ACCUEIL

Archive pour décembre 2020

« L’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. »

lundi 21 décembre 2020

Portant le Seigneur dans son sein, Marie partit en hâte chez Élisabeth. Lorsqu’il reconnut la salutation de Marie, l’enfant se réjouit aussitôt, bondissant d’allégresse comme pour chanter à la Mère de Dieu :

Réjouis-toi, bourgeon qui donne la fleur immortelle
Réjouis-toi, verger qui porte un fruit de vie
Réjouis-toi, jardin du Seigneur, ami des hommes (Sg 1,6)
Réjouis-toi, semis de la croissance de notre vie
Réjouis-toi, champ qui produis l’abondance du rachat
Réjouis-toi, table sainte de la réconciliation pour le péché
Réjouis-toi, car tu plantes pour nous un jardin de beauté
Réjouis-toi, car tu prépares pour nos âmes un havre de paix
Réjouis-toi, encens d’une offrande qui plaît à Dieu (Gn 8,21)
Réjouis-toi, en qui tout l’univers est réconcilié
Réjouis-toi, grâce de Dieu pour tous les hommes
Réjouis-toi, notre avocate auprès du Seigneur
Réjouis-toi, Épouse inépousée !

L’âme secouée par une tempête de pensées, Joseph le prudent se troubla profondément, car il connaissait ta virginité et te soupçonne maintenant, ô mère immaculée. Mais apprenant que ce qui avait été engendré en toi venait de l’Esprit Saint (Mt 1,20), il s’écria : « Alléluia, alléluia, alléluia ».

Les bergers, entendant les anges qui chantaient l’incarnation du Christ, coururent vers leur Bon Pasteur pour contempler l’Agneau nouveau-né reposant sur le sein de Marie. Ils exultèrent en chantant :

Réjouis-toi, mère de l’Agneau et du Bon Pasteur (Jn 1,29; 10,14)
Réjouis-toi, bercail des brebis rassemblées (Jn 10,16)
Réjouis-toi, protection contre les loups ravisseurs (v. 12)
Réjouis-toi, tu ouvres les portes du paradis
Réjouis-toi, puisque les cieux se réjouissent avec la terre (Lc 2,14)
Réjouis-toi, puisque les hommes exultent avec les anges
Réjouis-toi, tu donnes l’assurance à la parole des apôtres
Réjouis-toi, tu donnes la force au témoignage des martyrs
Réjouis-toi, colonne inébranlable qui soutiens notre foi
Réjouis-toi, tu sais la splendeur de la grâce
Réjouis-toi, par qui l’enfer est dépouillé
Réjouis-toi, par qui nous sommes revêtus de gloire
Réjouis-toi, Épouse inépousée ! (…)

Quand nous contemplons cet enfantement inhabituel, nous devenons étrangers à notre monde habituel et notre esprit se tourne vers les réalités d’en haut, car le Très-Haut s’est révélé aux hommes dans l’abaissement pour élever tous ceux qui lui chantent : « Alléluia, alléluia, alléluia ».

Liturgie byzantine

 

 

 

 

« Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »

dimanche 20 décembre 2020

« L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. » Ce qui est dit de la maison de David ne concerne pas seulement Joseph, mais aussi Marie. Car la Loi prescrivait que chacun devait épouser une femme de sa tribu et de sa famille, au témoignage de l’apôtre Paul, qui écrit à Timothée : « Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David : il est ressuscité d’entre les morts, voilà mon évangile » (2Tm 2,8). (…)

« Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. » Le trône de David désigne ici le pouvoir sur le peuple d’Israël, que David gouverna en son temps avec un zèle plein de foi (…). Ce peuple, que David dirigea par son pouvoir temporel, le Christ va l’entraîner par une grâce spirituelle vers le royaume éternel (…).

