ACCUEIL

Archive pour le mot-clef ‘Baudouin de Ford’

« Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jn 15,13).

jeudi 17 octobre 2019

Ceux qui ont versé le sang du Christ ne l’ont pas fait pour effacer les péchés du monde. (…) Mais inconsciemment ils ont servi le plan du salut. Le salut du monde, qui s’ensuivait, ne tenait ni à leur puissance, ni à leur volonté, ni à leur intention, ni à leur acte, mais est venu de la puissance, de la volonté, de l’intention, de l’acte de Dieu. Dans cette effusion de sang, en effet, la haine des persécuteurs n’était pas seule à l’œuvre, mais aussi l’amour du Sauveur. La haine a fait son œuvre de haine, l’amour a fait son œuvre d’amour. Ce n’est pas la haine, mais l’amour qui a réalisé le salut.

En versant le sang du Christ, la haine s’est déversée elle-même, « pour que soient révélées les pensées d’un grand nombre de cœurs » (Lc 2,35). L’amour, lui aussi, en répandant le sang du Christ, se répandait lui-même, pour que l’homme sache combien Dieu l’aimait : « au point de ne pas épargner son propre Fils » (Rm 8,32). « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16).

Ce Fils unique a été offert, non parce que ses ennemis ont prévalu, mais parce que lui-même l’a voulu. « Il a aimé les siens, il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La fin, c’est la mort acceptée pour ceux qu’il aime : voilà la fin de toute perfection, la fin de l’amour parfait. « Car il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

Baudouin de Ford (?-v. 1190)

 

 

« Heureux celui qui participera au repas dans le Royaume de Dieu. »

mardi 6 novembre 2018

Le psalmiste dit : « Le pain fortifie le cœur de l’homme et le vin réjouit le cœur de l’homme » (Ps 103,15). Pour ceux qui croient en lui, le Christ est nourriture et breuvage, pain et vin. Il est pain, lorsqu’il nous donne force et fermeté, selon cette parole de Pierre : « Quand vous aurez un peu souffert, le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ, vous rétablira et vous donnera force et fermeté » (1P 5,10). Il est breuvage et vin lorsqu’il réjouit, selon le mot du psalmiste : « Réjouis l’âme de ton serviteur, car j’élève mon âme vers toi, Seigneur » (Ps 85,4).

Tout ce qui en nous est fort, solide, ferme, allègre et joyeux pour accomplir les commandements de Dieu, supporter les maux, agir dans l’obéissance, défendre la justice, tout cela est force de ce pain ou joie de ce vin. Heureux ceux dont l’action est forte et joyeuse ! Et puisque personne ne le peut de soi-même, heureux ceux qui désirent avidement s’attacher à ce qui est juste et honnête et être en toutes choses fortifiés et réjouis par celui qui dit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de justice » (Mt 5,6). Si le Christ est dès maintenant pain et breuvage pour la force et la joie des justes, combien plus le sera-t-il dans la vie future, quand il se donnera aux justes sans mesure ?

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque

 

 

 

 

« Sa parole était pleine d’autorité. »

mardi 4 septembre 2018

« La Parole de Dieu est vivante et efficace, plus incisive qu’un glaive à deux tranchants » (He 4,12). Toute la grandeur, la force et la sagesse de la Parole de Dieu, voilà ce que par ces mots l’apôtre montre à ceux qui cherchent le Christ, lui qui est la parole, la force et la sagesse de Dieu (1Co 1,24). Cette Parole était au commencement auprès du Père, éternelle avec lui (Jn 1,1). Elle a été révélée en son temps aux apôtres, annoncée par eux et reçue humblement par le peuple des croyants… Elle est vivante cette Parole à qui le Père a donné d’avoir la vie en elle-même, comme lui la possède en lui-même (Jn 5,26). C’est pourquoi elle est non seulement vivante, mais elle est la vie, comme il est écrit : « Je suis la voie, la vérité, la vie » (Jn 14,6). Et puisqu’elle est la vie, elle est vivante et vivifiante, car « comme le Père relève les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils lui aussi donne la vie à qui il veut » (Jn 5,21). Elle est vivifiante lorsqu’elle appelle Lazare hors du tombeau et lui dit : « Viens dehors ! » (Jn 11,43) Lorsque cette Parole est proclamée, la voix qui la prononce résonne à l’extérieur avec une force qui, perçue à l’intérieur, fait revivre les morts, et en éveillant la foi, suscite de vrais enfants à Abraham (Mt 3,9). Oui, elle est vivante cette Parole, vivante dans le cœur du Père, dans la bouche de celui qui la proclame, dans le cœur de celui qui croit et qui aime.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque

