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Archive pour le mot-clef ‘Isaac le Syrien’

« Je suis venu apporter un feu sur la terre ! »

jeudi 26 octobre 2017

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Fais-toi violence (cf Mt 11,12), efforce-toi d’imiter l’humilité du Christ, afin que s’allume toujours davantage le feu qu’il a jeté en toi, ce feu par lequel sont consumées toutes les impulsions de ce monde-ci qui détruisent l’homme nouveau et qui souillent les demeures du Seigneur saint et puissant. Car j’affirme avec saint Paul que « nous sommes le temple de Dieu » (2Co 6,16). Purifions donc son temple, « comme lui-même est pur » (1Jn 3,3), afin qu’il ait le désir d’y demeurer ; sanctifions-le, comme lui-même est saint (1P 1,16) ; ornons-le de toutes les œuvres bonnes et dignes.

Emplissons le temple du repos de sa volonté, comme d’un parfum, par la prière pure, la prière du cœur qu’il est impossible d’acquérir en se livrant aux impulsions continuelles de ce monde-ci. Ainsi la nuée de sa gloire couvrira ton âme, et la lumière de sa grandeur brillera dans ton cœur (cf 1R 8,10). Tous ceux qui demeurent dans la maison de Dieu seront emplis de joie et se réjouiront. Mais les insolents et les ignobles disparaîtront sous la flamme du Saint-Esprit.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n°2 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 66 rev)

 

 

 

« Gardez vos lampes allumées ! »

mardi 24 octobre 2017

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La prière offerte au temps de la nuit possède un grand pouvoir, plus que celle qui est offerte pendant le jour. C’est pourquoi tous les saints ont eu l’habitude de prier la nuit, combattant l’assoupissement du corps et la douceur du sommeil et dépassant leur nature corporelle. Le prophète disait lui aussi : « Je me suis fatigué à gémir ; chaque nuit, je baigne ma couche de mes larmes » (Ps 6,7) pendant qu’il soupirait du fond du cœur dans une prière passionnée. Et ailleurs : « Je me lève au milieu de la nuit pour te louer à cause de tes jugements, toi le Juste. » (Ps 118,62). Pour chacune des requêtes que les saints voulaient adresser à Dieu avec force, ils s’armaient de la prière pendant la nuit et aussitôt ils recevaient ce qu’ils demandaient.

Satan lui-même ne craint rien autant que la prière que l’on offre pendant les veilles. Même si elles s’accompagnent de distractions, elle ne revient pas sans fruit, à moins qu’on ne demande ce qui ne convient pas. C’est pourquoi il engage de sévères combats contre ceux qui veillent, afin de les détourner si possible de cette pratique, surtout s’ils se montrent persévérants. Mais ceux qui sont quelque peu fortifiés contre ses ruses pernicieuses et ont goûté les dons que Dieu accorde durant les veilles, et qui ont expérimenté personnellement la grandeur de l’aide que Dieu leur accorde, le méprisent complètement, lui et tous ses stratagèmes.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques (trad. Deseille, La fournaise de Babylone, Eds. Présence 1974, p. 90)

 

 

 

« Qui s’abaissera sera élevé. »

samedi 26 août 2017

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Il y a une humilité qui vient de la crainte de Dieu, et il y a une humilité qui vient de Dieu lui-même. Il y a celui qui est humble parce qu’il craint Dieu, et il y a celui qui est humble parce qu’il connaît la joie. L’un, celui qui est humble parce qu’il craint Dieu, reçoit la douceur dans son corps, l’équilibre des sens et un cœur brisé en tout temps. L’autre, celui qui est humble parce qu’il connaît la joie, reçoit une grande simplicité et un cœur dilaté que rien ne retient plus.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours 58, 1ère série (trad. Touraille, DDB 1981, p. 313)

 

 

 

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. »

vendredi 5 mai 2017

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L’Arbre de la vie est l’amour de Dieu. Adam l’a perdu dans sa chute et n’a plus jamais retrouvé la joie, mais il travaillait et peinait sur la terre pleine d’épines (Gn 3,18). Ceux qui se sont privés de l’amour de Dieu mangent dans leurs œuvres le pain de leur sueur (Gn 3,19), quand bien même ils marcheraient sur une voie droite ; c’est là le pain qu’il a été donné à la première créature de manger après la chute. Jusqu’à ce que nous trouvions l’amour, notre travail est là, sur la terre des épines… ; quelle que soit notre justice personnelle, c’est à la sueur de notre visage que nous vivons.