« Il régnera pour toujours sur la maison de Jacob. » La maison de Jacob désigne l’Église universelle qui, par la foi et le témoignage rendus au Christ, se rattache à la destinée des patriarches, soit chez ceux qui ont tiré leur origine charnelle de leur souche, soit chez ceux qui, nés charnellement d’une autre nation, sont renés dans le Christ, par le baptême dans l’Esprit. C’est sur cette maison de Jacob qu’il régnera éternellement : « et son règne n’aura pas de fin ». Oui, il règne sur elle dans la vie présente, lorsqu’il gouverne le cœur des élus où il habite, par leur foi et leur amour envers lui ; et il les gouverne par sa continuelle protection, pour leur faire parvenir les dons de la rétribution céleste ; il règne dans l’avenir, lorsque, une fois achevé l’état de l’exil temporel, il les introduit dans le séjour de la patrie céleste. Et là, ils se réjouissent de ce que sa présence visible leur rappelle continuellement qu’ils n’ont rien à faire d’autre que de chanter ses louanges.

Saint Bède le Vénérable (v. 673-735)

 

 

« Sois sans crainte, Zacharie, car ta supplication a été entendue. »

samedi 19 décembre 2020

C’est la prière et non le désir sexuel qui a fait concevoir Jean Baptiste. Le sein d’Élisabeth avait passé l’âge de donner la vie, son corps avait perdu l’espoir de concevoir ; malgré ces conditions de désespérance, la prière de Zacharie a permis à ce corps vieilli de germer encore : la grâce et non la nature a conçu Jean. Il ne pouvait être que saint, ce fils dont la naissance provient moins de l’étreinte que de la prière.

Cependant nous ne devons pas nous étonner que Jean ait mérité une naissance si glorieuse. La naissance du précurseur du Christ, de celui qui lui ouvre la voie, devait présenter une ressemblance avec celle du Seigneur notre Sauveur. Si donc le Seigneur est né d’une vierge, Jean a été conçu par une femme âgée et stérile. (…) Nous n’en admirons pas moins Élisabeth qui a conçu dans sa vieillesse, tout comme Marie a enfanté dans la virginité.

Il y a là, je pense, un symbole : Jean représentait l’Ancien Testament, il est né du sang déjà refroidi d’une vieille femme, tandis que le Seigneur, qui annonce la Bonne Nouvelle du Royaume des cieux, est le fruit d’une jeunesse pleine de sève. Marie, consciente de sa virginité, admire l’enfant lové dans ses entrailles. Élisabeth, consciente de sa vieillesse, rougit de son ventre alourdi par sa grossesse ; l’évangéliste dit, en effet : « Elle se tenait cachée cinq mois durant ». Il nous faut admirer aussi que le même archange Gabriel annonce les deux naissances : il apporte une consolation à Zacharie, qui reste incrédule ; il vient encourager Marie, qu’il trouve confiante (Lc 1,26s). Le premier, pour avoir douté, a perdu sa voix ; la deuxième, pour avoir cru aussitôt, a conçu le Verbe Sauveur.

Saint Maxime de Turin (?-v. 420)

 

 

« Elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. »

vendredi 18 décembre 2020

Le nom de Jésus est un nom divin que le Seigneur a fait connaître à Marie par la voix de l’archange Gabriel : « Tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1,31). Nom appelé pour ce motif « au-dessus de tout nom », « le seul nom par lequel nous devions être sauvés » (Ph 2,9; Ac 4,12). Ce grand nom est comparé par l’Esprit Saint à l’huile : « Ton nom est une huile qui s’épanche » (Ct 1,3). Pourquoi ? Parce que, explique saint Bernard, de même que l’huile est à la fois lumière, aliment et remède, ainsi le nom de Jésus est lumière pour notre esprit, aliment pour notre cœur, remède pour notre âme.

Lumière pour notre esprit : c’est l’éclat de ce nom qui a fait passer le monde des ténèbres de l’idolâtrie à la clarté de la foi. Nous sommes nés dans un pays dont les habitants, avant l’avènement du Sauveur, étaient tous païens ; nous le serions comme eux, s’il n’était pas venu nous éclairer. Combien donc ne devons-nous pas remercier Jésus Christ pour le don de la foi ! (…)

Aliment pour notre cœur : tel est encore le nom de Jésus. Il nous rappelle, en effet, toute l’œuvre douloureuse accomplie par Jésus pour nous sauver ; c’est ainsi qu’il nous console dans les tribulations, nous donne la force de marcher dans la voie du salut, ranime notre espérance et nous enflamme d’amour pour Dieu.