 

 

 

 

« La parole de Dieu est vivante. » (He 4,12)

lundi 12 mars 2018

« La parole de Dieu est vivante » (He 4,12). Toute la grandeur, la force et la sagesse de la parole de Dieu, voilà ce que par ces mots l’apôtre montre à ceux qui cherchent le Christ, parole, force et sagesse de Dieu. Cette parole était au commencement auprès du Père, éternelle avec lui (Jn 1,1). Elle a été révélée en son temps aux apôtres, annoncée par eux et reçue humblement par le peuple des croyants…

Elle est vivante cette parole à qui le Père a donné d’avoir la vie en elle-même, comme lui la possède en lui-même (Jn 5,26). Elle est donc non seulement vivante, mais elle est la vie, comme il est écrit : « Moi, je suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jn 14,6). Et puisqu’elle est la vie, elle est vivante et vivifiante, car tout « comme le Père relève les morts et leur donne la vie, le Fils, lui aussi, donne la vie à qui il veut » (Jn 5,21). Elle est vivifiante lorsqu’elle appelle Lazare hors du tombeau et lui dit : « Lazare, viens dehors ! » (Jn 11,43) Lorsque cette parole est proclamée, la voix qui la prononce résonne à l’extérieur avec une force qui, perçue à l’intérieur, fait revivre les morts, et en éveillant la foi, suscite de vrais fils à Abraham (Mt 3,9). Oui, elle est vivante cette parole, vivante dans le cœur du Père, dans la bouche de celui qui la proclame, dans le cœur de celui qui croit et qui aime.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Homélie sur la lettre aux Hébreux 4,12 ; PL 204, 451-453

 

 

 

 » Vous purifiez l’extérieur… Celui qui a fait l’extérieur n’a-t-il pas fait aussi l’intérieur ? »

mardi 11 octobre 2016

la-paix-interieure

Le Seigneur connaît les pensées et les intentions de notre cœur. Nul doute que lui, en effet, les connaisse toutes, mais nous, nous connaissons seulement celles qu’il nous rend manifestes par la grâce du discernement. Car l’esprit de l’homme ne sait pas toujours ce qui est en lui, et même lorsqu’il s’agit de ses pensées, qu’elles soient voulues ou non, il s’en fait une idée qui ne correspond pas toujours à la réalité. Même celles qui se présentent avec évidence au regard de son esprit, il ne les discerne pas avec précision, tant son regard est obscurci.

Il arrive souvent, en effet, pour une raison humaine ou qui relève du Tentateur, qu’on soit lancé par sa propre pensée dans ce qui n’est que l’apparence de la piété, et qui, aux yeux de Dieu, ne mérite nullement la récompense promise à la vertu. C’est qu’en effet certaines choses peuvent prendre l’aspect de vertus véritables, comme d’ailleurs de vices, et tromper les yeux du cœur. Par leurs séductions, elles peuvent troubler la vue de notre intelligence au point de lui faire prendre souvent pour du bien des réalités mauvaises en fait, et inversement de lui faire discerner du mal là où, en fait, il n’y en a pas. C’est là un aspect de notre misère et de notre ignorance, qu’il nous faut beaucoup déplorer et grandement redouter…