Mais quand nous avons trouvé l’amour, nous nous nourrissons du pain céleste, et nous sommes réconfortés en dehors de toute œuvre et de toute peine. Le pain céleste est le Christ, qui est descendu du ciel et a donné la vie au monde. Et telle est la nourriture des anges (Ps 77,25). Celui qui a trouvé l’amour se nourrit du Christ chaque jour et à toute heure, et il en devient immortel. Car il a dit : « Celui qui mange du pain que je lui donnerai ne verra jamais la mort. » Bienheureux est celui qui mange du pain de l’amour, qui est Jésus. Car celui qui se nourrit de l’amour se nourrit du Christ, le Dieu qui domine l’univers, ce dont Jean témoigne quand il dit : « Dieu est amour » (1Jn 4,8).

Donc celui qui vit dans l’amour reçoit de Dieu le fruit de la vie. Il respire dans ce monde l’air même de la résurrection, cet air dont les justes ressuscités font leurs délices. L’amour est le Royaume. C’est de lui que le Seigneur a mystérieusement ordonné à ses apôtres de se nourrir ; manger et boire à la table de mon Royaume (Lc 22,30), qu’est-ce d’autre que l’amour ? Car l’amour est capable de nourrir l’homme au lieu de tout aliment et de toute boisson. Tel est « le vin qui réjouit le cœur de l’homme » (Ps 104,16) ; bienheureux celui qui boit de ce vin.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 72 (trad. DDB 1981, p.366)

 

 

 

Premier dimanche de Carême

dimanche 5 mars 2017

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De même que le désir de la lumière suit les yeux sains, de même le désir de la prière suit le jeûne mené avec discernement. Quand un homme commence à jeûner, il désire communier à Dieu dans les pensées de son esprit. En effet le corps qui jeûne ne supporte pas de dormir toute la nuit sur sa couche. Quand le jeûne a scellé la bouche de l’homme, celui-ci médite en état de componction, son cœur prie, son visage est grave, les mauvaises pensées le quittent ; il est l’ennemi des convoitises et des vaines conversations. Jamais on n’a vu un homme jeûner avec discernement et être asservi au désir mauvais. Le jeûne mené avec discernement est une grande demeure abritant tout bien…

Car le jeûne est l’ordre qui a été donné dès le commencement à notre nature, pour la garder de manger le fruit de l’arbre (Gn 2,17), et c’est de là que vient ce qui nous trompe… C’est par là aussi que le Sauveur a commencé, quand il s’est révélé au monde dans le Jourdain. Après le baptême en effet, l’Esprit l’a mené dans le désert, où il a jeûné quarante jours et quarante nuits.

Tous ceux qui partent pour le suivre font désormais de même : c’est sur ce fondement qu’ils posent le commencement de leur combat, car cette arme a été forgée par Dieu… Et quand maintenant le diable voit cette arme dans la main d’un homme, cet adversaire et tyran se met à craindre. Il pense aussitôt à la défaite que lui a infligée le Sauveur dans le désert, il s’en souvient, et sa puissance est brisée. Il se consume dès qu’il voit l’arme que nous a donnée celui qui nous mène au combat. Quelle arme est plus puissante et ranime autant le cœur dans sa lutte contre les esprits du mal ?

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 85 (trad. DDB 1981, p. 424)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Je crois ! Viens au secours de mon incroyance. »

lundi 20 février 2017

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La foi est la porte des mystères. Ce que les yeux du corps sont pour les choses sensibles, la foi l’est pour les yeux cachés de l’âme. Comme nous avons deux yeux du corps, nous avons deux yeux spirituels de l’âme, disent les Pères, et chacun a sa propre vision. Par un œil nous voyons les secrets de la gloire de Dieu cachée dans les êtres de sa création, à savoir sa puissance, sa sagesse, et sa providence éternelle qui nous entoure et que nous comprenons quand nous considérons la grandeur du haut de laquelle il nous conduit. Par le même œil nous contemplons également les ordres célestes, les anges, nos compagnons de service (Ap 22,9).

Mais par l’autre œil nous contemplons la gloire de la sainte nature de Dieu, lorsqu’il veut bien nous faire entrer dans ses mystères spirituels et qu’il ouvre à notre intelligence l’océan de la foi.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, 72 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 365)

 

 

 

« Dieu, crée en moi un cœur pur. » (Ps 50,12)

mercredi 8 février 2017

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Il est dit que seule l’aide de Dieu sauve. Quand un homme sait qu’il n’a plus de secours, il prie beaucoup. Et plus il prie, plus son cœur se fait humble, car on ne peut pas prier et demander sans être humble. « Un cœur brisé et humilié, Dieu ne le méprisera pas » (Ps 50,19). Tant que le cœur ne s’est pas fait humble, il lui est impossible en effet d’échapper à la dispersion l’humilité recueille le cœur.