Remède, enfin, pour notre âme : le nom de Jésus la rend forte contre les tentations et les attaques de nos ennemis. Entendent-ils l’invocation de ce saint nom ? Les puissances des enfers tremblent et prennent la fuite ; c’est la parole de l’apôtre Paul : « afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et dans l’abîme » (Ph 2,10). Celui qui est tenté ne tombera pas s’il invoque Jésus : aussi longtemps qu’il l’invoquera, il persévérera et sera sauvé (cf Ps 17,4).

Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)

 

 

« Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham. »

jeudi 17 décembre 2020

Abraham, notre père dans la foi : La foi nous ouvre le chemin et accompagne nos pas dans l’histoire. C’est pourquoi, si nous voulons comprendre ce qu’est la foi, nous devons raconter son parcours, la route des hommes croyants, (…). Une place particulière revient à Abraham, notre père dans la foi. Dans sa vie se produit un fait bouleversant : Dieu lui adresse la Parole, il se révèle comme un Dieu qui parle et qui l’appelle par son nom. La foi est liée à l’écoute. Abraham ne voit pas Dieu, mais il entend sa voix. De cette façon la foi prend un caractère personnel. Dieu se trouve être ainsi non le Dieu d’un lieu, et pas même le Dieu lié à un temps sacré spécifique, mais le Dieu d’une personne, précisément « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » (Ex 3,6), capable d’entrer en contact avec l’homme et d’établir une alliance avec lui. La foi est la réponse à une parole qui interpelle personnellement, à un « Toi » qui nous appelle par notre nom.

Cette parole dite à Abraham est un appel et une promesse. Elle est avant tout appel à sortir de sa propre terre, invitation à s’ouvrir à une vie nouvelle, commencement d’un exode qui le conduit vers un avenir insoupçonné (Gn 12,1). La vision que la foi donnera à Abraham sera toujours jointe à ce pas en avant à accomplir. La foi « voit » dans la mesure où Abraham marche, où il entre dans l’espace ouvert par la parole de Dieu.

Cette parole contient en outre une promesse : « Ta descendance sera nombreuse, tu seras le père d’un grand peuple » (Gn 13,16; 15,5; 22,17). Il est vrai qu’en tant que réponse à une Parole qui précède, la foi d’Abraham sera toujours un acte de mémoire. Toutefois cette mémoire ne fixe pas dans le passé mais, étant mémoire d’une promesse, elle devient capable d’ouvrir vers l’avenir, d’éclairer les pas au long de la route. On voit ainsi comment la foi, en tant que mémoire de l’avenir, (…) est étroitement liée à l’espérance.

Pape François

 

 

 

« Es-tu celui qui doit venir ? »

mercredi 16 décembre 2020

Le Seigneur, sachant que sans l’Évangile personne ne peut avoir une foi plénière – car si la Bible commence par l’Ancien Testament, c’est dans le Nouveau qu’elle s’accomplit – n’éclaire pas les questions qu’on lui pose sur lui-même par des paroles, mais par ses actes. « Allez, dit-il, rapportez à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les lépreux sont purifiés, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » Ce témoignage est complet car c’est de lui qu’on avait prophétisé : « Le Seigneur délie les enchaînés ; le Seigneur rend la vue aux aveugles ; le Seigneur redresse les courbés (…) Le Seigneur règne pour les siècles » (Ps 145,7s). Ce sont les marques d’un pouvoir non pas humain mais divin. (…)

Pourtant ce ne sont encore là que les moindres exemples du témoignage apporté par le Christ. Ce qui fonde la plénitude de la foi, c’est la croix du Seigneur, sa mort, son ensevelissement. Et c’est pourquoi, après la réponse que nous avons citée, il dit encore : « Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ». En effet, la croix pouvait provoquer la chute des élus eux-mêmes, mais il n’y a pas de témoignage plus grand d’une personne divine, rien qui paraisse davantage dépasser les forces humaines, que cette offrande d’un seul pour le monde entier. Seulement par cela le Seigneur se révèle pleinement. D’ailleurs, c’est ainsi que Jean l’a désigné : « Voici l’Agneau de Dieu ; voici celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29).