Qui peut vérifier si les esprits viennent de Dieu, à moins d’avoir reçu de Dieu le discernement des esprits ? … Ce discernement est à la source de toutes les vertus.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Homélie 6, sur la lettre aux Hébreux, 4,12 ; PL 204, 466 (trad. bréviaire)

 

 

« C’est mon Père qui vous donne le vrai pain descendu du ciel. »

mardi 21 avril 2015

the-holy-eucharist-body-and-blood-soul-and-divinity-of-our-lord-jesus-christDieu, dont la nature est bonté, dont la substance est amour, dont toute la vie est bienveillance, voulant nous montrer la douceur de sa nature et la tendresse qu’il a pour ses enfants, a envoyé dans le monde son Fils, le pain des anges (Ps 77,25), « à cause de l’amour extrême dont il nous a aimés » (Ép 2,4). « Car Dieu a aimé le monde au point de donner son Fils unique » (Jn 3,16).

Telle est la manne véritable que le Seigneur a fait pleuvoir pour qu’on la mange… ; c’est ce que Dieu, dans sa bonté, a préparé pour ses pauvres (Ps 67,9s). Car le Christ, descendu pour tous les hommes et jusqu’au niveau de chacun, attire tout à lui par sa bonté indicible ; il ne rejette personne et admet tous les hommes à la pénitence. Il a pour tous ceux qui le reçoivent le goût le plus délicieux. Lui seul suffit à combler tous les désirs…, et il s’adapte de manière différente aux uns et aux autres, selon les tendances, les désirs et les appétits de chacun…

Chacun goûte en lui une saveur différente… Car il n’a pas la même saveur pour le pénitent et le commençant, pour celui qui avance et celui qui touche au but. Il n’a pas le même goût dans la vie active et dans la vie contemplative, ni pour celui qui use de ce monde et pour celui qui n’en use pas, pour le célibataire et l’homme marié, pour celui qui jeûne et fait une distinction entre les jours et pour celui qui les estime tous semblables (Rm 14,5)… Cette manne a une douce saveur parce qu’elle délivre des soucis, guérit les maladies, adoucit les épreuves, seconde les efforts et affermit l’espérance… Ceux qui l’ont goûté « ont encore faim » (Eccl 24,29) ; ceux qui ont faim seront rassasiés.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Le Sacrement de l’autel III, 2 ; PL 204, 768-769 (trad. Orval ; cf SC 94, p.565)

 

 

Le pain de la vie éternelle

mercredi 3 décembre 2014

nourriture-en-coeur-de-pain

« Je suis le pain de vie, dit Jésus ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35)… Il exprime ainsi par deux fois le rassasiement éternel où rien ne manque plus.

La Sagesse dit pourtant : « Ceux qui me mangent auront encore faim, et ceux qui me boivent auront encore soif » (Si 24,21). Le Christ, qui est la Sagesse de Dieu, n’est pas mangé pour rassasier dès à présent notre désir, mais pour nous faire désirer ce rassasiement ; et plus nous goûtons sa douceur, plus notre désir en est stimulé. C’est pourquoi ceux qui le mangent auront encore faim, jusqu’à ce que vienne le rassasiement. Mais lorsque leur désir aura été comblé, ils n’auront plus faim ni soif.

« Ceux qui me mangent auront encore faim. » Cette parole peut aussi s’entendre du monde futur, car il y a dans le rassasiement éternel comme une sorte de faim qui ne vient pas du besoin mais du bonheur. Le rassasiement n’y connaît pas de satiété ; le désir n’y connaît pas de gémissements. Le Christ, toujours admirable dans sa beauté est aussi toujours désirable, « lui que les anges désirent contempler » (1P 1,12). Ainsi, alors même qu’on le possède, on le désire ; alors même qu’on le tient, on le cherche, selon qu’il est écrit : « Sans relâche cherchez sa face » (Ps 104,4). Il est en effet toujours cherché, celui qui est aimé pour être possédé à jamais.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Le Sacrement de l’autel, PL 204, 690 (trad. Orval)

 

 

 

« Ils se mirent à lui en vouloir terriblement et ils le harcelaient. »

jeudi 16 octobre 2014

visuel-xl-merci-gueris

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Ce Fils unique « a été offert », non parce que ses ennemis ont prévalu, mais « parce que lui-même l’a voulu » (Is 53,10-11). « Il a aimé les siens ; il les a aimés jusqu’à la fin » (Jn 13,1). La fin, c’est la mort acceptée pour ceux qu’il aime ; voilà la fin de toute perfection, la fin de l’amour parfait, car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).