Quand l’homme s’est fait humble, aussitôt la compassion l’entoure, et son cœur sent alors le secours divin. Il découvre qu’une force monte en lui, la force de la confiance. Quand l’homme sent ainsi le secours de Dieu, quand il sent qu’il est là et qu’il vient à son aide, son cœur aussitôt est comblé de foi, et il comprend alors que la prière est le refuge du secours, la source du salut, le trésor de la confiance, le port dégagé de la tempête, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le soutien des faibles, l’abri au temps des épreuves, l’aide au plus fort de la maladie, le bouclier qui délivre dans les combats, la flèche lancée contre l’ennemi. En un mot la multitude des biens entre en lui par la prière. Il a donc ses délices désormais dans la prière de la foi. Son cœur rayonne de confiance.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours spirituels, 1ère série, n° 21 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 143)

 

 

Psaume 50

 

 

 

 

 

« Le règne de Dieu est au milieu de vous. »

jeudi 10 novembre 2016

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Les démons redoutent, mais Dieu et ses anges désirent l’homme qui cherche Dieu dans son cœur jour et nuit avec ferveur, et qui repousse loin de lui les agressions de l’ennemi. Le pays spirituel de cet homme pur en son âme est au-dedans de lui : le soleil qui brille en lui est la lumière de la Sainte Trinité ; l’air que respirent les pensées qui l’habitent est le Saint Esprit consolateur. Et les saints anges demeurent avec lui. Leur vie, leur joie, leur réjouissance sont le Christ, lumière de la lumière du Père. Un tel homme se réjouit à toute heure de la contemplation de son âme, et il s’émerveille de la beauté qu’il y voit, cent fois plus lumineuse que la splendeur du soleil.

C’est Jérusalem. Et c’est « le Royaume de Dieu caché au-dedans de nous », selon la parole du Seigneur. Ce pays est la nuée de la gloire de Dieu, où seuls entrerons les cœurs purs pour contempler la face de leur Maître (Mt 5,8), et leur entendement sera illuminé par les rayons de sa lumière.

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série (trad. DDB 1981 rev.)

 

 

 

« Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous chargez les autres de fardeaux impossibles. »

mercredi 12 octobre 2016

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La sobriété vigilante aide l’homme plus que les œuvres extérieures… Comment est-ce que quelqu’un pourrait vraiment dominer les désirs corporels –- le relâchement, la colère, la gourmandise –- et ne pas acquérir la douceur ? S’il s’exerce avec discernement, le détachement de tout, le refus du confort corporel et de l’opinion des autres suivent ; si, pour l’amour de Dieu, quelqu’un accueille avec diligence et joie le mal qu’on lui fait, il est pur en son cœur (Mt 5,8). Et s’il ne méprise personne, il est vraiment libre…

Ne nourris pas de haine pour le pécheur, car nous sommes tous coupables. Si, pour l’amour de Dieu, tu le blâmes, pleure sur lui. Pourquoi le haïrais-tu ? Ce sont ses péchés qu’il convient de haïr, tout en priant pour lui, si tu veux ressembler au Christ : loin de s’indigner contre les pécheurs, il priait pour eux (Lc 23,34)… Toi qui n’es qu’un homme, pourquoi mépriser le pécheur ? Est-ce parce qu’il lui manque ta vertu ? Mais où donc est ta vertu si tu manques de charité ?

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n°60

 

 

Marcher sur les eaux, traverser le feu

mardi 2 août 2016

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Le savoir intellectuel ne nous libère pas de la peur. Mais celui qui marche selon la foi est totalement libre ; en vrai enfant de Dieu, il peut user librement de chaque chose. Ceux qui sont épris d’amour pour cette foi usent comme Dieu lui-même de tous les éléments de la création, car la foi a le pouvoir de faire une créature nouvelle à la ressemblance de Dieu…

La connaissance intellectuelle ne peut rien faire sans une base matérielle ; elle n’a pas l’audace d’accomplir ce qui n’a pas été donné à la nature. Le corps ne peut pas marcher sur la surface des eaux ; ceux qui s’approchent du feu se brûlent. Dès lors la simple connaissance se tient sur ses gardes ; elle ne se laisse jamais aller au-delà des limites naturelles. Mais la foi a le pouvoir d’aller plus loin et dit : « Si tu passes à travers le feu, il ne te brûlera pas. Et les fleuves ne t’engloutiront pas » (Is 43,2). Souvent la foi accomplit de telles choses aux yeux de toute la création. S’il avait été donné à l’intellect d’essayer de faire les mêmes choses, il n’aurait jamais osé.

Par la foi beaucoup sont entrés dans les flammes…, ils ont traversé le feu sains et saufs, et ils ont marché sur la mer comme sur la terre ferme. Toutes ces choses étaient plus hautes que la nature et contraires aux modes de la simple connaissance intellectuelle. Elles ont montré combien celle-ci était vaine en toutes ses voies et toutes ses lois. Vois-tu comme l’intellect observe les conditions de la nature ? Et vois-tu comme la foi va son chemin en marchant plus haut que la nature ?

Isaac le Syrien (7e siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, n° 62 (trad. Touraille, DDB 1981, p. 331 rév)