Saint Ambroise (v. 340-397)

 

 

Se convertir aux appels de Jean Baptiste, qui prépare la voie du Seigneur

mardi 15 décembre 2020

C’est une joie pour moi, frères, d’évoquer avec vous cette voie du Seigneur (…) dont Isaïe fait un si bel éloge : « Il y aura (…) dans la terre aride et déserte, un chemin et une route (…) Cette route sera appelée voie sacrée » (Is 35,7-8), parce qu’elle est la sanctification des pécheurs et le salut de ceux qui sont perdus. (…)

« Aucun impur n’y passera. » Cher Isaïe, ceux qui sont impurs passeront donc par une autre voie ? Ah non ! Que tous viennent plutôt à cette route-ci, qu’ils y avancent ! C’est surtout pour les impurs que le Christ l’a tracée, lui qui « est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). (…) Alors l’impur va passer par la voie sacrée ? À Dieu ne plaise ! Aussi souillé qu’il soit en l’abordant, il ne le sera plus quand il y passera ; car dès qu’il y aura mis le pied, sa souillure disparaîtra. La voie sacrée, en effet, est ouverte à l’homme impur, mais dès qu’elle l’accueille, elle le purifie en effaçant tout le mal qu’il a commis. (…) Elle ne le laisse pas passer avec sa souillure, car elle est la « voie resserrée » et pour ainsi dire, le « trou d’aiguille » (Mt 7,14 ; 19,24). (…)

Si donc tu es déjà sur la route, ne t’en écarte pas ; sinon, le Seigneur te laisserait « errer dans la voie de ton propre cœur » (Is 57,17). (…) Si tu trouves la route trop étroite, considère le terme où elle te conduit. (…) Mais si ton regard ne va pas jusque-là, fais confiance à Isaïe, le voyant. Lui qui distinguait à la fois l’étroitesse et le terme de la route, il ajoutait : « Sur ce chemin marcheront les libérés, les rachetés du Seigneur ; ils arriveront à Sion avec des clameurs de joie. Un bonheur sans fin transfigurera leur visage. Ils obtiendront allégresse et joie. Douleurs et plainte prendront la fuite » (35,9-10).

Bienheureux Guerric d’Igny (v. 1080-1157)

 

 

Le témoin de Dieu

lundi 14 décembre 2020

Toute créature est faite pour rendre témoignage à Dieu puisque toute créature est comme une preuve de sa bonté. La grandeur de la création témoigne à sa manière de la force et de la toute-puissance divines, et sa beauté témoigne de la divine sagesse. Certains hommes reçoivent de Dieu une mission spéciale : ils rendent témoignage à Dieu non seulement à un point de vue naturel, par le fait qu’ils existent, mais bien plutôt de manière spirituelle, par leurs bonnes œuvres. (…) Cependant ceux qui, non contents de recevoir les dons divins et de bien agir par la grâce de Dieu, communiquent ces dons à d’autres par la parole, les encouragements et les exhortations, ceux-là sont plus spécialement encore des témoins de Dieu. Jean est un de ces témoins ; il est venu pour répandre les dons de Dieu et annoncer ses louanges.

Cette mission de Jean, ce rôle de témoin est d’une grandeur incomparable, car nul ne peut rendre témoignage à une réalité que dans la mesure où il y participe. Jésus disait : « Nous parlons de ce que nous savons et nous attestons ce que nous avons vu » (Jn 3,11). Rendre témoignage à la vérité divine, cela suppose que l’on connaît cette vérité. C’est pourquoi le Christ, lui aussi, a eu ce rôle de témoin. « Je suis venu en ce monde et je suis né pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18,37). Mais le Christ et Jean avaient ce rôle de manière différente. Le Christ possédait cette lumière en lui-même ; bien plus, il était cette lumière ; tandis que Jean y participait seulement. C’est pourquoi le Christ rend un témoignage complet, il manifeste parfaitement la vérité. Jean et les autres saints ne le font que dans la mesure où ils reçoivent cette vérité.