Cet amour du Christ a été plus puissant dans la mort du Christ que la haine de ses ennemis ; la haine a pu faire seulement ce que l’amour lui permettait. Judas, ou les ennemis du Christ, l’ont livré à la mort, par une haine méchante. Le Père a livré son Fils, et le Fils s’est livré lui-même par amour (Rm 8,32; Ga 2,20). L’amour n’est cependant pas coupable de trahison ; il est innocent, même quand le Christ en meurt. Car seul l’amour peut faire impunément ce qui lui plaît. Seul l’amour peut contraindre Dieu et comme lui commander. C’est lui qui l’a fait descendre du ciel et l’a mis en croix, lui qui a répandu le sang du Christ pour la rémission des péchés, en un acte aussi innocent que salutaire. Toute notre action de grâce pour le salut du monde est donc due à l’amour. Et il nous presse, par une logique contraignante, d’aimer le Christ autant que d’autres ont pu le haïr.

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Le Sacrement de l’autel, II, 1 ; SC 93 (trad. SC, p.171 rev.)

 

 

 

« Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »

mardi 6 mai 2014

30-je-suis-le-pain-de-vieLe Christ est « pain de la vie » pour ceux qui croient en lui : croire en Christ c’est manger le pain de vie, c’est posséder en soi le Christ, c’est posséder la vie éternelle…

« Je suis le pain de la vie, dit-il ; vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts » (Jn 6,48s). Par là il faut comprendre la mort spirituelle. Pourquoi sont-ils morts ? Parce qu’ils croyaient ce qu’ils voyaient ; ils ne comprenaient pas ce qu’ils ne voyaient pas… Moïse a mangé la manne, Aaron l’a mangée et bien d’autres aussi qui ont plu à Dieu et qui ne sont pas morts. Pourquoi ne sont-ils pas morts ? Parce qu’ils ont compris spirituellement, ils ont eu faim spirituellement, ils ont goûté spirituellement la manne pour être rassasiés spirituellement. « Voici le pain qui descend du ciel : celui qui en mange ne mourra pas » (v. 50).

Ce pain, c’est-à-dire le Christ lui-même qui parlait ainsi…, a été préfiguré par la manne, mais il peut plus que la manne. Car par elle-même la manne ne pouvait pas empêcher de mourir spirituellement… Mais les justes ont vu dans la manne le Christ, ils ont cru en sa venue, et le Christ, dont la manne était le symbole, donne à tous ceux qui croient en lui de ne pas mourir spirituellement. C’est pourquoi il dit : « C’est ici le pain descendu du ciel ; celui qui en mange ne mourra pas. » Ici sur la terre, ici maintenant, devant vos yeux, vos yeux de chair, ici se trouve « le pain descendu du ciel ». « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel » (v. 51). Le « pain de la vie » de tout à l’heure est appelé maintenant « pain vivant ». Pain vivant, parce qu’il possède en lui-même la vie qui demeure et parce qu’il peut délivrer de la mort spirituelle et donner la vie. D’abord il a dit : « Celui qui en mange ne mourra pas » ; maintenant il parle en clair de la vie qu’il donne : « Celui qui mange ce pain vivra éternellement » (v. 58).

Baudouin de Ford (?-v. 1190), abbé cistercien, puis évêque
Le Sacrement de l’autel II, 3 ; SC 93 (trad. SC p. 261 rev.)