nos chutes.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

« Prends pitié du pécheur que je suis. »

dimanche 23 octobre 2022

Un pharisien et un publicain montaient au Temple pour y prier. Le pharisien a commencé par énumérer toutes ses qualités, en proclamant : « O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes et adultères, ou bien encore come ce publicain ! » Misérable sois-tu, toi qui oses porter un jugement sur la terre tout entière ! Pourquoi accabler ton prochain ? As-tu encore besoin de condamner ce publicain, la terre ne t’a-t-elle pas suffi ? Tu as accusé tous les hommes, sans exception : « Je ne suis pas comme le reste des hommes…ou bien encore comme ce publicain ; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède. » Que de suffisance dans ces paroles ! Malheureux !…

Le publicain, quant à lui, avait fort bien entendu ces paroles. Il aurait pu rétorquer en ces termes : « Qui donc es-tu, qui oses proférer de telles médisances à mon sujet ? D’où connais-tu ma vie ? Tu n’as jamais vécu dans mon entourage, tu n’es pas un de mes intimes. Pourquoi manifester un tel orgueil ? D’ailleurs, qui peut attester la réalité de tes bonnes actions ? Pourquoi fais-tu ainsi ton propre éloge, qu’est-ce qui t’incite à te glorifier de la sorte ? » Mais il n’en fit rien –- bien au contraire -– il s’est prosterné, en disant : « O Dieu, prends en pitié le pécheur que je suis ! » Et, pour avoir fait preuve d’humilité, il a été justifié.

Le pharisien a quitté le Temple, privé de toute absolution, tandis que le publicain s’en allait, le cœur renouvelé d’une justice retrouvée… Pourtant, il n’y avait là guère d’humilité, dans la mesure où l’on utilise ce terme lorsque quelqu’un de noble s’abaisse ; or, dans le cas du publicain, il ne s’agissait pas d’humilité, mais de simple vérité, car il disait vrai.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

 

 

 

Se convertir et ne pas périr

samedi 26 octobre 2019

Le péché est le fouet le plus cinglant qui puisse frapper toute âme élue. Il brise chacun, homme ou femme, l’abaissant tellement à ses propres yeux qu’il croit ne plus mériter que de tomber en enfer, jusqu’au moment où, touché par le Saint-Esprit, il est saisi de contrition et voit son amertume se changer en espérance dans la miséricorde divine. Alors ses blessures commencent à guérir et son âme à vivre, dès qu’il se tourne vers la vie de la sainte Église. Le Saint-Esprit le conduit à la confession, pour y avouer de plein gré ses péchés, en toute nudité et franchise, avec une grande tristesse et la honte d’avoir souillé la belle image de Dieu. Il reçoit sa pénitence pour chaque péché de la part de son confesseur, ainsi qu’il est établi dans la sainte Église par l’enseignement du Saint-Esprit. Et cette humilité plaît grandement à Dieu. (…)

Notre Seigneur nous garde avec un très grand soin, même quand nous nous croyons presque abandonnés, rejetés, à cause de nos péchés et voyons que nous l’avons mérité. L’humilité que nous acquérons par là nous relève bien haut aux yeux de Dieu. La grâce divine fait naître une si grande contrition, compassion et vraie soif de Dieu, que le pécheur, soudain délivré du péché et de la peine, est élevé jusqu’à la béatitude, à l’égal des grands saints.

Julienne de Norwich (1342-après 1416)

 

 

 

Tendre vers Dieu

mardi 8 octobre 2019

S’inquiétant, une fois, intérieurement de ne pouvoir éprouver un désir aussi grand qu’il conviendrait à la gloire de Dieu, Gertrude reçut cette explication divine que Dieu est pleinement satisfait quand l’homme, sans pouvoir réaliser davantage, est dans la volonté d’avoir, si possible, de grands désirs ; aussi grands qu’il les souhaite avoir, tels sont-ils devant Dieu. Dans un cœur rempli de ce désir de souhaiter avoir le désir, Dieu trouve plus de délices à demeurer que l’homme dans la floraison des plus frais printemps.

Une autre fois, par la faute de la maladie, elle avait été pendant quelques jours moins attentive à Dieu, puis, reprenant conscience de cette culpabilité, elle s’appliqua à confesser au Seigneur cette négligence avec une pieuse humilité. Et, comme elle craignait d’avoir à supporter un long délai avant de retrouver les anciennes douceurs de la présence divine, soudain, en un instant, elle sentit que la bonté de Dieu s’inclinait vers elle pour un embrassement plein d’amour, avec ces paroles : « Ma fille, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » Elle comprit, par cette réponse, que, bien que l’homme par fragilité de nature omette parfois de tendre son attention vers Dieu, celui-ci pourtant, dans sa bonté miséricordieuse ne néglige pas de se tenir toutes nos œuvres pour dignes d’une récompense éternelle, pourvu seulement que nous ne nous détournions pas délibérément de lui et que nous nous repentions souvent de tout ce que notre conscience nous reproche.

Sainte Gertrude d’Helfta (1256-1301)