Mission sublime de Jean : elle implique sa participation à la lumière de Dieu et sa ressemblance avec le Christ qui s’est acquitté, lui aussi, de cette mission.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

 

 

« Il est venu pour rendre témoignage à la Lumière. »

dimanche 13 décembre 2020

Comment le Christ est-il venu ? Il est apparu en homme. Parce qu’il était homme à ce point que Dieu était caché en lui, un homme remarquable a été envoyé devant lui pour faire reconnaître qu’il était plus qu’un homme, lui, le Christ. (…) Qui était-il, celui qui devait ainsi rendre témoignage à la Lumière ? Un être remarquable, ce Jean, un homme d’un haut mérite, d’une grâce éminente, d’une grande élévation. Admire-le, mais comme on admire une montagne : la montagne reste dans les ténèbres tant que la lumière ne vient pas l’envelopper : « Cet homme n’était pas la Lumière ». Ne prends pas la montagne pour la lumière ; ne va pas te briser contre elle, bien loin d’y trouver du secours.

Et que faut-il admirer alors ? La montagne, mais comme montagne. Élève-toi jusqu’à celui qui éclaire cette montagne qui est dressée pour recevoir, la première, les rayons du soleil, afin de les renvoyer à tes yeux. (…) De nos yeux, on dit aussi qu’ils sont des lumières ; et pourtant si on n’allume pas de lampe la nuit ou si le soleil ne se lève pas durant le jour, nos yeux s’ouvrent en vain. Jean lui-même était ténèbres avant d’être illuminé ; il n’est devenu lumière que par cette illumination. S’il n’avait pas reçu les rayons de la Lumière, il serait demeuré ténèbres comme les autres. (…)

Et la Lumière elle-même, où est-elle ? « la Lumière véritable qui illumine tout homme en venant dans ce monde » ? (Jn 1,9) S’il illumine tout homme, il illuminait aussi Jean, par qui il voulait être manifesté. (…) Il venait pour des intelligences infirmes, pour des cœurs blessés, pour des âmes aux yeux malades (…), des gens incapables de le voir directement. Il a couvert Jean de ses rayons. En proclamant qu’il avait été lui-même illuminé, Jean a fait connaître Celui qui illumine, Celui qui éclaire, Celui qui est la source de tout don.

Saint Augustin (354-430)

 

 

 

Le Nouvel Élie

samedi 12 décembre 2020

Point final de l’Ancien Testament, le baptême est aussi le début du Nouveau. En effet, il eut pour promoteur Jean le Baptiste, « qu’aucun enfant de la femme ne surpassait » (Mt 11,11). Jean achevait la série des prophètes, « car tous les prophètes ainsi que la Loi ont parlé jusqu’à Jean » (Mt 11,13). Et il ouvre l’ère de l’Évangile, comme il est écrit : « Commencement de l’Évangile de Jésus Christ (…) Jean parut au désert, proclamant un baptême » (Mc 1, 1.4).

Lui opposerais-tu Élie le Thisbite qui a été enlevé au ciel ? Il n’est pourtant pas supérieur à Jean. Énoch a été transporté au ciel, mais il n’est pas plus grand que Jean. Moïse a été un très grand législateur en Israël. Tous les prophètes ont été admirables, mais ils n’étaient pas plus grands que Jean. Il ne s’agit pas de comparer prophètes à prophètes ; mais leur Maître, notre Maître, le Seigneur Jésus a déclaré : « Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste » (Mt 11,11). La comparaison est établie entre le grand serviteur et ses compagnons de service, mais la supériorité et la grâce du Fils en face des serviteurs ne souffre pas de comparaison.

Vois-tu donc quel homme Dieu a choisi comme premier bénéficiaire de cette grâce ? Un pauvre, un ami du désert, sans être pour autant un ennemi des hommes. En mangeant des sauterelles, il donnait des ailes à son âme. Nourri de miel, il prononçait des paroles plus douces et plus utiles que le miel. Portant un vêtement de poils de chameau, il montrait en sa personne l’exemple de l’effort. C’est que dès le sein de sa mère, il avait été sanctifié par l’Esprit Saint (Lc 1,15). Jérémie avait été sanctifié, mais il n’avait pas prophétisé dès le sein maternel. Seul Jean, dans la prison du sein de sa mère, a tressailli de joie (Lc 1,44) ; sans voir encore de ses yeux de chair, sous l’action de l’Esprit, il a reconnu le Maître. La grandeur de la grâce du baptême exigeait un grand chef de file.

Saint Cyrille de Jérusalem (313-350)